Un 4e mandat pour Mikati ?
Pour le moment, aucune candidature à part celle (implicite) du Premier ministre sortant, Najib Mikati (soutenue par l’Arabie saoudite, la France et les États-Unis) ne semblerait être solide, en dépit du fait que plusieurs noms auraient été avancés, à en croire les rumeurs qui circulent dans les hautes sphères politiques.

Une semaine chargée se profile à l’horizon avec le début des consultations parlementaires contraignantes prévues jeudi au palais présidentiel de Baabda. Les députés issus de différents blocs parlementaires seront reçus à tour de rôle par le chef de l’État Michel Aoun pour lui soumettre le nom du candidat sunnite qu’ils aimeraient voir accéder au poste de Premier ministre et qui, par la suite, devra former un nouveau gouvernement.

Ce processus n’est certainement pas méconnu des Libanais qui, au fil des années, ont vu près d’une dizaine de gouvernements se former, à raison parfois de deux gouvernements par an, à la suite des démissions du Premier ministre ou du tiers des membres du gouvernement.

Au stade actuel, aucune candidature, à part celle (implicite) du Premier ministre sortant Najib Mikati (soutenue par l’Arabie saoudite, la France et les États-Unis) ne semblerait être sérieusement retenue, en dépit du fait que plusieurs noms auraient été avancés, à en croire les rumeurs qui circulent dans les hautes sphères politiques.

Des candidats potentiels

La candidature de M. Mikati pourrait néanmoins être compromise, puisque seuls les membres du bloc du Parti socialiste progressiste, certains députés de Tripoli et quelques députés du bloc du changement ont annoncé qu’ils appuieraient le chef du gouvernement sortant pour un quatrième mandat.

D’ailleurs, le député proche du Hezbollah Hassan Fadlallah a déclaré dimanche matin que son parti "fera part de son choix jeudi", le temps d’étudier la question avec ses alliés. Une réponse incertaine qui justifie le mutisme de l’un des députés du Courant patriotique libre, Alain Aoun. En effet, l’élu de Baabda a affirmé dans l’après-midi à la chaîne télévisée MTV que le bloc aouniste ne s’était toujours pas réuni pour désigner un candidat, révélant que ce dernier "pourrait ne pas être Najib Mikati".

Parallèlement, les noms des députés Achraf Rifi, Abdel Rahman el-Bizri et Waddah Sadek ont beaucoup circulé ces dernières semaines comme successeurs potentiels de M. Mikati, dans les milieux proches du 14 Mars et des indépendantistes.


D’autres options seraient aussi en cours d’étude, comme l’a suggéré le député Kataëb du Kesrouan Sélim el-Sayegh, n’écartant pas la candidature du diplomate Nawaf Salam. Les noms des anciens Premiers ministres Tamam Salam et Saad Hariri ont aussi fait surface ; même si ces cas de figure ont peu de chance d’être retenus.

La formation d’un nouveau gouvernement

Il est vrai que nommer un Premier ministre n’est pas une tâche facile, mais elle demeure plus "gérable" que celle de la formation d'un nouveau gouvernement. En effet, former un gouvernement au Liban nécessite une patience sans égale et une maîtrise parfaite de l’art de l’équilibre des forces politiques et communautaires.

Seul hic, le Liban ne dispose plus du luxe du temps. La formation d’un nouveau Cabinet devra se faire dans les délais les plus courts, afin de faire face aux nombreux défis auxquels est confronté le pays. C’est dans cette optique que le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, et le métropolite de Beyrouth, Mgr. Elias Audi, ont invité toutes les factions politiques, dans leur homélie dominicale, à "dépasser leurs calculs politiciens". Un point de vue partagé, aussi surprenant que cela puisse paraître, par le secrétaire général adjoint du Hezbollah, Naïm Kassem, qui a appelé dimanche "à la formation d’un gouvernement regroupant toutes les forces politiques" et dont la mission serait de redresser le pays.

Plus encore, le chef de l’Église maronite a dénoncé la monopolisation de ministères précis par certains partis ou certaines communautés, dans une allusion à peine voilée à l’insistance du courant aouniste à rester attaché au ministère de l’Énergie ou du mouvement Amal à obtenir le ministère des Finances.

Cette allusion tombe pourtant à point nommé, puisqu’il s’avère que le président de la République Michel Aoun œuvrerait pour que son gendre, Gebran Bassil, soit nommé ministre des Affaires étrangères (dans l’espoir que M. Bassil pourra faire lever les sanctions américaines qui lui ont été imposées), et que le CPL se voit attribué les ministères de l’Environnement et de l’Énergie (probablement pour camoufler les nombreux scandales liés aux barrages hydrauliques et à l’approvisionnement en électricité), comme l’ont indiqué plusieurs sources informées à Ici Beyrouth.

Au final, les tractations politiques pour nommer un Premier ministre vont bon train et se concrétiseront jeudi, mais il restera à savoir si le prochain chef du gouvernement pourra former son Cabinet avant la fin du mandat présidentiel, le 31 octobre prochain. Affaire à suivre…
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