Liban: drone de guerre!

Le bourdonnement des drones israéliens n’a pas cessé dans le ciel de Beyrouth. Ce bruit qui sèmerait la panique partout ailleurs, fait désormais partie du tissu sonore urbain, déjà très riche, de la capitale. C’est à peine si les gens y prêtent attention. Et c’est tout juste si les passants ne se regardent pas avec un peu d’anxiété quand les drones font une pause, se demandant si ce silence n’est pas le signe avant-coureur que quelque chose de grave se prépare!

Il faut dire qu’au Liban, le rythme de l’actualité est tel que pas un jour ne passe sans son lot de questions impossibles à résoudre. Le suspense est permanent. Par exemple, nous voilà à trois jours de l’expiration des soixante jours de trêve. Que va-t-il se passer le 27 janvier? Nul ne le sait. Dans l'Antiquité, on lisait dans les entrailles des animaux pour prédire l’avenir. Civilisation oblige, de nos jours, les oracles ont été remplacés par les journalistes dans l’exercice divinatoire. Avec la même marge d’erreur! Pour revenir à la question, on se demande si le sujet de la fin des soixante jours intéresse quelqu’un. L’armée israélienne aura-t-elle complété son retrait du sud? Pas sûr. L’armée libanaise aura-t-elle achevé son déploiement? Pas sûr non plus, dans la mesure où les deux démarches sont liées. Le comité chargé de superviser l’accord est très discret. Y a-t-il des discussions en cours? Pas plus d’informations. On a le sentiment que le 27 au matin, on découvrira en temps réel la situation. Et il est probable qu’elle ressemble furieusement à celle de la veille sans qu’on puisse trop comprendre pourquoi.

Parallèlement, les consultations se poursuivent pour la formation d’un gouvernement. Le président de la République, qui fait un sans-faute, catalyse les énergies pour aller le plus vite possible. Il sait que seules des institutions opérationnelles sont susceptibles d’éviter de nouveaux affres au pays. Parce qu’on peut compter sur la mauvaise foi et les efforts de beaucoup de monde pour émousser le sentiment, rare, d’une lueur d’optimisme pour le pays. Il faut bien reconnaître que ce sentiment, à la limite de l’euphorie, est une découverte pour les Libanais, habitués à une succession de malheurs. Certains en ont un peu peur d’ailleurs et c’est humain. On parle de projets d’infrastructures, de contrats mirifiques avec les pays du Golfe, de centaines de millions de dollars pour équiper l’armée… c’est presque trop beau pour être vrai. Il n’en faudrait pas plus pour faire chavirer le petit cœur meurtri des souverainistes libanais. L’essentiel est de rendre irréversible ce nouveau vent de l’Histoire, avant que les voiles retombent. Parce que derrière la scène principale, la comédie dramatique se poursuit. On a vu les fanfaronnades ridicules des ninjas en uniforme du Hamas autour des otages dans les rues rasées de Gaza. “Nous sommes toujours là”, semblent-ils dire à leurs adversaires et aux Palestiniens qui n’en peuvent plus de subir les conséquences des délires de leurs chefs autoproclamés. Au Liban, ça doit bien faire une semaine qu’il n’y a pas eu de discours sur la victoire écrasante contre Israël. Limite louche. 

Pendant ce temps, le gouvernement de Benjamin Netanyahou, passe tel un métronome d’un front à un autre. Gaza, le Liban, la Syrie et maintenant la Cisjordanie. Parallèlement, les Houthis du Yémen semblent se rendre compte (un peu tard) que tirer des missiles systématiquement interceptés et se prendre en retour des raids massifs sur leurs infrastructures n’est peut-être pas si efficace que cela en termes de “résistance”. On sent qu’il y a urgence à éliminer les scories et faire coïncider le début du second mandat de Donald Trump avec la gestion militaire ou politique du dernier dossier: l’Iran. Et quel dossier! Pour le moment, Téhéran a réussi à tout rater en un an. Ses alliés ont été vaincus, partout. Ne reste qu’une illusion, celle d’un pouvoir théocratique qui tient le pays. Ce qui est faux. Ce régime devra tomber ou plier. Quelques erreurs encore, des destructions supplémentaires et les mollahs auront réussi à ruiner tous ceux qui les ont crus.  

Vous connaissez la définition du succès selon Churchill? C’est de “passer d’échec en échec avec toujours le même enthousiasme”. Ça ne marche pas à tous les coups.

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