
La surtaxe colossale sur les boissons alcoolisées, prévue dans le budget 2025 promulgué jeudi par décret en Conseil des ministres, a suscité l'indignation des hôteliers et des restaurateurs, qui redoutent un impact négatif sur la consommation et, par conséquent, sur leurs activités.
En effet, les taux appliqués ont été multipliés par 225, allant même jusqu’à 750, accusant une courbe ascendante tout à fait ahurissante. Cette hausse de taxes est incompréhensible, voire choquante, pour les Libanais. D’abord parce qu’elle ne s’inscrit pas dans le cadre d’une politique économique, basée sur une vision claire et logique, et qu’elle traduit seulement une volonté de drainer rapidement des fonds au Trésor. Ensuite, parce que la consommation d'alcool n'est pas un sujet de débat majeur dans le pays et que l'État n'a pas pour mission d'encadrer cette consommation.
Pour rappel, avant la crise de 2019, les retombées financières directes et indirectes du secteur du tourisme représentaient 19,1% du PIB. Cette part a chuté à 4,9 % en 2020 sous l'effet de la pandémie de Covid-19, puis à 2,5 % en 2021, avant de remonter légèrement pour atteindre 6,6 % en 2023, selon les chiffres du World Travel & Tourism Council (WTTC).
Projet de loi distinct
Dans une approche plus globale visant à limiter l’impact social et économique des surtaxes sur certains produits et services, le gouvernement de Nawaf Salam a mandaté le ministre des Finances, Yassine Jaber, pour les réexaminer. Les nouveaux taux d’imposition feront ainsi l’objet d’un projet de loi distinct. Le ministre envisage de revoir à la baisse la surtaxe sur l’alcool, a révélé vendredi soir le président du syndicat des hôteliers libanais, Pierre Achkar. Il était entré en contact avec M. Jaber à ce sujet.
Jeudi, le Conseil des ministres a opté pour la solution la moins contraignante en adoptant le projet de budget 2025 par décret. Nawaf Salam a justifié cette décision par la nécessité d’éviter de longues discussions au Parlement ainsi qu’un recours aux avances du Trésor, imposé par le cadre du douzième provisoire, notamment face aux besoins engendrés par le conflit entre Israël et le Hezbollah.
Budget 2025
Le président de la Commission parlementaire des finances et du budget, Ibrahim Kanaan, a jugé inacceptables des surtaxes multipliées par 100, voire par 400. Il dénonce le fait que l'ancien gouvernement de Najib Mikati a voulu profiter des dysfonctionnements du système pour combler une partie du déficit budgétaire, au détriment des citoyens, même si ces surtaxes ne concernent pas les produits de première nécessité.
De son côté, le ministre des Finances, Yassine Jaber, s'est engagé, en vertu de l'article 118 de la loi sur la comptabilité publique, à améliorer les recettes et les revenus grâce à diverses réformes. Il a notamment évoqué la lutte contre la fraude douanière, l'évasion fiscale, la fraude à la TVA, ainsi que l'informatisation des services du cadastre et du ministère des Finances. Autant de mesures qui devraient renflouer le Trésor, sans accabler la population et plomber l’économie par des mesures irréfléchies.
Le Premier ministre, Nawaf Salam, a appelé les Libanais à demander des comptes au gouvernement concernant le projet de budget 2026, qui sera présenté sous sa responsabilité.
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