
Face à l’engorgement quotidien de ses rues, Beyrouth doit relever un défi majeur avec la congestion du trafic. Pour améliorer la mobilité dans la capitale, des solutions urgentes sont nécessaires, comme la modernisation du transport public, l’optimisation de la gestion du trafic et une réorganisation de l’urbanisme pour limiter la dépendance à la voiture. Ces réformes permettraient à la ville d’offrir à ses habitants un cadre de vie plus fluide et agréable.
Imaginez un matin à Beyrouth sans embouteillages interminables, où les bus sont ponctuels, les piétons circulent en sécurité sur des trottoirs adaptés et le vélo devient une alternative pratique. Un rêve encore loin de devenir réalité: aujourd’hui, la ville suffoque sous un trafic chaotique qui complique le quotidien des habitants.
Pourtant, des solutions existent pour fluidifier la circulation, améliorer les transports publics et repenser l’urbanisme, afin de limiter l’afflux de voitures en ville. Avec des réformes adaptées, Beyrouth pourrait retrouver une mobilité plus fluide et une meilleure qualité de vie.
Actions immédiates
Interrogée par Ici Beyrouth, Farah Homsi, maître de conférences au département de génie civil et environnement de l’École supérieure d'ingénieurs de Beyrouth (Esib) de l’Université Saint-Joseph, aborde l'impact des embouteillages dans la capitale et les solutions urgentes à adopter. Selon elle, “la congestion du trafic est devenue un problème structurel qu’il faut résoudre rapidement”.
Mme Homsi estime que la modernisation des transports en commun est essentielle pour désengorger la ville. “Il est indispensable de réorganiser le réseau de bus, d'augmenter leur fréquence et de structurer davantage les lignes pour rendre le transport public plus accessible et attractif”, précise-t-elle.
Mme Homsi souligne également l’importance d’optimiser la gestion du trafic. “La synchronisation des feux de circulation et la réorganisation des intersections congestionnées sont des mesures cruciales pour améliorer la fluidité du trafic”, ajoute-t-elle.
Enfin, le covoiturage représente une autre solution efficace. En partageant leurs trajets, les conducteurs pourraient réduire le nombre de véhicules sur la route, allégeant ainsi la circulation et diminuant les coûts de transport.
Réinventer les transports à Beyrouth
“Il est essentiel d’avoir un réseau de bus fiable, avec des fréquences élevées et des itinéraires clairs, couvrant toute la ville, y compris les quartiers périphériques”, explique Mme Homsi. Cette réorganisation permettrait de rendre le service plus efficace et accessible.
Elle souligne également la nécessité de garantir la ponctualité des bus. “Les horaires doivent être bien définis, et un système de suivi en temps réel doit être mis en place pour que les usagers puissent consulter les départs en direct”, précise-t-elle, ce qui offrirait plus de flexibilité et de prévisibilité.
La propreté des véhicules et des stations est un autre point clé. “Un environnement propre dans les véhicules et les stations est essentiel pour attirer et satisfaire les passagers”, indique-t-elle.
Enfin, la modernisation des infrastructures, comme des stations accessibles et une billettique numérique, est nécessaire. “L'intégration de technologies pour gérer les trajets et la communication en temps réel rendrait le service plus fluide et efficace”, conclut-elle.
Transformer la ville pour moins de congestion
Le développement non planifié à Beyrouth, avec peu de passages piétons et de parkings publics, entraîne une dépendance excessive à la voiture. Mme Homsi explique qu’“un urbanisme réfléchi peut réduire cette dépendance en facilitant l'accès à d'autres modes de transport”.
Une planification efficace, avec des quartiers mixtes où commerces, services et zones résidentielles sont proches, réduirait les déplacements en voiture. Selon elle, “les quartiers mixtes favorisent la mobilité douce et réduisent la congestion”.
Il est essentiel de dimensionner les infrastructures routières pour anticiper la croissance démographique et l’évolution du trafic. “Les infrastructures doivent être adaptées aux besoins futurs”, souligne Mme Homsi.
Une gestion optimisée des parkings et des espaces publics pourrait libérer de la place pour les transports publics et les piétons, allégeant ainsi la pression sur les routes.
Réformes bloquées
Le principal obstacle à la réduction des embouteillages à Beyrouth est le manque de financement. “L’instabilité économique empêche d’allouer les fonds nécessaires aux projets d’infrastructure”, souligne l’experte. Cela freine les investissements dans le transport public et l'aménagement urbain, essentiels pour améliorer la circulation.
Un autre frein majeur est l'absence de planification stratégique. “Le manque de cohérence dans la planification urbaine empêche de créer un réseau de transport intégré”, affirme-t-elle. Sans une vision globale, les projets restent isolés, ce qui limite leur efficacité à long terme.
La lenteur administrative et la résistance au changement compliquent également les réformes. “Les intérêts à court terme et la bureaucratie retardent l’adoption de solutions efficaces”, explique-t-elle. Ces obstacles ralentissent l'avancée de projets nécessaires pour désengorger les routes.
Enfin, la préférence pour la voiture individuelle reste un obstacle culturel. “Il faut changer les mentalités pour encourager l’utilisation du transport public”, conclut Mme Homsi. Cette culture de la voiture rend difficile l’adoption de solutions alternatives comme les transports en commun et la mobilité douce, indispensables pour réduire les embouteillages.
Pour que Beyrouth respire à nouveau, il est impératif de réinventer ses transports et son urbanisme. L'heure est venue de repenser la mobilité et de créer une ville plus fluide et plus vivable pour tous.
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