Syrie: les pays donateurs s'engagent sur une aide de 5,8 milliards d'euros
Des représentants attendent la conférence IX de Bruxelles "Solidarité avec la Syrie: répondre aux besoins pour une transition réussie", au bâtiment Europa à Bruxelles, le 17 mars 2025. ©Nicolas Tucat / AFP

Une conférence de pays donateurs s'est engagée lundi à fournir 5,8 milliards d'euros d'aide à la reconstruction de la Syrie, moins que son engagement précédent, faute de l'apport des États-Unis.

Cette neuvième édition a accueilli pour la première fois des représentants des autorités en place à Damas, après la prise du pouvoir par une coalition dirigée par Ahmad al-Chareh qui a mis fin à plus d'un demi-siècle de règne sans partage du clan Assad.

"J'ai l'honneur de vous annoncer que tous ensemble, nous nous sommes engagés sur un total de 5,8 milliards d'euros, 4,2 milliards d'euros en dons et 1,6 en prêts", a déclaré la commissaire européenne pour la Méditerranée Dubravka Suica, au terme de la neuvième édition de cette conférence internationale.

Ce chiffre est nettement inférieur à l'engagement pris par cette même conférence l'an dernier, qui avait atteint 7,5 milliards d'euros. Les États-Unis étaient alors, selon l'ONU, le premier fournisseur d'aide internationale à la Syrie, qui soit exsangue de près de 15 ans de guerre civile.

Les États-Unis de Donald Trump ont décidé la suspension de leur aide internationale, y compris celle attribuée à la Syrie.

"Pendant les 14 dernières années, les États-Unis ont fourni davantage d'assistance pour le peuple syrien que n'importe quelle autre nation, soit plus de 18,3 milliards de dollars", a rappelé Natasha Franceschi, la représentante américaine à cette conférence.

Elle a indiqué que son pays continuerait à fournir une aide, "conformément aux lois américaines", mais que Washington s'attendait désormais à ce que les autres pays prennent le relais. Elle n'a toutefois fourni aucun chiffre.

L'Union européenne s'est engagée de son côté à fournir près de 2,5 milliards d'euros, soit davantage que son engagement précédent.

 

Dans son discours, le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, a souligné qu'il n'y a plus de justification juridique pour le maintien des réfugiés syriens au Liban, car les circonstances qui auraient pu justifier leur séjour par le passé ont changé.

L’évolution de la situation en Syrie indique que les réfugiés syriens au Liban ne fuient plus la guerre ou la persécution, mais sont essentiellement devenus des migrants économiques, a soutenu M. Rajji. Par conséquent, il n'est plus logique de continuer à financer des migrants économiques au Liban, selon lui.

Il a également appelé à la levée des sanctions contre la Syrie pour passer du rétablissement précoce à la reconstruction complète et pour soutenir les Syriens dans leur pays. Tout en reconnaissant que des milliers de Syriens ont franchi la frontière vers le Liban après les événements tragiques sur la côte syrienne, M. Rajji a souligné que cela ne justifie pas le fait de “remplacer un réfugié par un autre”.

Le ministre a également mis en lumière la situation difficile au Liban, notamment après la récente guerre entre le Hezbollah et Israël, qui a dévasté des villages entiers, indiquant qu’une partie importante de la population libanaise s’est sentie négligée. Il a déclaré que le Liban cherche à panser ses blessures et à se reconstruire, ce qui signifie se distancer des guerres des autres et des souffrances prolongées en Syrie.

Transition difficile

La transition reste difficile dans ce pays divisé entre plusieurs communautés religieuses. Des massacres ont été commis ces dernières semaines dans l'ouest, les pires violences depuis l'arrivée de cette coalition menée par le groupe islamiste sunnite Hayat Tahrir al-Cham (HTS).

C'est le ministre syrien des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, qui a pris la parole lundi au nom de son pays.

"Le temps de la tyrannie est terminé. Il ne peut pas revenir. Nous ne ménagerons aucun de nos efforts pour traduire en justice quiconque a perpétré un tel crime, a du sang sur les mains", a assuré le chef de la diplomatie syrienne, selon une traduction simultanée de son discours prononcé en arabe.

Les forces de sécurité, des groupes armés alliés ou des djihadistes étrangers ont été rendus responsables de ces violences qui ont fait, selon une ONG, près de 1.400 morts dans la population civile, principalement au sein de la communauté alaouite, une branche du chiisme, dont est issu l'ancien président Bachar al-Assad.

Les Vingt-Sept, qui ont très vite après le 8 décembre décidé de soutenir la transition en Syrie, veulent y voir un phénomène isolé.

"Nous condamnons avec force ces attaques, particulièrement celles ciblant les civils. Elles doivent être traitées rapidement et de manière décisive", a insisté la cheffe de la diplomatie Kaja Kallas, tout en saluant la création d'une commission d'enquête.

"Créer le chaos"

Interrogée plus tôt en conférence de presse sur l'éventualité d'interrompre la levée progressive des sanctions décidée fin février par l'UE, Mme Kallas a assuré que ce processus devait être maintenu, car sinon le risque était de "créer la chaos" dans tout le pays.

Si la communauté internationale n'aide pas la Syrie à "se remettre sur pied", une nouvelle vague migratoire est à craindre, a mis en garde lundi à Bruxelles Mirjana Spoljaric, la présidente du Comité international de la Croix-Rouge.

Les 27 sont toutefois prêts à reconsidérer leur décision sur les sanctions, si d'autres violences de ce type devaient se reproduire, ont averti des diplomates.

En attendant, les besoins sont énormes. "Après 14 ans de guerre, l'économie syrienne a perdu quelque 800 milliards de dollars de son Produit intérieur brut (PIB), les infrastructures pour des services essentiels ont été détruites", a déploré le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, dans un message vidéo adressée à la conférence.

AFP

Commentaires
  • Aucun commentaire