Camps palestiniens: sécurité et armes sous l’égide de l’État
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Le discours d'investiture du président de la République, le général Joseph Aoun, a marqué les esprits, notamment lorsqu’il a évoqué le désarmement des camps palestiniens et la prise en charge de leur sécurité par l’État.

Bien que ce sujet ne soit pas nouveau – il a été abordé depuis le dialogue national de 2006 –, le contexte actuel est l’occasion de l’appliquer, mettant ainsi un terme au dossier majeur qui avait contribué à l’éclatement de la guerre civile libanaise en 1975. Ce dossier avait officiellement porté atteinte à la souveraineté libanaise avec l’accord du Caire signé en 1969, puis annulé en 1987.

La question des armes palestiniennes au Liban est donc en voie de résolution. Certains signes précurseurs le prouvent, notamment lorsque l’armée libanaise a imposé, le mois dernier, son contrôle sur des sites appartenant au Front populaire pour la libération de la Palestine, commandement général et Fatah-Intifada, dans la région de la Békaa et dans la banlieue de Beyrouth.

Cette opération s’est déroulée sans obstacles notables, laissant entendre que l’État a pris une décision ferme sur cette question, alors qu’il était absolument interdit de toucher à ces armes. Ce processus a été facilité par la chute du régime syrien de Bachar el-Assad et l’accord du Hezbollah sur un cessez-le-feu, sous parrainage arabe et international, qui interdit à toute partie libanaise ou étrangère de porter des armes.

Le Liban compte 13 camps palestiniens où vivent, selon les estimations de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), environ 200.000 Palestiniens. Ils se répartissent comme suit:

Au sud, près des villes de Tyr et de Saïda: Rachidieh, El-Bass, El-Bourj el-Chamali, Aïn el-Hélwé, Miyé W Miyé

À Beyrouth et ses environs: Mar Élias, Sabra, Chatila, Bourj el-Barajné

Au Metn-Nord: Un seul camp à Dbayeh

Au Nord: Nahr el-Bared et Baddawi

Dans la Békaa, près de Baalbeck: camp de Jalil

Tous ces camps, à l’exception de celui de Dbayeh, abritent des organisations armées. Certaines sont affiliées à l’Autorité palestinienne, principalement le Fatah, tandis que d’autres s’y opposent, comme le Hamas et le Jihad islamique.

Le camp de Aïn el-Hélwé, situé au sud-est de Saïda, est le plus armé et regroupe la majorité des factions palestiniennes. Il a également servi de refuge à des organisations extrémistes comme Asbat el-Ansar et Jound el-Cham, affiliées à el-Qaeda et à Daech.

Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas (Abou Mazen), a réagi aux propos du président Aoun concernant les camps palestiniens. Dans un appel de félicitations, il a déclaré qu’il avait suivi le discours au Parlement libanais, affirmant son soutien à ses propositions, notamment en ce qui concerne les conditions des réfugiés palestiniens au Liban. Il a souligné la nécessité de leur assurer une vie digne sous la houlette de la souveraineté de la loi libanaise, en attendant leur retour dans leur pays et la création de l’État palestinien indépendant, ayant Jérusalem-Est pour capitale, ainsi qu’une coopération productive avec le Liban.

Selon des sources libanaises impliquées dans ce dossier, malgré la généralité des propos du président palestinien, il est sous-entendu que la partie officielle palestinienne est disposée à discuter du désarmement des camps et à trouver une solution respectant la souveraineté libanaise. De plus, des efforts seraient entrepris pour relancer le Comité de dialogue libano-palestinien et inclure le Hamas et le Jihad islamique dans les négociations afin de mettre fin à leurs activités militaires et de remettre leurs armes. Toutefois, ces sources mettent en garde contre les organisations extrémistes qui sont un véritable danger vu qu’elles rejettent tout dialogue et refusent de rendre leurs armes, se disant prêtes à affronter toute tentative de mise en œuvre de cette décision.

Selon ces mêmes sources, toutes les préoccupations palestiniennes seront examinées, notamment celles liées à la sécurité des camps qui sera assurée par une coordination et une coopération entre les autorités libanaises et palestiniennes, sous la direction de l’État libanais et de ses services de sécurité. Ces derniers auront une présence à l’intérieur des camps une fois les problèmes réglés avec les groupes extrémistes. L’objectif principal est de mettre fin au statut des camps comme zones de non-droit, de prévenir leur utilisation comme refuges pour les fugitifs ou comme bases pour planifier des actes terroristes.

 

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