Le Liban nouveau est en marche, le duopole rentre dans les rangs
©Ludovic Marin / AFP

Le président français, Emmanuel Macron, a placé sa visite au Liban – la troisième depuis août 2020 – sous le signe du soutien au mandat du président Joseph Aoun. Une visite de “la dernière chance”. Une chance que le pays ne peut pas se permettre de rater, après toutes les crises qui l’ont secoué et tous les efforts que la communauté internationale a déployés pour en finir avec les blocages.

Le chef d’État français a voulu manifester son soutien, notamment au processus de changement que son homologue libanais s’est engagé à mettre en marche dans son discours d’investiture, et réaffirmer que l’équation a changé dans le pays qui bénéficie aujourd’hui d’un soutien international sans précédent susceptible de l’aider à sortir de ses crises, à le libérer du joug du camp de la Moumanaa et à le ramener dans son environnement arabe. “Game over”, a-t-il lancé dans son discours à la Résidence des pins, assurant que rien ne pouvait arrêter la dynamique de changement enclenchée.

Toutes les tentatives de l’axe pro-iranien de faire échec au “tsunami du changement” qui a déferlé sur le pays se sont soldées par un échec. Amal et le Hezbollah s’apprêtent aujourd’hui à participer à la formation du premier gouvernement du mandat. Lors de son entretien, à Baabda, avec le président de la Chambre, Nabih Berry, Emmanuel Macron avait été très clair sur la question, soulignant la nécessité, pour le Liban, de se doter très vite d’un cabinet parce qu’il compte convoquer sans tarder une conférence internationale sur le Liban. Nabih Berry s’était contenté de répondre: “Inchallah. Espérons le meilleur”.

Selon un député du mouvement du changement, il ne sera possible à personne de court-circuiter la nouvelle orientation politique annoncée par le président dans son discours d’investiture et sur laquelle la nouvelle phase va se fonder.

Pour ce député, la composition du gouvernement et la Déclaration ministérielle doivent refléter l’esprit de changement et les engagements pris dans le discours présidentiel, notamment en ce qui concerne l’exclusivité des armes entre les mains de l’État.

Il souligne également que le Hezbollah doit dorénavant se conformer pleinement aux exigences du système démocratique, après avoir longtemps fonctionné en marge de celui-ci, à cause d’un excès de force que ses armes lui ont conféré. Il doit ainsi s’engager dans la vie démocratique, en respectant les lois et les institutions, parce qu’il n’y a plus de place pour la domination ou l’intimidation.

Des sources proches de Nabih Berry, on confirme que le duopole chiite prévoit de participer au gouvernement, mais attend de voir la formule qui lui sera proposée.

Côté Hezbollah, on fait aussi état d’une volonté de participation, mais suivant “les propres conditions” de cette formation, selon ces sources.

Ses récentes manœuvres, tel le boycottage des consultations parlementaires pour la désignation d’un Premier ministre et la formation du gouvernement, visaient principalement à renforcer sa position dans les négociations en vue de garantir sa place au sein du cabinet, selon les mêmes sources.

La formation pro-iranienne ne peut pas se permettre de rester en dehors du pouvoir à ce stade, alors qu’il est question d’une application stricte de la résolution 1701 du Conseil de sécurité, d’un maintien du cessez-le-feu, de reconstruction et d’un débat autour d’une stratégie nationale de défense.

Ces dossiers font partie d’une série d’autres, tout aussi brûlants, sur lesquels le nouveau mandat doit plancher. Entre autres, l’enquête sur l’explosion au port de Beyrouth et la mise en œuvre du processus qui doit déboucher sur le monopole des armes par les seules forces étatiques.

De facto, le gouvernement s'engage dans une phase de travail intense, sous ombrelle internationale et régionale. Selon des sources diplomatiques, le duopole chiite doit s’intégrer pleinement au consensus national, sans poser de conditions. Ce processus est d'une grande ampleur, et il est essentiel que tous se préparent aux prochaines échéances législatives et municipales, qui devraient permettre l'émergence de nouvelles figures en phase avec le changement souhaité par le président, comme l’affirme ce même député.

Le “nouveau Liban”, soutenu par une garantie internationale et arabe, est en marche, et les récentes visites de responsables occidentaux et arabes confirment cette dynamique.

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