Réunions interchrétiennes à Bkerké: l'initiative aboutira-t-elle?

 
À la réunion de Bkerké prévue jeudi à 16h et à laquelle sont conviées toutes les forces chrétiennes, seul le parti des Marada ne sera pas présent, en principe. Une prise de position que les représentants du bloc, contactés par Ici Beyrouth, ont refusé de justifier, se contentant de la réponse suivante: «Nous n’y participerons pas, tout simplement.»
Il faut dire que le chef du parti, Sleiman Frangié, semble ne pas vouloir froisser celui qui appuie sa candidature à la présidentielle, à savoir le Hezbollah, en participant à des rencontres qui porteront, entre autres, sur la question des armes de la formation pro-iranienne.
C’est dans l’intention de regrouper les dirigeants chrétiens et dans une tentative de parvenir à élaborer une feuille de route politique unifiée, transcendant les clivages sur certaines questions, que le patriarcat maronite a lancé cette initiative.
Aussi, a-t-il proposé aux principaux partis chrétiens, Forces libanaises (FL), Kataëb, Courant patriotique libre (CPL) et Marada, mais aussi au bloc parlementaire du Renouveau de M. Michel Moawad, une première version qui aborde les problématiques suivantes: la présidentielle, la crise économique, la crise des déplacés syriens et, d’une certaine manière, la problématique que pose le Hezbollah, notamment son rôle et ses armes.
Des rencontres se sont déjà tenues autour de ces dossiers, loin des feux de la rampe. Celle de jeudi, la deuxième en une semaine, selon une source proche du parti Kataëb, a pour objectif de «parvenir à un document final englobant les principes généraux d’une politique nationale, qui, une fois prêt, sera diffusé».
Une précision qui reste quand même très vague et qui s’explique par la volonté des participants de ne pas donner d’indications sur les débats en cours.

Interrogé par Ici Beyrouth, le responsable de la communication des FL, Charles Jabbour, a déclaré que les discussions sont «encore dans une phase préliminaire» et qu’il est, «pour le moment impossible, d’en tirer des conclusions». À cela, il ajoute: «Les négociations sont en cours. Chaque parti émet ses observations sur le document initial de Bkerké. Nous verrons par la suite sur quoi déboucheront ces réunions.»
Pour les Forces libanaises, il est essentiel que le document sous étude aborde la question du Hezbollah. «Nous ne pouvons approuver aucune feuille de route qui n’aborde pas clairement et publiquement l’affaire des armes du Hezbollah et de son rôle au Liban et dans la région. Le pays fait face, certes, à de nombreuses crises, mais nous considérons qu’il existe un problème principal qui est la cause de toutes les autres crises: celui du Hezbollah», insiste M. Jabbour.
Et de poursuivre: «Tant que certains partis chrétiens refuseront de reconnaître ce problème et de considérer que la solution réside dans le fait que cette formation remette ses armes, l’initiative du patriarche ne mènera à aucun résultat.»
Une allusion à peine voilée aux Marada et, surtout, au CPL, qui en dépit de la détérioration de ses rapports avec le Hezb évite de l’épingler sur la question de ses armes illégales.
De leur côté, les Kataëb estiment que «le document initial de Bkerké reflète les principes du parti, ainsi que ceux des forces souverainistes du pays». À la question de savoir si le dossier du Hezbollah a été concrètement abordé, la réponse a été «oui». «C’est une question de priorités. Pour le CPL, ce qui prime c’est le partenariat national et l’équilibre des forces entre les différentes communautés libanaises. Pour nous, Kataëb, l’essentiel est de trouver une solution aux armes du Hezbollah», selon une source du parti.
Les réunions aboutiront-elles?
Pour les Kataëb, «personne n’a le droit de faire échec au projet de Bkerké, bien qu’il ne soit pas du ressort du patriarcat d’imposer l’exécution d’aucune feuille de route et que ce soit à l’opinion publique et à toutes les forces politiques, toutes confessions confondues, d’y adhérer».
Or, rappelons-le, une telle initiative, lancée un an plus tôt, soit en 2023, était tombée à l’eau, parce qu’une partie des leaders chrétiens refusait que Bkerké soit rendu responsable du blocage de la présidentielle, à cause de l’absence d’accord entre les parties prenantes et parce qu’il ne fallait pas qu’une échéance nationale devienne une échéance chrétienne.
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