
Une fois les funérailles de Hassan Nasrallah passées ce dimanche, le Hezbollah se retrouvera face à des défis majeurs qu'il avait jusque-là cherché à éviter, dans le but de s’épargner un affrontement tant avec ses propres partisans qu'avec le reste de la population libanaise.
Le Hezb se trouve dans un besoin pressant de fonds iraniens pour entamer la reconstruction promise par ses dirigeants. Cependant, les récents développements laissent transparaître une réalité toute autre: les vols iraniens transportant de l’argent liquide ne sont plus autorisés à atterrir au Liban, et malgré les multiples pressions exercées par le Hezbollah pour lever cette interdiction, celles-ci se sont avérées infructueuses.
Ainsi, après les funérailles, il est probable que le Hezbollah multiplie ses tentatives, exacerbant les tensions internes au sein du groupe même. En effet, certains prônent une approche diplomatique avec le gouvernement, tandis que d'autres souhaitent intensifier la pression dans la rue, quitte à provoquer des heurts avec les forces de sécurité. Ils considèrent que l'avenir du Hezbollah est en jeu et qu'il est hors de question de le compromettre.
Dans ce contexte, un autre obstacle de taille se présente face au Hezbollah: le gouvernement libanais, la communauté internationale et les pays arabes insistent sur la nécessité d'assurer une transparence totale quant à l’origine des fonds destinés à la reconstruction. Ces financements doivent respecter les normes internationales et être acheminés de manière claire vers les entités concernées, sous la supervision de l’État libanais. Cette exigence s’accompagne de conditions strictes, dont certaines ont été soulevées par la Banque mondiale, telles que la mise en place de réformes structurelles dans plusieurs secteurs clés, notamment le secteur bancaire et la fonction publique, ainsi que la création d’un fonds spécial destiné à centraliser et gérer ces financements.
Dans ce sens, les autorités libanaises appellent à la tenue d’une conférence internationale des pays et institutions donateurs pour évaluer l’apport de chacun.
Il faut savoir que le déblaiement des décombres causés par la guerre nécessiterait un milliard de dollars. La Banque mondiale s’est dite prête de contribuer à hauteur de 250 millions de dollars sous forme de prêt, ce qui pourrait encourager d’autres acteurs à compléter cette somme par des dons afin de couvrir l’ensemble des coûts de la reconstruction.
Selon les estimations préliminaires, les pertes directes et indirectes dues à la guerre s’élèveraient à 14 milliards de dollars, tandis que la reconstruction nécessiterait environ 12 milliards de dollars. Le gouvernement se trouve ainsi face à un double défi: convaincre la communauté internationale de l’urgence du financement et garantir la crédibilité et la transparence des mécanismes de gestion et d’affectation des fonds, sous une supervision rigoureuse.
Par ailleurs, selon certaines sources, la reconstruction ne pourra se faire sans stabilité sécuritaire et politique, ce qui implique une application de la résolution 1701 dans son intégralité et des résolutions connexes, ainsi que l’interdiction de toute perturbation de l’ordre intérieur, notamment par le Hezbollah. Dans cette optique, aucune complaisance ne sera tolérée concernant les armes du Hezbollah et leur éventuelle utilisation sur le territoire libanais, en raison des conséquences néfastes qu’un tel scénario pourrait avoir sur les sinistrés et sur le pays dans son ensemble.
Selon ces mêmes sources, sur le plan politique, la reconstruction est désormais conditionnée par le démantèlement progressif de l’infrastructure militaire du Hezbollah et la rupture de ses liens politiques, militaires et sécuritaires avec l’Iran.
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