
Seize membres des forces de sécurité de la nouvelle direction syrienne ont été tués jeudi en Syrie lors d'affrontements avec des partisans de Bachar el-Assad, "les plus violents" depuis la chute de l'ex-président, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Le rétablissement et le maintien de la sécurité dans toute la Syrie sont les défis les plus urgents pour les nouvelles autorités, au pouvoir depuis qu'une coalition de groupes rebelles menée par des islamistes a renversé Bachar el-Assad le 8 décembre.
Depuis quelques jours, des combats ont lieu dans la région de Lattaquié, bastion de la minorité alaouite du président déchu, située dans le nord-ouest du pays.
"Seize membres des forces de sécurité ont été tués dans des attaques et des embuscades menées par des hommes armés fidèles à Assad dans la ville de Jableh et ses environs", a indiqué l'OSDH.
Au moins trois hommes armés ont été tués à Jableh, a ajouté l'ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.
La majorité des victimes sont originaires de l'ancien bastion rebelle d'Idleb, aussi dans le nord-ouest.
En 2011, une guerre civile a éclaté en Syrie après la répression de manifestations antigouvernementales, divisant le pays et faisant plus de 500.000 morts.
Selon l'OSDH, les attaques de jeudi sont "les plus violentes contre les nouvelles autorités depuis la chute d'Assad", qui a tenu le pays d'une main de fer pendant 24 ans.
"Criminel de guerre"
Plus tôt, le responsable de la sécurité de Lattaquié avait indiqué à l'agence de presse officielle, Sana, que les autorités affrontaient des hommes armés partisans d'un ancien commandant d'une unité d'élite de Bachar el-Assad, Souheil el-Hassan, un "criminel de guerre (...) qui a commis les pires massacres contre le peuple syrien".
La tension est montée jeudi à Beit Aana, village d'origine de Souheil el-Hassan, lorsque des habitants ont empêché l'arrestation d'une personne suspectée de trafic d'armes, selon l'OSDH.
Les forces de sécurité ont ensuite lancé une opération, émaillée d'affrontements avec des personnes armées dont l'identité reste inconnue.
Selon Sana, "des hommes armés ont tiré sur des membres et des véhicules du ministère de la Défense, près du village, faisant un mort (du côté des forces de sécurité, NDLR) et plusieurs blessés".
Un photographe d'Al Jazeera a été blessé lors des affrontements, selon la chaîne qatarie qui a précisé qu'il était hors de danger.
Les autorités ont ensuite mené des tirs d'hélicoptère sur des hommes armés dans le village de Beit Aana et les forêts environnantes, et des tirs d'artillerie sur un village voisin, selon l'OSDH, poussant des chefs religieux alaouites à appeler à des "manifestations pacifiques" vendredi.
Ces frappes, qu'ils ont qualifiées dans un communiqué d'"attaques contre les habitations civiles" ont semé la terreur parmi les habitants de la région, a ajouté l'ONG.
Une source du ministère de la Défense a affirmé auprès de Sana que d'importants renforts militaires étaient déployés dans la région de Jableh "pour soutenir les forces de sécurité et rétablir la stabilité dans la région".
"Jihad"
Plus tard jeudi, des jeunes, dont certains étaient armés, se sont rassemblés à Idleb pour soutenir les forces de sécurité qui combattaient à Lattaquié, a rapporté l'Observatoire.
Des messages diffusés par les haut-parleurs des mosquées appelaient au "jihad" (guerre sainte) contre les hommes armés, selon la même source.
Ces violences interviennent après que quatre civils ont été tués à Lattaquié cette semaine, selon l'OSDH, lors d'opérations de sécurité qui avaient également coûté la vie à deux membres des forces de sécurité.
Depuis que les nouvelles autorités ont pris le pouvoir à Damas, de nombreuses campagnes de sécurité ont été lancées dans plusieurs régions contre ce qu'elles accusent d'être des hommes armés fidèles à Bachar el-Assad.
Les habitants de la région côtière dénoncent régulièrement des exactions commises dans la région, qualifiées d'"incidents isolés" par les autorités.
Avec AFP
Commentaires