
L'hiver 2025 au Liban s'est montré particulièrement sec, avec des précipitations bien en deçà des normales saisonnières. Un phénomène climatique préoccupant qui commence à avoir de lourdes conséquences sur plusieurs secteurs vitaux du pays. Si l'on parle souvent des crises économiques et politiques qui secouent le Liban, l'impact de cet hiver sec sur l'économie, l'agriculture, l'écosystème et la santé est tout aussi dramatique.
Cette année, le Liban a connu un hiver particulièrement sec, avec des précipitations en baisse de 70% par rapport aux années précédentes. Cette sécheresse prolongée entraîne des conséquences dramatiques sur plusieurs secteurs vitaux du pays. L’agriculture, l'approvisionnement en eau, l’énergie, et même la santé publique sont tous menacés par ce manque de précipitations. Les effets de cette sécheresse se font de plus en plus ressentir.
L’augmentation des coûts liés à la gestion de l’eau et la nécessité d'importer des ressources extérieures viennent alourdir les dépenses publiques et privées. L'impact sur l'économie libanaise pourrait devenir encore plus significatif si la situation persiste. En effet, des études préparées par le ministère de l’Environnement montrent que le changement climatique pourrait entraîner une baisse de 14% du PIB d'ici à 2040, et une nouvelle baisse de 32% d'ici à 2080.
Le Liban a toujours été un pays où l'hiver, bien que court, apportait des pluies abondantes, alimentant les nappes phréatiques et les réservoirs d’eau nécessaires à l'agriculture et à la production d'énergie. Cependant, le phénomène climatique exceptionnel, cette année, exacerbe les difficultés déjà présentes.
L'agriculture libanaise, déjà fragile en raison de la crise économique et de la dernière guerre, souffre énormément de cette sécheresse. Les cultures de blé, de légumes et de fruits, qui dépendent des ressources en eau, risquent de connaître des rendements dramatiquement faibles. “Cette situation pourrait entraîner une réduction significative de la production locale dans les mois à venir”, affirme à Ici Beyrouth un expert agricole. “De plus, le manque de pluie rend difficile l’irrigation naturelle des terres agricoles, obligeant les agriculteurs à recourir à des méthodes plus coûteuses, comme l'irrigation artificielle”, poursuit-il.
Les offices des eaux des différentes régions ont mis en place un rationnement très sévère. Par conséquent, les fermiers et les agriculteurs sont contraints d'acheter de l'eau, ce qui s’avère coûteux et qui met en péril leur activité économique.
D’autres problèmes émergent. “Les dégâts aux récoltes sont aggravés par la sécheresse qui défertilise les sols et les rend plus vulnérables aux maladies”, explique l’expert.
La sécheresse met également à mal les élevages, parce que l'herbe est rare et l'accès à l'eau devient de plus en plus limité. Cette situation va entraîner une hausse des prix des produits locaux et une dépendance accrue aux importations.
Une autre conséquence directe de la sécheresse est la réduction drastique, voire l’arrêt total, de la production des centrales hydroélectriques qui dépendent des cours d'eau pour produire de l'électricité. L'Office national du Litani a déjà signalé l’arrêt, depuis le 17 mars, de la production d'énergie hydroélectrique en raison du faible niveau d'eau dans les réservoirs. Cette situation amplifie la crise énergétique déjà existante, avec des coupures d'électricité plus fréquentes et de plus en plus longues. Elle renforce la dépendance aux générateurs privés, dont le coût est devenu insoutenable pour de nombreux Libanais et exacerbe ainsi les émissions de gaz à effet de serre.
Les écosystèmes libanais, déjà fragiles, ne sont pas épargnés par ce climat anormalement sec. Le manque d’eau perturbe l'équilibre naturel des forêts, des rivières et des zones humides, mettant en danger les espèces animales et végétales qui y prospèrent. Les forêts de cèdres, emblématiques du Liban, se trouvent particulièrement menacées par la baisse des niveaux d'humidité.
En outre, l'absence de pluie a un effet dévastateur sur la biodiversité. Les arbres, les plantes et les cultures perdent leur capacité à se régénérer, et certains écosystèmes aquatiques risquent de s’assécher, menaçant les poissons et autres espèces qui en dépendent. Cette perturbation pourrait entraîner des pertes irréversibles pour la faune et la flore du pays. Les rivières et les lacs du pays, essentiels pour la biodiversité et la régulation de l’eau, sont à des niveaux historiquement bas. De plus, la baisse des niveaux d’eau dans les réservoirs et les nappes phréatiques pourrait causer un assèchement des sols, entraînant une désertification progressive de certaines régions.
“L’inefficacité des politiques de gestion des ressources en eau et le manque d’infrastructures de stockage d'eau aggravent la situation. La gestion préventive des ressources hydriques semble plus urgente que jamais pour éviter une crise encore plus profonde à l’avenir”, indique l’expert.
La sécheresse prolongée pose également des risques pour la santé publique. Le manque d'eau affecte la qualité de l’eau potable, ce qui pourrait entraîner une contamination des réserves d'eau existantes et, par conséquent, une augmentation des maladies liées à l’eau. Les maladies gastro-intestinales, par exemple, pourraient se multiplier, en particulier dans les zones où l'approvisionnement en eau est irrégulier. De plus, la sécheresse a tendance à exacerber les vagues de chaleur, augmentant le risque de maladies liées à la chaleur. Les maladies respiratoires, en raison de la pollution accrue, pourraient également se multiplier, notamment pendant les mois d'été. Sans oublier que la rareté de l'eau impacte directement les conditions d'hygiène des classes les plus défavorisées.
L'hiver sec est un signe alarmant des défis environnementaux, économiques et sanitaires croissants auxquels le Liban doit faire face. Cette crise met en évidence l'urgence d'une gestion plus efficace des ressources en eau et d'une adaptation aux changements climatiques.
Commentaires