Les ambitions de Total dictées par la politique 
©Ici Beyrouth

Lors de sa visite en France le 28 mars, le président Joseph Aoun remettra sur la table avec son homologue, Emmanuel Macron, la question du retour de TotalEnergies au Liban. Déjà en janvier, il avait sollicité l’appui du président français, mais le dossier est resté bloqué, sans aucune avancée.

Pour les observateurs du secteur pétrolier et gazier au Liban, TotalEnergies ne semble pas réellement intéressée par de nouvelles prospections dans le pays ni par le forage d’un troisième puits à court terme. Selon eux, sa présence visait essentiellement à assurer une couverture aux activités d’Israël dans ses propres champs maritimes, car sans un projet parallèle au Liban, il aurait été risqué pour les compagnies d’opérer en toute sécurité en Israël face aux menaces du Hezbollah.

En outre, le calendrier des opérations de Total au Liban renforce ces soupçons. Le forage dans le bloc 4 a eu lieu juste après l'accord qui a porté Michel Aoun à la présidence, et l’entreprise n’a rejoint le premier cycle de licences qu’au dernier moment. De même, son forage dans le bloc 9 a suivi la signature de l’accord sur la délimitation des frontières maritimes en octobre 2022. Cette séquence a permis à Israël d’achever l’exploitation du champ de Karich et d’entamer ses exportations. Un autre indice révélateur: Total refuse toujours de transmettre aux autorités libanaises son rapport sur le forage dans le bloc 9.

Total a d’ailleurs signalé à l’Autorité de régulation du secteur pétrolier qu’elle n’était plus intéressée par le bloc 9 et pourrait se tourner vers le bloc 8, qui nécessite encore des études sismiques. Mais dans le meilleur des cas, aucun forage n’y serait envisagé avant au moins trois ans.

Face à ce constat, les experts du secteur appellent le nouveau gouvernement à assouplir les critères d’attribution des licences pour ne plus les réserver aux grandes compagnies, qui, de toute façon, ne montrent aucun intérêt pour le Liban. Aucune d’entre elles ne s’est d’ailleurs portée candidate pour le troisième cycle d’attribution, qui expire le 31 mars et devrait être prolongé jusqu’à fin novembre.

Ils préconisent également de lancer sans attendre l’exploration terrestre: un forage en mer coûte 120 millions de dollars, contre seulement 7 millions sur terre. Autrement dit, pour le prix d’un seul puits offshore, il serait possible d’en forer 17 à terre. Avec de tels coûts réduits, même des réserves modestes pourraient rapporter au Liban des revenus bienvenus.

 

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