Maltraitance dans une crèche à Jdeidé: la justice tranche
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Un an après le scandale qui avait bouleversé l’opinion publique, la justice libanaise a rendu son verdict dans l’affaire des maltraitances infligées à des nourrissons au sein de la crèche Garderêve à Jdeidé (Metn). Le tribunal criminel du Mont-Liban a condamné trois femmes impliquées dans des actes de violence documentés et largement dénoncés sur les réseaux sociaux.

Des actes insoutenables

Les faits, révélés par des vidéos choquantes, ont mis en lumière des abus graves commis par Jenny Khoury, une puéricultrice, sur des enfants de moins d’un an. Ces enregistrements montrent des nourrissons forcés à manger sous la contrainte, frappés et malmenés, au mépris total de leur bien-être. La propriétaire de la crèche, Tony Mehanna, apparaît passive voire amusée face à ces violences, tandis que Joumana Abou Saïd, employée chargée de l’entretien, filmait les sévices sans jamais alerter les autorités.

Le verdict du tribunal

Le jugement, rendu à la majorité par la Cour criminelle du Mont-Liban, présidée par le juge Rabih Houssamia et ses assesseurs, Agnès Maatouk et Sarah Breij, a qualifié les faits de “tentative d’homicide volontaire”. Jenny Khoury a été condamnée à quatre ans de travaux forcés, tandis que Joumana Abou Saïd et Tony Mehana ont écopé de trois ans chacune. Les trois accusées ont également été déchues de leurs droits civiques. Le président de la cour a, toutefois, exprimé une réserve, considérant que la qualification de “tentative d’homicide volontaire” était juridiquement contestable.

Des preuves accablantes

Le tribunal a fondé sa décision sur les déclarations des accusés lors de l'enquête préliminaire, puis devant le juge d'instruction du Mont-Liban, la chambre d'accusation et enfin la chambre pénale, ainsi que sur les éléments de preuve disponibles dans le dossier, dont les 24 enregistrements réalisés par Joumana Abou Saïd, couvrant une période de cinq mois. Ces vidéos révèlent notamment des actes de violence répétés, dont une scène où Jenny Khoury force une fillette à avaler de la nourriture sous la contrainte, l’exposant à des risques de suffocation, et maltraite d’autres enfants lors de soins quotidiens.

Négligence et complicité

Le jugement souligne que l’usage de la violence par Jenny Khoury, notamment en frappant les enfants sur la tête lors des repas, violait les principes fondamentaux de la protection de l’enfance, exposant les nourrissons à l’étouffement et à des maltraitances graves. La passivité de Joumana Abou Saïd, qui a filmé les abus sans intervenir, et l’irresponsabilité de Tony Mehanna, qui n’a pas fait appel à du personnel qualifié ni pris les mesures pour assurer la sécurité des enfants dans son établissement, ont aggravé les conséquences de ces violences.

Une décision exemplaire

Ce verdict, attendu par de nombreuses familles, envoie un message fort sur la nécessité de surveiller rigoureusement les structures d’accueil pour enfants. Il rappelle aussi l’importance de dénoncer toute forme de maltraitance pour protéger les plus vulnérables.

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