L'Irak dit avoir saisi une tonne de captagon venant de Syrie via la Turquie
Un membre des forces de sécurité des nouvelles autorés syriennes montre des comprimés de Captagon trouvés dans un complexe des forces de l'ex-président Bashar al-Assad à Damas, le 7 janvier 2025. ©Bakr Alkasem / AFP

Dissimulés dans des planches à repasser, plus d'une tonne de comprimés de captagon acheminés depuis la Syrie via la Turquie voisine ont été saisis en Irak, ont annoncé dimanche les autorités, se félicitant du "plus important" coup de filet de ces dernières années.

Il s'agit de la première annonce du genre en Irak depuis la chute en décembre du pouvoir de Bachar al-Assad, qui était accusé de fabriquer ce stimulant proche des amphétamines à échelle industrielle en Syrie voisine.

La cargaison saisie renfermait sept millions de pilules, a indiqué à l'AFP Hussein al-Tamimi, porte-parole de la Direction des stupéfiants, précisant que deux Irakiens et un Syrien ont été interpellés.

La direction des stupéfiants "a saisi un camion venant de Syrie, à destination de l'Irak, passant par la Turquie, transportant 1,1 tonne de comprimés de captagon", a annoncé le porte-parole du ministère de l'Intérieur, le général Moqdad Miri.

Dans une vidéo publiée par le ministère, on voit les forces de sécurité découper des planches à repasser pour y trouver les petits sachets renfermant les pilules.

L'opération, menée en coopération avec les forces de sécurité du Kurdistan autonome, frontalier de Turquie dans le nord de l'Irak, a été montée grâce à des "informations très importantes" fournies par les forces de sécurité saoudiennes, selon Moqdad Miri.

Confrontés ces dernières années au fléau du captagon, l'Irak et ses voisins, notamment la Jordanie, autre pays de transit, et l'Arabie saoudite, plus gros marché de consommation au Moyen-Orient, ont renforcé leur coopération pour lutter contre le trafic.

"Augmentation spectaculaire du trafic"

Les forces irakiennes ont pisté le camion jusqu'à son arrivée à Bagdad où l'attendait un trafiquant irakien, selon le porte-parole de la Direction des stupéfiants. La saisie s'est faite à ce moment-là, a-t-il précisé.

"C'est la plus plus importante cargaison de drogues" saisie ces dernières années, a reconnu M. Tamimi.

En 2022, l'Irak avait annoncé la saisie de six millions de comprimés de captagon.

L'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) estimait en 2024 que l'Irak avait connu depuis cinq ans "une augmentation spectaculaire du trafic et de la consommation de drogues".

Pour la seule année 2023, les autorités irakiennes ont "saisi un nombre record de 24 millions de comprimés de captagon", soit plus de 4 tonnes, pour une valeur estimée entre 84 et 144 millions de dollars, selon la même source.

Selon l'ONUDC, entre 2019 et 2023, environ 82% du captagon saisi au Moyen-Orient provenait de Syrie, suivie par le Liban (17%).

Transformant la Syrie en narco-État, le pouvoir de Bachar al-Assad était connu pour produire du captagon, une amphétamine dérivée d'un médicament censé traiter la narcolepsie ou les troubles du déficit de l'attention.

Après la chute des Assad le 8 décembre, les nouvelles autorités syriennes ont découvert par centaines dans des hangars ou des bases militaires les petits sacs renfermant les pilules de captagon.

"Résilience" des trafiquants

Interrogée par l'AFP, une source diplomatique suivant le dossier reconnaît qu'il est encore difficile de mesurer "la présence active des réseaux impliqués dans la production et le trafic de captagon en Syrie", alors que le contrôle du territoire reste "fragile ou partiel", et que les moyens disponibles pour lutter contre le trafic sont limités par la situation économique et les sanctions.

"Même si certaines figures clés des réseaux ont pu quitter le territoire, les opérateurs de rang inférieur font preuve de résilience, s'adaptent et restent en place malgré les changements politiques ou sécuritaires. Il n'est donc pas surprenant de constater la poursuite du trafic, qu'il s'agisse d'écouler des stocks existants ou d'assurer une nouvelle production", ajoute cette source.

Le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) confirme que si les fabriques de captagon installées par l'ancien régime sur la côte syrienne (Ouest) sont hors service, "le trafic de captagon se poursuit, les cellules de contrebande restent actives".

"Le trafic entre la Syrie et le Liban se poursuit", assure Rami Abdel Rahmane. "Il y a encore des fabriques en territoire syrien, en particulier dans la région du Qalamoun."

AFP

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