Coup de théâtre au gouvernement israélien dans la soirée du 5 novembre. Tandis que les yeux du monde sont rivés sur l’élection présidentielle américaine, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou limoge son ministre de la Défense, Yoav Gallant.
Il le remplace dans la foulée par son chef de la diplomatie, Israël Katz. Une nomination qui ne doit rien au hasard, puisque ce dernier est connu pour sa fidélité envers son chef de gouvernement.
"Nous travaillerons ensemble pour mener le ministère de la Défense à la victoire contre l'ennemi et atteindre les objectifs de la guerre : le retour des otages (...), la destruction du Hamas, la défaite du Hezbollah, l'endiguement de l'agression iranienne et le retour dans la sécurité des habitants du nord et du sud (d'Israël) dans leurs foyers", a déclaré après sa nomination Israël Katz.
Le “bulldozer”
Né le 21 septembre 1955 à Ashkelon en Israël, M. Katz est régulièrement qualifié de “bulldozer” par les médias israéliens en raison de son style direct, voire abrasif. Il est aussi une figure politique influente et de longue date au sein du Likoud, le principal parti de l’actuelle coalition en Israël, la plus à droite de l’histoire du pays.
Titulaire de plusieurs postes ministériels importants au cours de sa carrière, il a joué un rôle clé dans des dossiers stratégiques variés, allant de la diplomatie aux finances.
Le futur ministre de la Défense débute son service militaire en 1973, au sein d’une brigade de parachutistes. Promu officier en 1976, il quitte le service un an plus tard pour étudier en sciences politiques à l'Université hébraïque de Jérusalem, avant d’y obtenir un diplôme au début des années 1980.
C’est notamment au cours de cette période que le jeune Israël fait ses premières armes en politique. D’abord président du syndicat d’étudiants, il s’engage ensuite au sein du Likoud. Il entre à la Knesset en 1998 et a depuis réussi à maintenir son siège à chaque scrutin.
M. Katz fait sa première entrée au gouvernement sous celui d’Ariel Sharon entre 2003 et 2006, en recevant le portefeuille de l’agriculture. Sa loyauté envers Netanyahou et son influence croissante au sein du parti lui permettent d'obtenir des postes ministériels dès le retour de ce dernier au poste de Premier ministre en 2009.
Nommé cette fois-ci ministre des Transports et de la Sécurité routière, M. Katz garde son portefeuille dans le 3ème gouvernement Netanyahou en 2013, puis dans le 4ème en 2015. On lui adjoint aussi celui du renseignement cette année-là.
Cisjordanie
Si le ministère modernise significativement les infrastructures israéliennes avec de grands projets sous sa direction, Israël Katz contribue aussi à renforcer la colonisation en Cisjordanie occupée, notamment en renforçant les voies de communication entre les différentes implantations, tout en accentuant la ségrégation entre Israéliens et Palestiniens localement. Tout comme M. Netanyahou, celui-ci est alors frontalement opposé à la solution à deux Etats.
En 2019, il reprend le ministère des Affaires étrangères, qu’il va garder jusqu’en 2021. C’est notamment sous sa direction qu’Israël signe les accords d’Abraham, permettant la normalisation avec les Emirats arabes unis, rapidement suivis par Bahreïn, le Soudan et le Maroc. Au cours de ce mandat, il fait aussi preuve d’une position intransigeante face à l’Iran.
Nommé ministre des Finances en 2021, puis de l’Energie en 2022, M. Katz reprend les affaires étrangères en janvier 2024, après le début des hostilités en cours. La Défense constituera donc le 8ème portefeuille pour cet homme politique désormais chevronné, mais dont les déclarations font régulièrement polémiques.
M. Katz est notamment coutumier des déclarations visant les dirigeants du Monde opposés aux actions militaires israéliennes, notamment à Gaza. Début 2024, celui-ci avait notamment déclaré l’actuel secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, Persona non grata en Israël, l’accusant de “soutenir le terrorisme”. Plus récemment, il a mené une campagne à l’international contre l’Unrwa, l’agence d’aide pour les réfugiés palestiniens.
Sa nomination à la Défense, en pleine guerre contre le Hamas à Gaza et le Hezbollah au Liban, laisse donc entrevoir une fuite en avant dans la conduite des opérations israéliennes… dans un jusqu’au-boutisme qui ne devrait pas déplaire à son chef de gouvernement.
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