Le secteur de la restauration peinait déjà à se redresser après une succession de crises – la révolution, la pandémie de la Covid-19, puis l’explosion du port de Beyrouth – avant que la guerre ne vienne anéantir ce qui restait du tourisme et de la restauration. Autrefois dynamique et en pleine expansion, ce secteur est aujourd’hui exsangue, marqué par la peur et les fermetures en cascade.
Depuis l’instauration du front de soutien, le secteur de la restauration va de mal en pis. Au centre-ville, à l’heure du déjeuner, les restaurants sont presque vides. Le secteur, qui tentait de renaître après les crises successives allant de la révolution en 2019 à la pandémie de Covid-19, jusqu’à l’explosion du port, est désormais exsangue. Autrefois dynamique et en pleine expansion, ce secteur est marqué par la peur et les fermetures en cascade.
Dans ce contexte, Samir Yacoub, propriétaire d’une chaîne de restaurants au Liban, confie à Houna Loubnan que la fréquentation varie selon les régions, mais que la priorité des restaurateurs reste de tenir bon malgré les pertes causées par la guerre. Yacoub explique que les bénéfices réalisés par certaines branches sont réinvestis pour couvrir les pertes d’autres établissements, garantissant ainsi leur survie. “Si la guerre se prolonge, je vais fermer boutique”, conclut-il.
Notons qu’avant 2019, le secteur de la restauration employait environ 160.000 Libanais enregistrés à la Sécurité sociale, auxquels s’ajoutaient près de 45.000 travailleurs saisonniers, majoritairement des étudiants.
Tony Rami, président du syndicat des restaurateurs, révèle que l’activité du secteur a chuté de 90%, voire de 100% dans certaines zones directement touchées, tandis que la baisse est de 70% ailleurs.
Rami déplore les centaines de fermetures temporaires ou définitives de restaurants, notamment dans le centre de Beyrouth, et alerte sur les graves risques qui pèsent sur la survie de nombreux établissements, en particulier les nouveaux investissements. Il met également en garde, par ailleurs, contre une potentielle vague d’émigration des travailleurs du secteur vers l’étranger, ce qui porterait un coup fatal pour la restauration libanaise. En effet, le secteur de la restauration contribue significativement aux recettes de l’État libanais.
Khaled Nazha, vice-président du syndicat des propriétaires de restaurants, de boîtes de nuit et de pâtisseries, observe une légère hausse de la fréquentation en raison de l’afflux de déplacés dans des régions relativement épargnées comme le Kesrouane, Jbeil et Batroun; cette affluence reste néanmoins modeste et insuffisante pour relancer l’activité.
Selon lui, les restaurants des quartiers de Hamra, Raouché, Saïfi et du centre-ville sont quasiment déserts. Pour les restaurateurs, les recettes sont reléguées au second plan: leur seule préoccupation est de survivre en attendant la fin des hostilités et un éventuel retour à la stabilité.
Par ailleurs, Nazha souligne que le syndicat tient à préserver le secteur et à éviter les fermetures, en incitant les restaurateurs à résister malgré les difficultés croissantes. Il prévient cependant qu’en cas de prolongation de la guerre, la capacité à résorber les pertes atteindra vite ses limites.
Depuis toujours, les restaurants libanais ont rayonné au-delà des frontières, d’abord dans le monde arabe, puis à l’international, projetant l’image d’un Liban hospitalier et résilient, bien loin des troubles. Ils incarnaient la générosité, le goût de la cuisine raffinée et un service chaleureux.
Aujourd’hui, ce secteur est au bord de l’effondrement, privé de soutien étatique, tandis que l’État semble préférer solliciter l’aide de bailleurs internationaux.
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