Saint Charbel, un message de paix et de concorde «pour l’Orient et l’Occident»

L’Église maronite et la basilique Saint-Pierre de Rome ont célébré vendredi un événement très spécial: l’installation d’une mosaïque représentant saint Charbel au voisinage immédiat de la tombe de saint Paul VI, le pape qui a présidé la messe de canonisation de l’ermite d’Annaya, le 9 octobre 1977.
À l’époque, on devrait s’en souvenir, le Liban sortait de la «guerre des deux ans». La canonisation de saint Charbel constitua pour le Liban un moment particulièrement émouvant, comme une «pause-foi», comme l’appela à l’époque une grande journaliste. La guerre reprit sous d’autres formes et conduisit le Liban au fond de l’abîme.
Dans l’homélie prononcée lors de la messe de béatification le 3 décembre 1965, le pape Paul VI remercia les Libanais de «l’accueil chaleureux que le Liban tout entier, sans distinction de race ni de religion», lui réserva lors de son escale à Beyrouth, sur le chemin de Bombay. Aux représentants du Liban présents à la cérémonie, il déclara: «Le rassemblement de tant de fils et de filles du noble Liban – carrefour privilégié et lieu de rencontre traditionnel entre l’Afrique, l’Asie et l’Europe –, auprès de la tombe glorieuse de Pierre, souligne l’importance de l’acte accompli aujourd’hui par l’Église.»
À la messe de canonisation, Paul VI affirma encore: «L’Église entière, de l’Orient à l’Occident, est invitée aujourd’hui à une grande joie. Notre cœur se tourne vers le Ciel, où nous savons désormais avec certitude que saint Charbel Makhlouf est associé au bonheur incommensurable des saints, dans la lumière du Christ, louant et intercédant pour nous. Nos regards se tournent aussi là où il a vécu, vers le cher pays du Liban (...). La tourmente des récents événements a creusé des rides profondes sur son visage et jeté une ombre sérieuse sur les chemins de la paix. Mais vous savez notre sympathie et notre affection constantes: avec vous, nous gardons la ferme espérance d’une coopération renouvelée, entre tous les fils du Liban.»


Signe de ralliement
Aujourd’hui encore, saint Charbel, qui prolonge la mission fondatrice de saint Maron, est pour les Libanais un signe de ralliement, un appel à l’unité, une prière incessante pour qu’ils bâtissent ensemble le Liban. C’est là l’essence du précieux «modèle de pluralisme» qu’ils sont appelés à offrir à l’Orient comme à l’Occident, selon le pape Jean-Paul II.
Pour le père Louis Matar, économe du couvent de Annaya et greffier de ses miracles, «l’intercession du grand ermite ne connaît ni limites géographiques ni frontières religieuses». «Tous ceux qui l’invoquent en recueillent les fruits de sainteté, soit sous la forme d’une guérison, soit sous la forme d’une consolation dans la souffrance», assure-t-il. De fait, pour se rendre à Annaya, nul besoin d’un certificat de baptême.
«Le Seigneur ne lui refuse rien, ose ajouter le père Matar, parce que saint Charbel ne lui a rien refusé, car rien n’est impossible à Dieu.»
À l’occasion de l’accrochage d’une mosaïque représentant saint Charbel dans la crypte du Vatican, les «rides profondes» creusées par la guerre sur le visage du Liban n’ont toujours pas disparu, bien au contraire. Elles semblent s’être creusées avec la célébration du premier centenaire du Grand Liban.
Il faut donc prier pour que l’intercession puissante de saint Charbel et la profusion à peine croyable de consolations et de guérisons qu’il continue d’accorder, souvent dans l’intimité la plus totale, aident les Libanais et tous les peuples du Moyen-Orient à se réveiller au Dieu de la paix. «Que de leurs épées, ils forgent des socs, et de leurs lances, des faucilles», selon les paroles du prophète Isaïe, et que «jamais plus nation ne lève l’épée contre une autre nation».
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