Libanais bloqués à Téhéran: un avion de la MEA les ramènera vendredi, protestations à Beyrouth
Depuis plus de 8h, des Libanais restent coincés à Téhéran après le “refus” d’atterrissage à Beyrouth. ©AFP

L’affaire des Libanais bloqués à l’aéroport de Téhéran est sur le point d’être réglée. La Middle East Airlines va affréter dans la nuit de jeudi, un avion qui doit les ramener vendredi à Beyrouth, a annoncé jeudi soir la Direction générale de l’aviation civile (DGAC).

L’interdiction, par le Liban, à un appareil de la compagnie iranienne, Mahan Air, de s’envoler jeudi pour Beyrouth, avait suscité en début de soirée, des remous dans la capitale libanaise. Des partisans du Hezbollah ont bloqué les routes menant à l’aéroport, à l’aide de pneus brûlés, ce qui a contraint certains voyageurs à poursuivre leur chemin à pied, pour ne pas rater leurs vols. Des heurts ont éclaté entre les protestataires et les soldats de l’armée qui s’efforçaient d’ouvrir les routes.
Le mouvement de protestation s’est progressivement amplifié. Les partisans du Hezb ont bloqué la route Salim Salam, pendant que d’autres circulaient, en convois, à bord de leurs mobylettes, dans les rues de Beyrouth, scandant des slogans hostiles à Israël et aux États-Unis.

Quant au Hezbollah, il a dénoncé dans un communiqué, ce qu’il a considéré comme “une atteinte à la souveraineté libanaise”, accusant les officiels de “céder aux pressions d’Israël et des États-Unis”.

Le problème a éclaté quand un groupe de Libanais a affirmé être bloqué à l’aéroport de Téhéran depuis plus de huit heures, accusant les autorités libanaises de ne pas avoir donné à leur avion, un appareil de la Mahan Air, l’autorisation de s’envoler pour Beyrouth.

Une vidéo filmée par un des passagers, montre un homme qui hurle et accuse Beyrouth de les bloquer en Iran. L’auteur de la vidéo critique lui aussi les autorités libanaises qu’il accuse de “vouloir faire plaisir à Israël et aux États-Unis”.

Le vol était supposé arriver à l’aéroport à 18h. Les autorités concernées n’ont pas réagi à cette affaire et étaient injoignables en fin d’après-midi.

En soirée, la direction générale de l'aviation civile (DGAC) a annoncé que le vol de la Mahan Air avait été ajourné, dans le cadre d’une reprogrammation des liaisons aériennes, motivée, selon le texte, par la perspective du retrait israélien du Liban, le 18 février.

“Par souci de garantir la sécurité de l’aéroport, de l’espace aérien libanais, et de tous les passagers, et après coordination avec le service de sécurité de l’aéroport, des mesures de sécurité supplémentaires ont été prises, conformément aux normes internationales et aux protocoles établis par l'Organisation de l'aviation civile internationale”, selon le texte.

“Étant donné que la mise en œuvre correcte de ces procédures nécessite du temps pour que certaines compagnies aériennes s’y conforment pleinement, les horaires de certains vols arrivant au Liban ont été temporairement réajustés, y compris ceux en provenance de la République Islamique d’Iran, et ce, jusqu’au 18 février 2025”, poursuit le communiqué, affirmant que “toutes les compagnies concernées ont été informées de cette modification hier (mercredi)  et les passagers ont été prévenus afin d’éviter toute confusion”.

Trafic de fonds

L’affaire du vol de la Mahan Air intervient alors que des soupçons sont soulevés au sujet de tentatives iraniennes d’acheminer de l’argent au Hezbollah, en violation de l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Liban. 

Cette compagnie aérienne est d’ailleurs proche des Pasdaran, qui utilisent ses avions dans le cadre de leurs opérations.

Israël accuse cependant l’Iran d’utiliser l’aéroport international de Beyrouth Rafic Hariri pour financer le Hezbollah.

Le quotidien panarabe Acharq el-Awsat a rapporté mardi que le service de sécurité de l’AIB a imposé des mesures strictes “aux vols en provenance d’Irak, soumis à une fouille minutieuse à leur arrivée, afin de prévenir l’entrée de fonds destinés aux Hezbollah”.

“Les procédures pour les avions en provenance d’Irak sont devenues similaires à celles en provenance d’Iran”, ajoute le média.

Mercredi soir, le porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichaï Adraee, a rebondi sur la question, pointant du doigt l’Iran et le Hezbollah et les accusant d’utiliser l’AIB pour “faire passer illégalement des fonds destinés à l’armement du Hezbollah”.

“La force Al-Qods (unité d’élite du Corps des gardiens de la révolution islamique en Iran) et le Hezbollah exploitent depuis plusieurs semaines l’aéroport international de Beyrouth pour transférer clandestinement des fonds, “via des vols civils, destinés à l’armement du Hezbollah en vue de mener des attaques contre Israël”, a-t-il écrit sur son compte X.

Il a également précisé que l'armée israélienne maintient une coopération avec le mécanisme de surveillance chargé de faire appliquer le cessez-le-feu et transmet régulièrement des informations pour tenter d'entraver ces opérations clandestines.

Avichaï Adraee a ajouté que “malgré ces efforts, l'armée israélienne estime que certaines tentatives de transfert d’argent ont réussi”. “L’armée israélienne ne permettra pas au Hezbollah de se renforcer militairement et utilisera tous les moyens à sa disposition pour faire respecter les termes de l’accord de cessez-le-feu, garantissant ainsi la sécurité des citoyens israéliens”, a conclu le porte-parole.

 

 

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