La Première ministre du Bangladesh, Sheikh Hasina, a démissionné et fui le pays en direction de l’Inde. Des milliers de manifestants antigouvernementaux ont pris d’assaut le palais de la Première ministre lundi à Dacca, selon des images télévisées, après qu’une source a indiqué à l’AFP que la dirigeante avait fui pour un «lieu plus sûr».

Sur des images diffusées par la chaîne bangladaise Channel 24, on voit une foule de personnes en train de rentrer dans la résidence de Sheikh Hasina et de saluer la caméra.

Les images montrent des émeutiers s’emparant de chaises, renversant des meubles ou brisant des portes vitrées.

Une source proche de Mme Hasina a déclaré à l’AFP que cette dernière, âgée de 76 ans et au pouvoir depuis janvier 2009, avait quitté Dacca avec sa sœur pour un «lieu sûr», ajoutant qu’elle «voulait enregistrer un discours» mais n’avait «pas eu l’occasion de le faire».

La coalition étudiante Students Against Discrimination, à l’origine d’un mouvement de contestation contre le gouvernement depuis plus d’un mois, a appelé à une très grande marche sur la capitale.

Asif Mahmud, l’un de ses leaders, a déclaré que «le temps est venu pour la manifestation finale» et que «les étudiants et le peuple érigeront un nouveau Bangladesh». Les manifestants prévoient de braver le couvre-feu et de se rassembler près de la résidence de la Première ministre, Sheikh Hasina.

Le week-end a été marqué par des affrontements sanglants entre les opposants à Mme Hasina, les forces de l’ordre et les partisans du gouvernement, faisant au moins 97 morts, dont 14 policiers, selon le journal Prothom Alo. Il s’agit de la journée la plus meurtrière depuis le début de la contestation le 1er juillet, qui a déjà coûté la vie à près de 300 personnes.


À l’origine, les manifestations visaient à abolir un système de quotas avantageant les partisans de Sheikh Hasina dans l’accès à l’emploi public. Le mouvement pacifique a été brutalement réprimé par les autorités et la restauration progressive d’Internet à partir du 23 juillet a révélé l’étendue de la brutalité policière. La plupart des victimes ont été tuées par des tirs à bout portant.

La colère publique a atteint un nouveau sommet, les manifestants exigeant le départ de la Première ministre. Samedi, Mme Hasina a tenté, en vain, d’entamer des discussions avec les étudiants. Face à leur refus, elle les a qualifiés de «criminels» et a appelé le peuple à les traiter avec fermeté.

Le mouvement étudiant a reçu le soutien d’anciens militaires. L’ex-chef de l’armée, le général Ikbal Karim Bhuiyan, a demandé le retrait immédiat des forces armées des rues. La loyauté de l’armée, qui a continué à réprimer les manifestants tout en protégeant certains d’entre eux contre les attaques des partisans du parti au pouvoir, est maintenant remise en question.

Le mécontentement populaire est alimenté par une inflation galopante, touchant durement une population déjà fragilisée par la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine. Le prix Nobel de la paix, Muhammad Yunus, critique de longue date de Mme Hasina, attribue le soulèvement à l’absence de démocratie et au manque de communication entre le gouvernement et le peuple.

Avec une population de 170 millions d’habitants et un taux de chômage élevé chez les jeunes, le Bangladesh est à un tournant critique. Les prochaines 48 heures, selon les observateurs, seront déterminantes pour l’avenir du pays et du règne de la «Dame de fer», comme on surnomme la Première ministre, qui a été reconduite pour un quatrième mandat consécutif en janvier 2022 à la suite d’un scrutin controversé.

Avec AFP
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