Le sommet «Choose France» attire 15 milliards d'euros d'investissements
©(Photo Thibault Camus / POOL / AFP)
180 patrons étrangers étaient réunis lors du sommet «Choose France», pour dévoiler des investissements de plus de 15 milliards d’euros, marquant ainsi une dynamique économique en plein essor pour le pays.

Réunis lundi au sommet «Choose France», 180 patrons étrangers profiteront de la vitrine de Versailles pour annoncer, construire ou agrandir des usines, ou d’autres investissements en France pour plus de 15 milliards d’euros, un «record» illustrant la réindustrialisation en cours, selon le gouvernement.

En tête d’affiche, l’annonce par Microsoft de 4 milliards d’euros d’investissements pour un nouveau centre de données dans l’est de la France et l’agrandissement d’autres en région parisienne et près de Marseille, pour répondre à la demande croissante d’intelligence artificielle et de services informatiques en cloud.

C’est «l’investissement le plus important que nous ayons jamais réalisé» en France, a déclaré son président Brad Smith à l’AFP.

À un mois des élections européennes, l’exécutif promeut une France en bonne santé, économique et redevenue attractive pour les multinationales, quand bien même sa plus grande entreprise en chiffre d’affaires, TotalEnergies, envisage de déménager à New York sa cotation boursière principale.

Le gouvernement s’appuie sur le dernier baromètre EY, sacrant la France championne d’Europe de l’attractivité pour la cinquième année consécutive, avec près de 1.200 annonces d’investissements étrangers en 2023.

«C’est à ça que sert la stabilité de notre politique économique», s’est félicité le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, sur France 2.

Autre motif d’espoir pour l’Exécutif, les 0,2% de croissance économique au premier trimestre, mieux que prévu, de quoi offrir au gouvernement un moment d’optimisme après des semaines de débats et critiques autour de l’envolée du déficit public.

Débat sur les emplois

L’Élysée a dévoilé le nombre «record» de 56 projets à l’occasion de «Choose France», pour 15 milliards d’euros et potentiellement 10.000 emplois créés, après les 28 annonces et les 13 milliards de l’édition 2023.

Nombre d’annonces concernent des agrandissements ou modernisations d’usines. L’investissement fait partie de la vie des entreprises: elles investissent chaque année plus de 200 milliards d’euros en France, selon l’Insee, dont 35 venant de multinationales étrangères.

«La plupart des projets annoncés (...) sont des projets qui auraient vu le jour avec ou sans le sommet», tempère Sylvain Bersinger, chef économiste au cabinet Asterès. «Le cœur de l’attractivité française ne réside pas là-dedans», dit-il à l’AFP, citant plutôt le système éducatif, le cadre «juridique, fiscal, l’environnement d’innovation, le marché local».

Outre Microsoft, figurent parmi les projets d’investissements détaillés lundi par l’Élysée:

- une nouvelle usine d’engrais bas carbone dans la Somme vers 2030 (FertigHy, 1,3 milliard d’euros);

- des investissements d’Amazon pour développer ses infrastructures cloud en région parisienne et son infrastructure logistique en Auvergne-Rhône-Alpes (1,2 milliard, 3.000 CDI);


- des lignes de production de frites et pommes de terre de McCain modernisées ou agrandies (350 millions) dans le Pas-de-Calais et dans la Marne, où se rend Emmanuel Macron lundi;

- une usine de raffinage de nickel près de Bordeaux pour 2027 (entreprise suisse KL1, 300 millions);

- une usine de fabrication d’un «avion régional électrique» en Nouvelle Aquitaine (société allemande Ilium, 400 millions, 850 emplois potentiels);

- des investissements supplémentaires dans la pharmacie avec Pfizer (500 millions sur cinq ans), AstraZeneca (388 millions de dollars) et GSK (140 millions d’euros).

Certains investissements sont déjà validés, d’autres ne le seront que dans plusieurs années.

Parmi les patrons attendus lundi: ceux des laboratoires Novartis et AstraZeneca, des fonds souverains saoudien et qatari, ainsi que ceux des banques JPMorgan, Goldman Sachs, Bank of America et Morgan Stanley.

Au cours du discours d’inauguration du nouveau campus de cette dernière banque lundi, le Premier ministre Gabriel Attal a affirmé: «Nous avons réussi à mettre fin à bon nombre des clichés qui persistaient» en France, en référence à la fiscalité, aux normes et au manque de soutien financier aux startups.

Entre la première édition de «Choose France», en 2018, et celle de 2023, plus de 31 milliards d’euros d’investissements pour 122 projets ont été annoncés, selon l’Elysée.

L’impact sur l’emploi de cette moisson d’investissements, au-delà des annonces faites chaque année à Versailles, reste débattu.

Le baromètre EY «nous informe que les projets d’investissements étrangers en France sont associés à 39.773 créations d’emploi» en 2023, constate l’économiste Lucas Chancel dans une tribune dans Le Monde. Soit moins qu’au Royaume-Uni (52.211) ou en Espagne (42.450).

Ces emplois, qui représentent 0,13% de la population active, «aideront les territoires qui en bénéficieront, mais (...) le chiffre demeure bien faible par rapport à l’importance que certains voudraient lui prêter», poursuit le codirecteur du Laboratoire sur les inégalités mondiales à l’École d’économie de Paris.

«Il y a un travail énorme» pour inverser 30 ans de désindustrialisation en France, a admis le ministre de l’Industrie, Roland Lescure, sur franceinfo lundi. «Au rythme d’ouverture d’usines sur lequel on est, d’ici une dizaine d’années, on aura inversé les 15 ans qui viennent de s’écouler.»

Par Yann Schereiber, AFP

 
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