Trois questions à Maroun Hitti sur le «Heharim» israélien

Un nouveau contingent israélien s’apprête à se déployer, dans les semaines à venir, dans les secteurs du mont Hermon et du mont Dov, une zone frontalière montagneuse aux conditions de terrain très particulières. La «Heharim», ou «Brigade des montagnes», opèrera sous la division 210 «Bashan», une division territoriale du commandement nord de l'armée israélienne, responsable du front avec la Syrie. Que signifie, sur le plan stratégique, cette démarche militaire? Le général à la retraite Maroun Hitti répond aux questions d’Ici Beyrouth.
En quoi consiste la Brigade des montagnes?
Les Israéliens s’apprêtent à déployer une brigade de combat de montagnes, qui va être déployée du côté des fermes de Chebaa et de Kfarchouba, jusqu’au mont Hermon. Nous ignorons pour le moment si ce contingent va être créé ou s’il existe déjà de manière dispersée. En d’autres termes, il peut être question de bataillons et de régiments déjà formés pour les combats de montagne et qui seraient unifiés sous un seul commandement, en raison de leurs capacités et de leur force d’action. Ces bataillons seraient capables d’optimiser leur rendement en termes stratégiques. Cette réorganisation interne permet donc un meilleur déploiement des forces militaires dans un terrain montagneux aux conditions climatiques et de terrain particulières.
Les Israéliens ont affirmé que la création de cette nouvelle section militaire fait suite «à une récente évaluation de la situation sur le front nord, dans le cadre d’un ajustement de la réponse opérationnelle à la frontière syro-libanaise». Qu’est-ce que cela signifie?  

L’armée israélienne s’attend à un combat dans la zone qui nécessite un travail coordonné entre les différentes troupes, ainsi qu’une unité de commandement de combat en montagne, qui n’existe actuellement pas en son sein. Cette initiative constituerait une réponse aux développements récents dans la région et aux actions du Hezbollah à Chebaa, à Kfarchouba, au mont Hermon et à Wazzani… L’on ne peut plus parler de combat classique au sens stratégique du terme, mais d’un combat de troupes de montagne, prêtes à opérer sur les deux fronts, syrien et libanais.
Les Israéliens s’apprêteraient-ils donc à une attaque ou à une action de défense?
Il faut dire que la situation est, aujourd’hui, explosive et que 70% des Israéliens sont favorables à une action violente contre le Hezbollah. À mon avis, ils s’apprêteraient à des actions de guerre. Je dis cela en tenant compte d’un des principes de la guerre: celui selon lequel la création d’une unité de commandement correspond à un réel besoin de procéder à des attaques significatives et efficaces.
Si aujourd’hui la communauté internationale se montre réticente quant à un élargissement du conflit déclenché le 7 octobre dernier à Gaza, les États-Unis, eux, ont annoncé qu’ils ne pourront pas «empêcher une guerre dans la région», précisant que «tout dépendait du Liban». Or, d’une part, le Hezbollah et, de manière plus générale, l’Iran, déclarent ne pas vouloir de guerre. D’autre part, l’État hébreu exige, pour la cessation des hostilités, un retrait du parti pro-iranien de la frontière entre le Liban et Israël au-delà du fleuve Litani, ce que le Hezbollah refuse d’exécuter. Dans quel sens évolueront les négociations? Quid de la proposition intermédiaire française transmise à Beyrouth le mois dernier et visant à mettre fin aux opérations militaires et à régler la question de la frontière?
 
Commentaires
  • Aucun commentaire