Aéroport de Kleiate: un an pour sa réouverture?
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Le Premier ministre Nawaf Salam a annoncé, lors de sa visite mardi sur le site de l’aéroport de Kleaite, situé au Akkar, dans le nord du Liban, qu’une remise en service de cette installation pourrait être réalisée dans un délai d’un an.

Cette annonce a suscité des interrogations, notamment en raison de la brièveté de ce délai, des modalités de l'adjudication des travaux et du processus de financement du projet. D’autant plus que M. Salam a souligné l'importance stratégique de l’aéroport pour le développement du nord du Liban.

Ce n'est pas la première fois que l'aménagement de l’aéroport de Kleaite est mentionné dans une déclaration ministérielle. Le projet avait déjà été évoqué sous le gouvernement de Najib Mikati (2011-2015).

Sajih Attiyeh, député du Akkar et président de la commission parlementaire des Travaux publics et de l’Énergie, a déclaré à Ici Beyrouth qu'une “décision politique sérieuse” avait été prise concernant ce projet, après des discussions avec le Premier ministre et ses collaborateurs. Selon lui, un plan directeur préliminaire a déjà été confié au consultant Dar al-Handasah, qui s'engage à le livrer dans les trois mois à venir.

Concernant le délai de réouverture, M. Attiyeh estime qu’il est réaliste, parce que durant la première phase, l’aéroport sera principalement dédié aux vols cargo, aux compagnies aériennes low cost (à bas prix) et à une flotte de petits avions assurant le transport de passagers en transit vers la Syrie. “L’infrastructure nécessitera peu de travaux de rénovation dans un premier temps, car l’aéroport de Kleaite a déjà servi de base aérienne pour des vols militaires et civils entre 1988 et 1990, sous l’impulsion de l’ancien Premier ministre Rachid Karamé”, a-t-il expliqué.

Le budget initial pour la phase de lancement est estimé à environ 30 millions de dollars. M. Attiyeh a également souligné les retombées économiques potentielles de l’aéroport pour les deux millions d’habitants du Liban-Nord et du Hermel.

Le financement et le recours au PPP

L'avocat Majd Harb, qui a travaillé sur les aspects juridiques du projet, partage l'avis du député concernant le réalisme du délai d’un an pour une réouverture préliminaire. Selon M. Harb, ce qui pourrait retarder la remise en service de l’aéroport n’est pas tant le manque d'études de faisabilité, mais plutôt le financement du projet. Bien que la loi sur le financement via un partenariat public-privé (PPP), incluant le modèle Construire, “Exploiter, Transférer” (BOT pour Build, Operate, Transfer), soit déjà en place, elle n’est pas encore en vigueur en raison de l'absence de décrets d’application. “Cette procédure ne coûtera rien à l’État”, a-t-il précisé. Cependant, il a ajouté que le recours aux mécanismes d'appel d'offres et d’adjudication pourrait entraîner des délais supplémentaires et des coûts pour l'État.

M. Harb a également souligné l’importance de ne pas négliger la mise à niveau des infrastructures des aéroports de Hamat (Batroun) et Rayak (Békaa), qui, selon lui, pourraient jouer un rôle clé dans le développement économique de ces deux régions.

Étude de faisabilité et impact économique

Pour l’économiste Mohammad Chamseddine, une étude de faisabilité rigoureuse reste essentielle pour évaluer le potentiel économique de l’aéroport de Kleaite. Il s’agit notamment de déterminer la part du trafic aérien que l’aéroport pourrait capter, le nombre de passagers supplémentaires qu’il pourrait attirer, en particulier en provenance de Syrie, ainsi que le nombre d’habitants du nord du Liban qui utilisent actuellement l’aéroport de Beyrouth. Selon lui, il est également crucial de définir le seuil minimum de passagers nécessaire pour assurer la rentabilité du projet.

Toutes ces questions doivent recevoir des réponses précises afin de garantir que le projet ait un véritable impact économique et de développement pour une région qui souffre de l’insuffisance d’infrastructures de base, notamment en ce qui concerne les routes menant à l’aéroport.

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