L’impact «dévastateur» des multiples crises sur les enfants au Liban
Les crises persistantes et cumulées au Liban ont un impact «dévastateur» sur tous les aspects de la vie des enfants, notamment au niveau de l’éducation, alors que la crise économique et financière qui sévit depuis quatre ans ne semble pas sur le point de s’atténuer. C’est ce qui ressort d’un nouveau rapport, rendu public mercredi par le bureau de l’Unicef sur la situation des enfants au Liban.

D’après ce document, dans 26% des ménages ayant fait l’objet du questionnaire effectué en novembre dernier, au moins un enfant ne va pas à l’école, contre 18% en avril 2023. La situation est plus grave parmi les réfugiés syriens, 52% des familles ayant signalé qu’au moins un des enfants est privé de scolarité.

Les confrontations entre le Hezbollah et Israël, qui se poursuivent depuis le 8 octobre au Liban-Sud – le parti pro-iranien ayant ouvert ce front en soutien au Hamas dans sa guerre contre l’État hébreu à Gaza –, aggravent encore plus la situation, puisque des dizaines d’établissements scolaires ont dû fermer leurs portes. Quelque 6.000 élèves ont été affectés par cette situation.

D’après le rapport, au 7 décembre, près de 60.000 personnes ont fui les affrontements à la frontière et 37% d’entre eux sont des enfants.

«Dans les zones de conflit, la fréquentation des écoles qui restent ouvertes est minime et des milliers d’enfants déplacés restent sans éducation», lit-on dans le rapport intitulé «Les conséquences inexorables de la crise au Liban sur les enfants pris dans une spirale descendante».

Fardeau émotionnel


Sur le plan économique, les ménages n’arrivent pas à joindre les deux bouts et nombre d’entre eux poussent leurs enfants mineurs à travailler pour les aider dans les dépenses. C’est le cas de 16% des familles libanaises contre 11% en avril dernier, selon le rapport. Ce chiffre est nettement supérieur parmi les ménages syriens. Le tiers des familles interrogées disent avoir envoyé un ou plusieurs de leurs enfants travailler.

Par ailleurs, 84% des ménages interrogés affirment s’endetter ou acheter à crédit les produits de première nécessité. Plus encore, 81% des ménages ont réduit les dépenses relatives aux soins de santé, contre 75% en avril.

Sur le plan émotionnel, 38% des ménages confient que leurs enfants sont anxieux et 24% d’entre eux rapportent qu’ils se sentent déprimés. Ces chiffres sont plus élevés au Liban-Sud où 46% des ménages signalent que leurs enfants sont anxieux et 29% qu’ils se sentent déprimés. Parmi les Palestiniens, 50% des enfants sont anxieux et 30% déprimés, d’après le rapport.

Toujours selon le document, 34% des enfants estiment que leur vie sera plus dramatique dans un an, contre 27% en avril.

Commentant le rapport, le représentant de l’Unicef au Liban, Edouard Beigbeder, note que l’effondrement économique «est en train de saper l’enfance de centaines de milliers d’enfants, à travers de multiples crises dont ils ne sont pas responsables».

Face à cette situation, l’Unicef a appelé les autorités libanaises à «prendre des mesures fermes pour soutenir, protéger et fournir les services essentiels à tous les enfants».
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