L’élection présidentielle de tous les possibles
Le prochain président de la République libanaise devra nécessairement être une personnalité capable de s’adapter à la nouvelle phase que le Liban s’apprête à entamer. ©Al Markazia

Que l’élection ait lieu le 9 janvier ou qu’elle soit reportée, le prochain président de la République libanaise devra nécessairement être une personnalité capable de s’adapter à la nouvelle phase que le Liban s’apprête à entamer.

L’ère des manœuvres politiciennes est désormais révolue, et les développements accélérés dans la région exigent que l’État revoie son approche, en plaçant la loi au-dessus de toute autre considération, en mettant en œuvre l’accord de Taëf dans son intégralité et en respectant scrupuleusement la parité.

En effet, sous la tutelle syrienne, l’application de l’accord de Taëf a été détournée pour instaurer une répartition dite des “trois tiers”, servant les intérêts syriens au détriment ceux du Liban. Désormais, ces violations et ces arrangements informels appartiennent au passé, non pas en raison d’une soudaine prise de conscience des responsables, mais parce que le Liban est tout bonnement placé sous surveillance internationale, et les dirigeants encourent des sanctions à tout moment, comme le souligne un diplomate occidental.

À la veille de la séance électorale, les forces politiques n’ont toujours pas réussi à s'entendre sur un candidat parmi cette longue liste de prétendants: le général Joseph Aoun, Sleiman Frangié, Jihad Azour, Samir Assaf, le général Élias Baïssari, Neemat Frem, Ziad Baroud, Farid el-Khazen, le général Georges Khoury, Nassif Hitti, Salah Honein et Farid Boustany.

Par ailleurs, l’absence de consensus au sein de l’opposition entraîne une dispersion des voix des députés entre les candidats, rendant improbable l’obtention des 86 voix nécessaires au premier tour (les deux tiers) ou des 65 voix requises aux tours suivants.

Cette situation renforce l’hypothèse d’un report de la prochaine séance électorale jusqu’au printemps, dans l’espoir de parvenir à un terrain d’entente. Néanmoins, une surprise de dernière minute reste envisageable, portée par des efforts saoudiens, soutenus par un consensus américano-franco-saoudien, avec un appui tacite de l’Iran.

Dans ce contexte, la position de Wafic Safa, chef de l’Unité de coordination et de liaison du Hezbollah, revêt une importance particulière. Il a, en effet, déclaré qu’il n’y avait “aucun veto sur Joseph Aoun”.

Si aucun président n’est élu, l’intérêt international pour le Liban s’estompera en raison de l’inaction des responsables libanais dans la mise en œuvre de la résolution 1701, relative à l’accord de cessez-le-feu, et du refus implicite du Hezbollah de s’y conformer, tout en continuant à tenir les rênes de l’État, comme si de rien n’était.

Selon des sources diplomatiques occidentales, le dossier de la présidentielle reste encore en suspens. Un responsable français ayant récemment visité le Liban a souligné les efforts de son pays pour stabiliser la situation dans le sud du Liban, redoutant une escalade. La France cherche ainsi à prolonger la période de soixante jours prévue par le cessez-le-feu jusqu’au printemps prochain et à renforcer sa mise en œuvre.

Cependant, ces mêmes sources diplomatiques occidentales redoutent une confrontation entre Israël et le Hezbollah, le désarmement de ce dernier n’ayant pas été réalisé comme prévu. Le conflit pourrait ainsi reprendre, mais cette fois-ci avec une intensité accrue.

À la lumière de ces données, les heures précédant cette échéance s’annoncent décisives, susceptibles d’ouvrir la voie à l’élection de Joseph Aoun ou d’un autre candidat, ou de repousser encore l’échéance.

 

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