L’envoyée américaine qui se rendra au Liban jeudi portera plusieurs messages. Les regards se tournent à présent vers Morgan Ortagus, qui succède à Amos Hochstein et qui s’est vu confier le dossier libanais par le président américain, Donald Trump. Ce dossier est exhaustif, couvrant de nombreux sujets dont la formation du gouvernement, le retrait des forces israéliennes, la libération des otages du Hezbollah et l'application de la résolution 1701. Il englobe également d'autres résolutions internationales relatives au Liban, telles que la résolution 1559, ainsi que la gestion des réserves le long de la Ligne bleue.
Concernant le gouvernement libanais, le programme qu'il présentera dans sa déclaration ministérielle suscite des préoccupations chez les Américains. Il est essentiel que ce programme soit porteur de réformes, car tout retard à ce niveau aurait des conséquences dramatiques sur la situation économique et financière du pays. En effet, l'inaction dans ce domaine risquerait de réduire les communautés arabes et internationales au rôle de spectateurs, réticents à investir ou à mener des projets au Liban, surtout que ces mêmes communautés seront focalisées sur d’autres zones de la région, notamment Gaza et la Syrie.
Les Américains souhaitent que le programme du gouvernement soit clair, notamment en ce qui concerne la souveraineté de l'État et l'exclusivité de son armement, ainsi que son contrôle total sur les décisions de guerre et de paix. Par conséquent, la déclaration ministérielle à venir ne devrait en aucun cas rappeler l’équation “Hezbollah, armée, peuple et résistance”. L’on s’attend que l'accent soit mis exclusivement sur l'armée et l'État pour assurer la protection du Liban, sans évoquer un quelconque rôle pour le peuple, afin d'éviter que le Hezbollah n'exploite cette notion pour justifier la légitimité de ses armes.
Concernant la gestion des réserves sur la Ligne bleue, qui inclut treize points de contention, le Liban avait déjà conclu un accord sur six de ces points. Selon certaines informations, le traitement des sept points restants ne devrait pas poser de problème majeur. Or, la situation a évolué depuis la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce qui pourrait compliquer le dossier. En effet, Israël prévoit de continuer à occuper temporairement cinq sites – situés dans les régions de Labbouneh, Yaroun, Odaisseh, Kfarkela et Khyam – dans le sud du Liban après le 18 février, à moins d'obtenir des garanties américaines sur la sécurité de ces secteurs, notamment à travers la présence de l’armée libanaise et des forces de la Finul, tout en se réservant le droit d'intervenir si nécessaire. En revanche, la question des fermes de Chebaa semble avoir été mise de côté pour le moment, en attendant un règlement du conflit entre la Syrie et Israël.
Quant au dossier des otages du Hezbollah, les demandes israéliennes restent floues, à l’exception de celle portant sur la libération d’Elizabeth Tsurkov, une chercheuse israélo-russe détenue en Irak. Les détails de ce dossier devraient se préciser après cette visite, d’autant plus que trois acteurs sont impliqués: les États-Unis, la France et le Comité international de la Croix-Rouge.
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