
L'ONU a averti vendredi que le million d'enfants se trouvant dans la bande de Gaza était soumis à un "traumatisme massif" par la reprise des combats dans ce territoire ravagé par la guerre et en proie à une crise humanitaire.
Après plusieurs semaines de blocage dans les discussions indirectes entre Israël et le Hamas sur la suite à donner à la trêve entrée en vigueur le 19 janvier, Israël a repris les hostilités à grande échelle dans la nuit de lundi à mardi.
Sam Rose, directeur adjoint de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), a souligné qu'il s'agissait d'un choc psychologique supplémentaire pour les enfants.
C'est un "traumatisme massif pour le million d'enfants" dans le territoire palestinien, a-t-il déclaré aux journalistes à Genève, en s'exprimant depuis Gaza.
La bande de Gaza est dévastée par la guerre déclenchée il y a plus de 17 mois après l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien, le 7 octobre 2023, sur le sol israélien.
"C'est pire cette fois-ci", a averti M. Rose, "car les gens sont déjà épuisés, leur système immunitaire et leur santé mentale sont déjà affaiblis, et les populations sont au bord de la famine".
Avec la trêve, les enfants étaient retournés à l'école mais ils "sont maintenant de retour dans les tentes" et "entendent constamment les bombardements", a-t-il ajouté.
"La peur s'ajoute à la peur, la cruauté s'ajoute à la cruauté et la tragédie s'ajoute à la tragédie", a-t-il dénoncé.
"cauchemar"
Lors du point de presse, James Elder, porte-parole de l'Unicef, a expliqué que les enfants qui avaient vécu un traumatisme ne commençaient habituellement pas à y faire face avant de retrouver une certaine normalité dans leur quotidien.
"Les psychologues diraient que leur pire cauchemar est qu'ils (les enfants) rentrent chez eux et que tout recommence", a-t-il déclaré, assurant que Gaza était le seul "exemple dans l'histoire moderne où tous les enfants d'une population ont besoin d'un soutien en santé mentale".
La Défense civile de la bande de Gaza a indiqué jeudi que 504 personnes au moins avaient été tuées depuis la reprise des frappes de l'armée israélienne sur ce territoire palestinien, mardi ayant été l'une des journées les plus meurtrières depuis le 7 octobre 2023.
Les humanitaires ont également payé un lourd tribut cette semaine : sept membres du personnel de l'UNRWA ont été tués depuis la rupture du cessez-le-feu, ce qui porte à 284 le nombre total de membres de l'équipe de cette agence de l'ONU tués depuis le 7 octobre.
Un employé bulgare d'une autre agence de l'ONU a également été tué ainsi qu'un membre de Médecins sans frontières (MSF), a indiqué vendredi l'ONG, précisant qu'il s'agissait du 10e depuis le début de la guerre.
"Pénurie massive"
Déterminé à forcer le Hamas à accepter de nouvelles libérations d'otages à ses conditions, Israël a bloqué le passage de l'aide humanitaire à destination de Gaza le 2 mars, puis la fourniture d'électricité pour la principale station de dessalement d'eau du territoire.
"Nous avons pu acheminer plus de matériel au cours des six semaines du cessez-le-feu qu'au cours des six mois précédents", a indiqué M. Rose, selon qui il n'y a désormais plus que six jours de réserves de farine.
Un porte-parole du gouvernement israélien a affirmé début mars que le Hamas avait "amassé pour des mois et des mois de provisions". Israël a souvent accusé le Hamas de détourner l'aide humanitaire internationale destinée à la population.
M. Rose a affirmé n'avoir "vu aucune preuve" étayant ces accusations et comme "aucune aide n'est distribuée en ce moment, il n'y a donc rien à voler".
Mais il craint des pillages si l'aide n'est pas rétablie.
M. Elder a lui aussi déploré le blocage de l'aide : "Nous avons 180 000 doses de vaccins à quelques kilomètres de là".
Il a également fait état d'une "pénurie massive" de couveuses alors que les naissances prématurées se multiplient. "Nous en avons des dizaines, toujours de l'autre côté de la frontière", bloquées, tout comme des ventilateurs pour bébé, a-t-il déclaré.
Par Nina LARSON, AFP
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