Bangladesh: la révolution étudiante et la fin d'un gouvernement
Les protestations au Bangladesh, initialement lancées par des étudiants pour contester les politiques d'embauche gouvernementales, ont rapidement dégénéré en violences, entraînant la mort de plus de 280 personnes et la destitution de la Première ministre Sheikh Hasina.







Voici les six dates clés qui ont marqué les protestations et conduit à la chute du régime autoritaire de quinze ans dirigé par Sheikh Hasina, âgée de 76 ans, à la tête de cette nation d'Asie du Sud comptant 170 millions d'habitants.







Le 1ᵉʳ juillet: début des blocages

Au cœur des manifestations, les étudiants ont érigé des barricades, bloquant les routes et les voies ferrées, exigeant une réforme du système de quotas pour les emplois dans le secteur public, des postes très convoités.

Ils soutiennent que ce système est exploité pour peupler la fonction publique de partisans de la Ligue Awami, le parti au pouvoir de Hasina.

Malgré sa victoire pour un cinquième mandat de Premier ministre en janvier, lors d'une élection sans réelle opposition, Hasina rejette les actions des étudiants, déclarant qu'ils "perdent leur temps".

Le 16 juillet: intensification de la violence

Les premiers décès enregistrés sont ceux de six personnes tuées dans des affrontements, au lendemain de violents heurts à Dhaka, où manifestants et partisans du gouvernement se sont affrontés à coups de bâtons et de briques.

Le gouvernement de Hasina ordonne la fermeture des écoles et des universités dans tout le pays.

Le 18 juillet: le Premier ministre éconduit

Les étudiants rejettent une offre de paix de Hasina, au lendemain de son appel au calme et de sa promesse que chaque «meurtre» commis lors des protestations serait puni.

Les manifestants scandent «à bas le dictateur» et incendient le siège de la télévision d'État Bangladesh Television et des dizaines d'autres bâtiments gouvernementaux.

Le gouvernement impose un blackout d'Internet.

Au moins 32 personnes sont tuées et des centaines blessées dans les affrontements qui se poursuivent les jours suivants, malgré un couvre-feu permanent et le déploiement de soldats.


Le 21 juillet: verdict de la Cour suprême

La Cour suprême du Bangladesh, considérée par les critiques comme un outil du gouvernement de Hasina, déclare que la décision de réintroduire les quotas d'emploi est illégale.

Cependant, son verdict ne va pas jusqu'à satisfaire les demandes des manifestants d'abolir complètement les réservations de postes pour les enfants de «combattants de la liberté» de la guerre d'indépendance de 1971 contre le Pakistan.

Le 4 août: l'armée soutient le peuple

Des centaines de milliers de manifestants bangladais s'affrontent à nouveau avec les partisans du gouvernement. La police rapporte que 14 officiers figurent parmi les 77 personnes tuées.

Mais dans un revers important pour Hasina, l'ancien chef de l'armée, le général Ikbal Karim Bhuiyan, demande au gouvernement de retirer les troupes des rues et condamne les «meurtres répréhensibles».

Ces commentaires font suite à une déclaration du chef de l'armée en fonction, Waker-uz-Zaman, qui a affirmé que les forces armées «ont toujours soutenu le peuple», sans donner plus de détails.







Les dirigeants de la campagne nationale de désobéissance civile ont exhorté leurs partisans à converger vers la capitale, Dhaka, pour une «dernière protestation».







Le 5 août: le palais est pris d'assaut et le régime tombe

Le règne de quinze ans de Sheikh Hasina a pris fin lorsqu'elle a fui le pays en hélicoptère, peu après que les manifestants ont pris d'assaut son palais à Dhaka.

Les soldats et la police, avec des véhicules blindés, avaient barricadé les routes menant à la résidence de Hasina avec du fil de fer barbelé lundi matin, mais des foules immenses ont inondé les rues, renversant les barrières.

Des foules en liesse ont agité des drapeaux, certains dansant sur un char dans les rues, avant que des centaines de personnes ne franchissent les grilles de la résidence officielle de Hasina.

Le chef de l'armée bangladaise, Waker-Uz-Zaman, a déclaré lundi qu'il formerait un «gouvernement intérimaire» et qu'il avait tenu des pourparlers avec les principaux partis d'opposition et des membres de la société civile, à l'exception de la Ligue Awami de Hasina.
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