Des pentes de l’Hermon à Naqoura, la «cause sacrée» de la reconstruction

Nawraj met en place une cellule de crise composée d’architectes et d’ingénieurs agronomes, présidée par Jean Chamoun.
En l’absence de toute perspective claire d’une fin prochaine des hostilités au Liban-Sud, l’association Nawraj, présidée par Fouad Abou Nader, a décidé de passer à l’action et de commencer à recenser les pertes et besoins de localités du Liban-Sud soumises à des bombardements israéliens.
Dans une conférence de presse tenue au Centre catholique d’information (CCI), M. Abou Nader a explicité les motifs de cette initiative, tandis que le président de la municipalité de Rmeich, Milad Alam, passait en revue les dégâts dans une première estimation (voir tableau).
«Aucune école ne doit fermer et aucun dispensaire, et aucun emploi ou source de subsistance ne doivent disparaître.» C’est l’objectif déclaré de Nawraj, qui a demandé aux Libanais de faire de la bande s’étendant «des pentes du Mont Hermon à Naqoura», leur «cause sacrée», dans le souci primordial de maintenir les populations du Liban-Sud, en particulier les chrétiens, enracinées sur leurs terres.
«Toutes les institutions libanaises, sociales et ecclésiastiques, doivent être sensibilisées à la souffrance de la population de cette partie du pays et se mobiliser pour assurer efficacement et durablement l’aide et les subventions qui permettront à sa population de tenir bon», a dit M. Abou Nader.
On sait que des dizaines de milliers de Libanais ont choisi de trouver refuge dans l’arrière-pays, et les perspectives de retour rapide caressées au départ se font de plus en plus difficiles à envisager, à mesure que le conflit se prolonge.
Lenteurs de la reconstruction 
Pour Fouad Abou Nader, même si les combats s’arrêtent prochainement, la crise économique et sociale se prolongera bien au-delà, ne serait-ce qu’en raison des délais que prendront la reconstruction et l’amortissement des pertes essuyées dans les domaine agricole et l’élevage (élevages de volailles, de vaches ou d’abeilles, cultures de l’olive, de la vigne et autres arbres fruitiers, des céréales et du tabac).
Nawraj, a précisé son président, a mis en place, avec la participation d’une faculté universitaire de génie, une cellule composée d’architectes et d’ingénieurs agronomes, présidée par Jean Chamoun, pour accompagner cette phase de la crise et fournir à la population du matériel vital de base, comme du diesel, des médicaments et du matériel médical, des denrées alimentaires et de la stérilisation, du lait pour les enfants, etc.

Cette cellule travaillera en coordination avec les ministères concernés, les associations locales et internationales et les ambassades, pour prioriser et distribuer les ressources de manière équitable. Mais en même temps, l’association presse les organismes de secours de l’État d’assumer aussi ses responsabilités dans ce domaine «de façon équitable et sans oublier personne».
Au-delà de ces secours immédiats à court et moyen termes, Nawraj a demandé aux dirigeants «de songer à des solutions durables et de relancer des projets de développement qui ont été suspendus en raison de la guerre».
«Une vie libre et décente»
Au nom des municipalités du Liban-Sud, le président du conseil municipal de Rmeich, Milad Alam, a pris ensuite la parole pour brosser le tableau de «la tragique situation» des localités de la bande frontalière bombardée par Israël. Il s’est exprimé au nom des localités de Rmeich, Aïn Ebel, Debel, Qaouzah, Yaroun, Alma el-Chaab, Bourj al-Moulouk, Deir Mimas, Qlaya, Jdeidet Marjeyoun, Bouwayda, Ebel al-Saqi, Kawkaba et Rachaya al-Foukhar.
«Nous recherchons la paix et une vie libre et décente comme tous les peuples de la terre», a-t-il lancé, avant d’attirer l’attention de ses auditeurs sur «d’énormes destructions structurelles et économiques, qui ont entraîné le déplacement d’un grand nombre d’habitants, le changement de leurs domiciles, la disparition de leurs moyens de subsistance et l’anéantissement des efforts d’une vie». «L’exode auquel certains ont été acculés a épuisé toutes leurs économies», a-t-il poursuivi.
Du reste, a ajouté l’édile, l’impact de la guerre ne se limite pas à la santé physique des Libanais qui en souffrent, mais comprend également des dimensions psychologiques: itinérance et absence d’un logement permanent, perte d’êtres chers, peur continuelle et violences guerrières.
Deux priorités: l’oléiculture et le tabac
M. Alam a appelé l’État à indemniser la population pour les dommages matériels infligés par les bombardements, en particulier dans les trois agglomérations de Alma al-Chaab, Qaouzah et Deir Mimas, sans négliger les fissures apparues dans des dizaines de maisons dans tous les villages. La zone frontalière, a-t-il estimé, doit être déclarée «zone sinistrée», avec attention spéciale du ministère de l’Agriculture aux secteurs de l’oléiculture et du tabac, source de subsistance pour tous les Libanais «des pentes du mont Hermon à Ras Naqoura».
 
Commentaires
  • Aucun commentaire