Tout le monde pourrait profiter des retombées de la reconstruction de la Syrie, à en croire les estimations fournies par diverses sources onusiennes et internationales. Toutefois, ces perspectives restent conditionnées et loin d’être acquises.
Si la reconstruction de la Syrie, minée par la guerre qui a suivi le soulèvement de 2011, s’annonce comme un processus long et coûteux, elle représente un enjeu majeur.
En 2018, un responsable des Nations unies estimait les besoins pour ce méga projet à 300 milliards de dollars. En 2021, l’envoyé spécial russe Alexander Lavrentiev revoyait ce chiffre à la hausse, évoquant 800 milliards de dollars. Quant à la Ligue arabe, elle en évaluait le coût à 900 milliards de dollars.
Bien que ces chiffres soient intéressants, ils ne suffisent pas à encourager la diaspora syrienne à rapatrier ses capitaux, ni les investisseurs étrangers, dont les voisins libanais et turcs, à planifier des placements à long terme.
Depuis le soulèvement de 2011, la Syrie a traversé une période de destruction systématique menée par le régime de Bachar el-Assad et motivée par une répression brutale.
Le Caesar Act
Avec la chute de ce régime, le 8 décembre 2024, c’est un nouveau processus qui devrait commencer et les barrières qui empêchaient tout développement de ce pays devraient normalement tomber.
La Syrie, comme on le sait, reste sous le coup du Caesar Syria Civilian Protection Act, une loi promulguée le 19 juin 2020 par les États-Unis. Celle-ci impose des sanctions économiques et commerciales aux entités étrangères impliquées dans des activités de reconstruction ou facilitant l’acquisition par le régime Assad de biens, services ou technologies soutenant ses activités militaires, ainsi que ses secteurs aéronautiques et énergétiques.
En parallèle, ce pays est également visé par des sanctions adoptées unanimement en février 2020 par l’Union européenne. Celles-ci ciblent les hommes d’affaires et entités économiques accusés de tirer profit de l’économie de guerre, détournant les ressources économiques syriennes au bénéfice exclusif du régime.
Certes, Damas a réintégré la Ligue arabe en mai 2023, après en avoir été avoir écartée en 2011, mais ce retour reste sans effet au niveau économique.
Aussi, pour l’heure, la scène syrienne reste marquée par un attentisme prudent, en attendant une stabilisation politique qui permettrait l’adoption de lois et de réglementations garantissant la protection des capitaux investis.
Commerce et services
Alors que certains estiment que les bénéfices de la reconstruction mettront du temps à se concrétiser en raison des incertitudes qui entourent la période à venir, d’autres prévoient des retombées rapides dans les secteurs du commerce et des services. Ces activités pourraient se développer rapidement à travers de vastes régions de la Syrie et stimuler ses marchés.
Par ailleurs, un regain économique est attendu avec le retour de nombreux citoyens qui avaient fui la guerre de 2011 ou le régime des Assad, portés par un profond attachement à leur pays. Parmi eux, on trouve des entrepreneurs et des investisseurs disposant de capitaux et de solides réseaux établis avec des secteurs commerciaux et de services en Turquie.
Mais la problématique qui demeure à résoudre est celle du faible pouvoir d’achat des Syriens.
Commentaires