France: violences et tensions marquent l'entre-deux-tours des législatives
©EMMANUEL DUNAND / AFP
Coups et injures continuent de pleuvoir dans l'entre-deux-tours des législatives en France, visant des candidats et des militants de tous bords politiques, symptôme de la tension qui s'accroît à l'approche d'un scrutin aussi décisif qu'incertain.

Nul n'est à l'abri des violences, pas même une ministre en exercice, dans cette campagne éclair et extrêmement polarisée. Candidate à sa réélection en région parisienne, la porte-parole du gouvernement, Prisca Thevenot, et son équipe ont été victimes d'«une agression lors d'une opération de collage d'affiches électorales», mercredi soir, à Meudon.

Selon une source proche du dossier, Prisca Thevenot et une de ses collaboratrices ont été prises à partie par une vingtaine de personnes. La ministre n'a pas été touchée, mais sa collaboratrice et un militant – opéré jeudi de la mâchoire – ont été blessés et transportés à l'hôpital.

Quatre personnes, dont trois mineurs, ont rapidement été placées en garde à vue, dans le cadre d'une enquête ouverte par le parquet de Nanterre pour «violences commises en réunion sur un élu public».

Des actes que le Premier ministre, Gabriel Attal, a jugés «absolument inqualifiables». «On peut s'opposer démocratiquement, mais on ne peut pas s'agresser verbalement ou physiquement, comme malheureusement ça a été le cas pendant cette campagne», a-t-il réagi jeudi.

Le matin même, c'est le prédécesseur de Mme Thevenot au porte-parolat, Olivier Véran, qui a dénoncé «l'agression lâche» d'un de ses militants en Isère, dans les Alpes.

Ce militant de 77 ans a, lui aussi, été pris à partie «alors qu'il collait (des) affiches» qu'un autre homme, «soutien de la France insoumise» (LFI, faisant partie de la coalition de gauche) lui a «arrachées avant de le frapper au visage», a affirmé l'ex-ministre, déplorant «un contexte totalement inédit de violence dans cette campagne» électorale.
Fureur ambiante

Mise en cause, la gauche n'est cependant pas épargnée. Toujours jeudi matin, un candidat LFI en région parisienne, Sébastien Ramage, a ainsi rapporté l'agression de sa directrice de cabinet «par un sympathisant RN» qui, «après avoir crié “vive Bardella” lui a asséné un coup au visage».


Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, 28 ans, a pris la défense de ses troupes, accusant sur X «l'extrême gauche» de «violenter (ses) élus et (ses) militants».

Affirmant que les agresseurs de la ministre Thevenot sont «des délinquants récidivistes de banlieue», il a estimé que les partisans d'extrême droite ne sont pas «les responsables d'un “climat de haine”».

Un autre candidat de gauche, Maxime Viancin, a dénoncé quant à lui une «attaque homophobe et transphobe» contre trois de ses militants «violemment poussés et frappés», lors d'un porte-à-porte, par «un militant d'extrême droite» qui leur aurait lancé que le RN allait «s'occuper des gauchos, des gouines et des trans».

Extrême droite également accusée par une candidate de gauche à Paris, Danielle Simonnet, où quatre colleurs d'affiches ont été «violemment agressés» mardi soir «avec un pistolet à poivre et des gaz lacrymogènes», puis «frappés et insultés de “salopards d'antisémites”».

Preuve d'après elle que «des groupuscules fascistes se déchaînent partout dans le pays», car ils sont «galvanisés par la possible victoire du RN ce dimanche» au second tour des législatives.

Les candidats du parti d'extrême droite sont cependant parfois rattrapés par la fureur ambiante. Comme Marie Dauchy en Savoie, insultée et bousculée sur un marché, mercredi matin, par un commerçant.

Celui-ci s'est spontanément présenté à la gendarmerie et a été placé en garde à vue «pour menaces de mort réitérées, injures et violences contraventionnelles». S'il a reconnu les injures publiques et «avoir tapé dans les mains de la plaignante pour faire choir ses tracts au sol», il a en revanche contesté les menaces de mort réitérées, selon le parquet de Chambéry.

Par Gabriel BOUROVITCH avec AFP
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