![Gaza, nouvelle Suisse de l’Orient? Et nous?](/images/bibli/1920/1280/2/3website-marc.jpg)
Dès que Donald Trump se réveille, le moindre mot qu’il dit se transforme immédiatement en actualité mondiale. C’est comme ça. C’est l’homme le plus puissant de la Terre. Et il a des arguments, sonnants et trébuchants et parfois aussi… détonnants! Pour le moment, dès qu’il dit quelque chose, il provoque une sorte de sidération. Un exemple, “l’Ukraine pourrait un jour devenir russe”. Petite phrase, mais déflagration à laquelle personne n’a osé vraiment réagir!
Mais le dossier le plus inattendu concerne Gaza. Pour le président américain, l’Égypte et la Jordanie doivent accueillir les Palestiniens parce que la reconstruction va prendre une quinzaine d’années et que le territoire est devenu inhabitable. Voilà, le missile est lancé. Les pays arabes protestent mollement. Ce à quoi Donald Trump répond: “Si vous avez un meilleur plan, allez-y, faites vos propositions!” Évidemment les pays arabes n’ont pas de plan alternatif crédible. Comme d’habitude.
Même l’Arabie saoudite a eu sa part au détour d’une allusion qui soulignait la superficie énorme du Royaume, capable d’accueillir des gens aussi… pour le moment le Liban passe entre les gouttes. Petit conseil: appliquons scrupuleusement les résolutions onusiennes, arrêtons les discours stupides sur les victoires illusoires et faisons le dos rond. Ce n’est pas glorieux, certes, mais c’est de la realpolitik. Comme le pays est le maillon faible, il est inutile d’ouvrir les yeux sur nos nombreuses failles.
Pour en revenir à Gaza, le plan américain prévoit même de transformer l’ex-place forte du Hamas en Riviera sous contrôle américain. Alors, c’est sûr, Donald Trump est un âpre négociateur et un homme d’affaires. Il se peut qu’il fasse sciemment monter les enchères dans la perspective d’une solution très favorable pour lui à Gaza. Mais, il est également possible que ce soient ses véritables intentions.
Ensuite il faudra discuter de l’avenir des Palestiniens de Cisjordanie. L’idée d’une annexion à Israël n’est plus taboue. Elle devient progressivement inéluctable. L’Autorité palestinienne ne tient pratiquement rien et le Hamas fait de son mieux pour y allumer le feu.
Dans toutes les situations, la fameuse “solution à deux États” semble de plus en plus s’éloigner. On ne voit pas où l’État palestinien pourrait exercer une souveraineté géographique.
Mais si Donald Trump souhaite transformer ses idées en réalité, il faudra des dizaines et des dizaines de milliards de dollars. Pour la reconstruction de Gaza, le financement d’un “départ volontaire” massif et incitatif des Palestiniens, dont les Américains soulignent opportunément que 66% d’entre eux sont déjà des réfugiés dans la bande et n’en sont pas originaires. Il faudra aussi beaucoup d’argent pour que les pays arabes puissent éventuellement accepter d’en accueillir une partie, le pistolet sur la tempe.
Le Liban dans tout ça? Lui aussi a besoin de milliards pour se reconstruire après l’aventurisme perse et relancer son économie. Qui déversera tous ces milliards et pourquoi? Pour nos beaux yeux? Même s’il est vrai que les globes oculaires de nos compatriotes sont souvent élégants, ce ne sera probablement pas suffisant. Il y aura des conditions. La première sera le désarmement complet du Hezbollah. Suivront des discussions sur l’avenir des 174.000 Palestiniens du Liban. Sujet hautement explosif en partie à l’origine de la guerre de 1975. Leur retour dans leurs régions d’origine est plus qu’hypothétique. Seront-ils accueillis par des pays tiers comme les États-Unis ou le Canada? L’implantation d’une partie d’entre eux au Liban sera-t-elle effective moyennant “aides financières”?
Difficile de jouer aux devins. Rien de tout cela n’est certain. Henry Kissinger disait: ׅ“Quand on me demande de résumer la situation au Proche-Orient, je réponds toujours par un seul mot: 'complexe'. Et quand on me demande de développer, je dis: 'très complexe'.”
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