Salaires: les fonctionnaires abandonnés à la précarité
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La question du relèvement du salaire minimum (SMIC) est de nouveau sur la table, d’autant qu’un écart frappant met en évidence la différence de salaire entre le secteur privé et le secteur public.

Malgré une dévaluation de la livre libanaise de 95% depuis octobre 2019, le SMIC dans le secteur public reste fixé à 6.750.000 livres, tandis qu’il atteint 18.000.000 de livres dans le secteur privé. Cette distorsion révèle non seulement un profond déséquilibre, mais aussi une confusion et une injustice flagrantes sur le marché du travail.

Un abus

Le budget de 2024 a prévu des augmentations salariales pour les fonctionnaires sous forme d’allocations sociales, mais sans les intégrer au salaire de base, ce qui pourrait constituer une injustice majeure, voire un véritable abus, notamment pour ceux approchant de la retraite. Les indemnités de fin de service des fonctionnaires sont toujours calculées sur la base d’un dollar à 1507,5 livres. Le projet de budget pour 2025 ne fait que confirmer cette injustice, malgré l'engagement du gouvernement précédent de Najib Mikati de trancher en faveur d’une proposition de loi visant à verser une augmentation équivalente à six mois de salaire au cours de l’année.

Quant aux retraités du secteur public, leurs salaires n’atteignent même pas le quart de ce qu’ils touchaient en 2019, car ils ne perçoivent ni prime de productivité, ni indemnité de transport, ni même aides extérieures.

Les 9 millions du secteur privé

Concernant le secteur privé, l'ancien gouvernement a promulgué un décret portant le SMIC à 18 millions de livres, tout en accordant une indemnité de cherté de vie de 9 millions de livres à chaque travailleur, soit près de 450.000 personnes soumises au Code du travail. Ce décret faisait suite à une réunion en avril 2024 entre le comité de l'indice des prix, le syndicat des professions libérales et l'ancien ministre du Travail, Moustafa Bayram.

Cependant, le versement de cette indemnité de cherté de vie n’a jamais été mis en œuvre. Le patronat a justifié cela en affirmant que l'État est compétent pour fixer le SMIC, mais n'a pas de droit sur les augmentations des autres tranches salariales.

Un recours devant le Conseil d'État a donné raison à la Confédération générale des travailleurs du Liban.

Selon un membre des organismes économiques interrogé par Ici Beyrouth, la question du réajustement des salaires devrait être abordée après les fêtes du Fitr et de Pâques, le temps que la situation dans le pays se stabilise.

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