«Unframed»: regard sur les artistes libanais contemporains

Créée par Bachir Asmar et Jean-Claude Boulos, une série de documentaires, Unframed, a récemment été lancée sous la bannière de la boîte de production Ziggy’s. L’avant-première de cette première saison s’est tenue le 9 septembre à l'espace Dadour à Jal el-Dib.
La soirée de l’avant-première des documentaires Unframed à l'espace Dadour a rassemblé les cinéphiles autour d’une projection, une performance artistique, une rencontre et une exposition. La soirée s’est achevée par une session de questions-réponses avec les artistes, le producteur et le réalisateur.
Produite par Bachir Asmar et réalisée par Jean-Claude Boulos, Unframed, une série de courts-métrages documentaires, signée Ziggy’s, met en relief chaque artiste avec sa vision unique du monde et ses créations. Les films explorent les nuances artistiques personnelles, capturant les détails qui définissent chaque créateur, plongeant ainsi le spectateur dans un univers artistique singulier.

Film après film, la caméra d’Elsy Hajjar retrace les portraits des artistes Tamara Saade, Bsharah Atallah, Donna Khalife, Sarkis Joulfaian, Yasmina Hilal et Carla Habib, scrupuleusement filmés et accompagnés par la prise de son de Tania Kammoun, sous l’œil attentif de Jean-Claude Boulos et la vision pointilleuse de Bachir Asmar.
Ces films ne cherchent ni à sublimer ni à déformer la réalité, mais à la représenter telle qu’elle est, à l’écart d’un monde chaotique. Ils suivent chaque artiste contemporain dans sa bulle, capturant son univers et plongeant dans les abîmes révolutionnaires des jeunes qui forgent leur propre refuge et inventent une nouvelle réalité, fondatrice d’un nouvel écosystème artistique.
C’est dans ce sens-là que cette série de documentaires sort du lot, mettant en lumière, au nom de l’art, les méandres des âmes créatives ou tourmentées, un vécu enfoui, mais salvateur. Elle le fait avec une subtilité cinématographique maîtrisée, évitant toute prétention. Qu’en résulte-t-il? Un regard curieux et minutieux sur notre monde actuel et une mise à nu des êtres, sans jugement. Ces films sont une révélation à valeur documentariste qui gagnerait encore plus en valeur sur l’axe historique du temps.


Jean-Claude Boulos explique l’origine de cette série: «Tout a commencé alors que nous travaillions depuis longtemps à connecter les gens. Plusieurs groupes d'artistes étaient isolés. Quand les fonds ont été disponibles, nous développions déjà un projet axé sur les acteurs de la société culturelle, qui sont le reflet de la société. Nous avons donc élaboré l'idée sur cette base, mettant en avant les personnes qui travaillent sans relâche sur leurs projets. C’est ainsi que l’idée a germé et nous souhaitons poursuivre dans cette voie. Ce projet a été un moyen de leur donner la visibilité méritée.» Avant de lancer ces documentaires, Ziggy’s organisait des événements pour rassembler les gens autour de rencontres conviviales. «Nous pensons que ce projet est un bon point de départ pour créer de nouveaux projets et discuter de notre identité artistique», ajoute-t-il.
Bachir Asmar précise: «Lorsqu’on visite une exposition, on voit le résultat sans vraiment connaître les artistes ou comprendre leurs pensées. À travers ce documentaire, nous tentons de créer un lien entre les visiteurs d’une exposition, par exemple, et les artistes, pour raconter l’histoire et le parcours ayant mené à leurs œuvres. Lors de l’événement, nous avons organisé une exposition pour trois artistes et une performance pour trois autres. C’était une collaboration inédite entre eux, d’où notre idée de rassembler des personnes qui n’avaient jamais travaillé ensemble.»
Jean-Claude Boulos souligne la valeur ajoutée de ces documentaires: «Il existe de nombreux projets similaires, mais au-delà de simples portraits, nos films cherchent à présenter notre vision des artistes. Nous avons veillé à obtenir l’accord des artistes avant toute projection. Plus tard, la conversation pourra se poursuivre en ligne, permettant une interaction continue. Chaque artiste a une expérience unique et une manière propre de s’exprimer, ce qui enrichit la diversité de nos documentaires.» Concernant la sélection des artistes, Jean-Claude Boulos explique: «Nous avions une liste complète à la suite de nos recherches. Ces personnes ne sont généralement pas médiatisées, mais ont déjà accompli des œuvres significatives. Chaque épisode a été filmé en une journée de manière intuitive, sans idée préconçue de leur histoire, mais avec le désir de la découvrir avec eux. Ils représentent différents groupes sociaux et disciplines. Leur passion est le fil conducteur commun.»

Cette série a été filmée en numérique, sans aucun plan prémédité, dans un esprit de collaboration avec les artistes, qui ont guidé la caméra pour offrir une expérience intime aux spectateurs. C’est la première fois que Ziggy’s reçoit des fonds pour un tel projet. «Aucune restriction ni règle ne nous a été imposée. Nous prenons les choses en main pour créer des projets qui nous ressemblent», affirment Bachir Asmar et Jean-Claude Boulos.
Ces documentaires seront disponibles en ligne en novembre et décembre. Une nouvelle projection est par ailleurs prévue début octobre.
Pour en savoir plus, suivez les séries sur Instagram: @Unframed.series et @ziggys.
Marie-Christine Tayah
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