Gaza: nouveau vote incertain au Conseil de sécurité de l'ONU
Des Palestiniens déplacés des abris de Beit Hanoun sortent leurs affaires d'une camionnette qui les a conduits à Jabalia tandis que d'autres roulent sur des vélos chargés de produits de première nécessité sur la route principale de Salaheddine dans le nord de la bande de Gaza ©AFP

Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se prononcer mercredi sur un projet de résolution réclamant un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, nouvelle tentative de faire pression sur les parties au conflit qui risque d'être bloquée par les États-Unis, alliés d'Israël.

La dernière version du projet de texte préparé par les dix membres élus du Conseil, vue par l'AFP, "exige un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

Une formulation qui a provoqué par avance la colère d'Israël, et fait craindre un nouveau veto américain, selon des diplomates.

"Nous ne pouvons pas laisser l'ONU lier les mains de l'État d'Israël dans la protection de ses citoyens et nous n'arrêterons pas le combat tant que nous n'aurons pas ramené à la maison tous les hommes et femmes kidnappés", a déclaré l'ambassadeur israélien à l'ONU Danny Danon, dénonçant un texte "honteux".

"Il doit y avoir un lien entre un cessez-le-feu et la libération d'otages, c'est notre position de principe depuis le début et ça n'a pas changé", a insisté mardi de son côté l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood.

La quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés dans ce territoire en proie à un désastre humanitaire.

 "Gaza hantera le monde"

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU peine à parler d'une seule voix, bloqué plusieurs fois par des vétos américains, mais aussi russes et chinois.

Les quelques résolutions que les Américains ont laissé passer en s'abstenant n'appelaient pas à un cessez-le-feu inconditionnel et permanent. En mars, le Conseil avait ainsi demandé un cessez-le-feu ponctuel pendant le ramadan --sans effet sur le terrain--, et avait apporté son soutien en juin à un plan américain de cessez-le-feu en plusieurs phases accompagnées de libérations d'otages, qui n'a jamais abouti.

Certains diplomates espéraient qu'après la victoire de Donald Trump, les États-Unis de Joe Biden seraient plus flexibles dans les négociations, imaginant une répétition de décembre 2016.

À quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, le Conseil avait alors adopté, pour la première fois depuis 1979, une résolution demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. Un vote rendu possible grâce à la décision des États-Unis de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusqu'alors sur ce dossier.

Le projet de résolution qui sera mis aux voix mercredi exige également un accès "sûr et sans entrave" à une aide humanitaire d'ampleur, y compris dans le nord "assiégé" de Gaza et dénonce toute tentative d'"affamer les Palestiniens".

Les Palestiniens de leur côté semblent estimer que ce texte ne va pas assez loin.

"Le destin de Gaza hantera le monde pour les générations à venir", a mis en garde leur ambassadeur à l'ONU Riyad Mansour.

Pour lui, la "seule ligne de conduite possible" du Conseil est certes d'exiger un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel mais dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies.

Ce chapitre clé permet au Conseil de prendre des mesures pour faire appliquer ses décisions, par exemple avec des sanctions, mais le projet de texte n'y fait pas référence.

Par Amélie BOTTOLLIER-DEPOIS, AFP

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