Les Émirats arabes unis, acteur clé des relations régionales depuis la normalisation avec Israël grâce aux accords d'Abraham, se positionnent comme un partenaire potentiel dans la reconstruction et la gouvernance de Gaza. Cependant, leur implication dépend de conditions strictes et d’un cadre diplomatique complexe.
Alors que le conflit entre Israël et le Hamas continue de ravager la bande de Gaza, la question de l'avenir du territoire après la guerre devient de plus en plus pressante.
Depuis la normalisation avec Israël grâce aux accords d'Abraham, les Émirats arabes unis (EAU) jouent un rôle central dans les relations régionales et se présentent comme un partenaire potentiel pour la reconstruction et la gouvernance de Gaza. Cependant, leur implication dépend de conditions strictes et d’un cadre diplomatique complexe.
Deux enquêtes récentes, l’une de Reuters et l’autre de CNN, révèlent les discussions en coulisses entre les EAU, les États-Unis et Israël. Ces pourparlers explorent les modalités d’une gouvernance provisoire pour Gaza, tout en mettant en lumière les profondes divergences sur les réformes nécessaires et les prérequis diplomatiques.
Selon l’enquête de Reuters, les EAU ont engagé des pourparlers confidentiels avec Israël et les États-Unis pour envisager une administration provisoire de Gaza après la guerre. Ces discussions portent sur une période de transition où les EAU, en partenariat avec d'autres nations, superviseraient la reconstruction et la sécurité du territoire jusqu’à ce qu’une Autorité palestinienne (AP) réformée puisse assumer ses responsabilités. Les diplomates impliqués ont cependant précisé qu’aucun plan formel n’a encore été défini.
La balle dans le camp de l’AP?
Les EAU conditionnent leur participation à des réformes majeures au sein de l’AP, une institution qu’ils jugent rongée par la corruption et l’inefficacité. Un responsable émirati, cité par Reuters, a affirmé que leur implication nécessiterait une réforme en profondeur de l’AP et la mise en place d’une feuille de route crédible vers un État palestinien indépendant.
Cependant, cette perspective se heurte à l’opposition d’Israël, qui critique la gestion actuelle de l’AP, notamment ses politiques jugées hostiles envers l’État hébreu.
Une autre proposition rapportée par Reuters suscite la controverse: l’utilisation de contractants militaires privés dans une mission de maintien de la paix à Gaza. Bien que cette option puisse renforcer la sécurité sur le terrain, elle inquiète certains diplomates occidentaux en raison des abus associés à ces entreprises dans d’autres zones de conflit. Les EAU n’ont pas confirmé cette idée, qui reste une source de tension dans les discussions.
Un rapport complémentaire de CNN confirme l'intérêt des EAU pour jouer un rôle dans la reconstruction de Gaza, mais insiste sur leurs conditions strictes.
Parmi celles-ci figurent l'invitation officielle d'un Premier ministre palestinien “crédible et indépendant”, une réforme substantielle de l’Autorité palestinienne, un engagement explicite d’Israël envers une solution à deux États et un rôle dirigeant des États-Unis dans le processus.
Contrairement à ce qu’a rapporté Reuters, les EAU ont démenti toute intention de recourir à des contractants militaires privés, marquant une divergence notable dans la perception de leur position. Cette clarification montre l'importance pour les EAU de préserver leur image diplomatique tout en naviguant dans un environnement politique complexe.
Parallèlement, CNN dresse un tableau lugubre de la situation à Gaza. Les bombardements israéliens continuent de dévaster le territoire, faisant des dizaines de milliers de morts et laissant les infrastructures dans un état critique. La pression humanitaire est immense, alors que les discussions sur un cessez-le-feu durable peinent à aboutir.
Une équation diplomatique délicate
Alors que les pourparlers se poursuivent, les divergences entre les acteurs freinent l’élaboration d’un plan viable pour Gaza. Les EAU, en plaidant pour des réformes de l’Autorité palestinienne et pour une adoption de la solution à deux États, cherchent à jouer un rôle stabilisateur dans la région. Cependant, leur capacité à concrétiser cette ambition dépendra de leur aptitude à obtenir un consensus entre Israël, les Palestiniens et leurs partenaires internationaux.
Pour Gaza, l’avenir reste incertain. La reconstruction nécessitera des efforts financiers et diplomatiques considérables mais aussi des compromis politiques que peu d’acteurs semblent prêts à faire pour l’instant. Dans ce contexte, le rôle des EAU pourrait s’avérer décisif, mais seulement s’ils parviennent à concilier leurs conditions avec les réalités du terrain.
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