
L'armée israélienne a lancé dimanche une offensive dans le sud de la bande de Gaza et poursuivi ses opérations ailleurs dans le territoire palestinien, cinq jours après avoir rompu le cessez-le-feu avec le Hamas.
Depuis la reprise des opérations militaires israéliennes le 18 mars, au moins 673 Palestiniens ont été tués dans la bande de Gaza assiégée et dévastée, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste palestinien Hamas.
Dans le même temps, Israël a repris ses frappes meurtrières contre le Hezbollah pro-iranien au Liban voisin, et a intercepté un nouveau missile tiré par les rebelles houthis du Yémen en direction de son territoire.
Sur des affichettes larguées par drone à Rafah, dans le sud de Gaza, l'armée israélienne a lancé un appel à évacuer le quartier de Tel al-Sultan, avant de l'encercler et d'y frapper, selon elle, "des organisations terroristes".
Emportant quelques affaires, des familles palestiniennes, plusieurs fois déplacées par la guerre, ont été contraintes de nouveau à fuir la ville, à pied ou à bord de charrettes tirées par des ânes.
"Ils ont tiré sur nous toute la nuit et nous ont ordonnés de partir au matin. Puis ils nous ont tiré dessus dans la rue", a raconté Aïda Abou Shahir, une déplacée, en fuyant Rafah.
"J'ai perdu la trace de ma fille, de son mari et de leurs enfants dans la rue, et je ne sais plus où ils sont. Que Dieu ait pitié de nous", s'exclame-t-elle.
L'armée a aussi dit avoir lancé des opérations à Beit Hanoun, dans le nord du territoire, durant lesquelles "des avions de combat ont frappé plusieurs cibles du Hamas".
Ni eau ni électricité
Après des semaines de désaccord avec le Hamas sur la façon de poursuivre la trêve, Israël a rompu celle-ci le 18 mars avec des bombardements massifs sur Gaza suivis d'opérations terrestres, afin de forcer le mouvement palestinien à rendre les 58 otages israéliens qu'il détient encore.
L'accord de trêve arraché par les médiateurs après des mois de tractations difficiles était entré en vigueur le 19 janvier après 15 mois d'une guerre dévastatrice à Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.
Sur les 251 otages enlevés lors de l'attaque du Hamas, 58 sont toujours retenus dans la bande de Gaza, dont 34 sont morts, selon l'armée israélienne.
L'offensive de représailles lancée par Israël a fait au total 50.021 morts à Gaza, majoritairement des civils, selon un bilan annoncé dimanche par le ministère de la Santé du Hamas, dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU.
La Défense civile, principale organisation de secours de Gaza, a aussi fait état de plus de 50.000 morts.
Du côté israélien, l'attaque du Hamas a entraîné la mort de 1.218 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.
Pour faire pression sur le Hamas, Israël avait coupé l'entrée de l'aide humanitaire le 2 mars, puis cessé de fournir en électricité la principale station de dessalement d'eau, aggravant une situation déjà catastrophique pour les 2,4 millions d'habitants de Gaza assiégés par Israël depuis plus de 17 mois.
Frappes au Liban
L'armée israélienne a en outre confirmé avoir "éliminé" samedi un haut responsable du Hamas, Salah al-Bardawil, avec sa femme dans la région de Khan Younès (sud de Gaza). Sa mort a été confirmée par le Hamas.
Il s'agit du troisième membre du bureau politique du Hamas tué depuis le 18 mars.
Le pape François a exigé dimanche la fin "immédiate" des frappes israéliennes, à la veille d'une visite de la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas en Israël et dans les territoires palestiniens.
Sur le front nord, l'armée israélienne a poursuivi ses frappes dimanche dans le sud du Liban voisin, où elle a affirmé avoir tué un membre du Hezbollah.
La veille, Israël a mené des raids intenses contre des cibles du Hezbollah libanais en riposte à l'interception de roquettes tirées depuis le Liban. Le Hezbollah a nié sa responsabilité dans les tirs de roquettes.
Cette escalade est la plus violente depuis le début, le 27 novembre, du cessez-le-feu qui a mis fin à la guerre entre l'armée israélienne et le Hezbollah, un allié du Hamas.
"On a entendu une puissante frappe. Cela nous a rappelé les moments difficiles de la guerre dans le sud, notamment à Tyr. Les gens ont peur que la situation n'empire davantage", a déclaré Qassem Istanbouli, un habitant de Tyr.
AFP
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