La guerre intensive à Gaza reprendra-t-elle de plus belle?

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a promis d’éliminer le Hamas et de reprendre définitivement le contrôle sécuritaire à Gaza. Cela laisse planer l’incertitude quant au sort de l’enclave palestinienne, une fois que le cessez-le-feu humanitaire de quatre jours, prolongé de deux jours supplémentaires, expirera le 29 novembre.
Selon l’analyste en sécurité et défense au Moyen-Orient, Riad Kahwaji, Israël est sur le point de reprendre ses bombardements massifs de l’enclave pour atteindre les objectifs fixés. Bien que Washington, allié indéfectible et partisan de Tel-Aviv, ait exhorté Netanyahou à minimiser les pertes civiles, les «dommages collatéraux» semblent inévitables, déclare M. Kahwaji à Ici Beyrouth.
«Israël est plus préoccupé par la réduction du nombre de victimes parmi ses propres troupes qu’au rang des Palestiniens», dit-il. «Éliminer les commandants du Hamas et faire taire les sources de missiles tirés sur Israël font partie de ses objectifs.»
«Bien qu’Israël tolère que les Palestiniens conservent leurs armes légères, comme les Kalachnikovs ou les grenades B7, il n’acceptera pas que les Palestiniens maintiennent la capacité de construire des missiles et de les lancer profondément à l’intérieur d’Israël. Il veut tout bonnement éliminer cette capacité.»
Pour atteindre leurs objectifs, les Israéliens disposent de deux options: l’envoi de l’infanterie appuyée par des blindés et l’engagement dans des combats de rue, risquant ainsi de subir des pertes importantes et un revirement de l’opinion publique contre le gouvernement, ou la reprise de bombardements massifs de l’enclave.
«Je pense qu’Israël cherchera à achever l’invasion du nord de Gaza, perçu comme le centre du commandement principal du Hamas et de la production locale de missiles dans des tunnels souterrains», affirme M. Kahwaji. «L’opération s’étendra également pour localiser les plates-formes de lancement des missiles qui continuent à être tirés depuis le sud et le centre de Gaza et les détruire.»
Commentant les appels américains à éviter les pertes civiles, le fondateur et directeur de l’Institut d’analyse militaire du Proche-Orient et du Golfe soutient: «Tout expert des questions militaires vous confirmera que cela va être très difficile à réaliser dans une zone densément peuplée.»
«Vous avez plus de deux millions de personnes qui y vivent et si vous lancez une roquette, il y aura des dommages collatéraux, alors que dire du lancement d’un missile? Éviter les dommages collatéraux est pratiquement impossible sans s’assurer que tous les civils aient quitté la zone. C’est pourquoi Israël essaie de vider le nord en offrant un prétendu passage sûr pour que les gens se dirigent vers le sud.»
Interrogé sur les armes causant peu de dommages collatéraux, M. Kahwaji explique que les bombes de petit calibre de 100 à 200 livres sont conçues pour frapper des cibles spécifiques, comme des appartements ou des voitures, sans causer des dommages conséquents autour d’eux.

«Les Israéliens disposent de telles armes et ils peuvent les utiliser s’ils veulent effectuer des assassinats ciblés. Mais s’ils visent à occuper le territoire et à dégager les infrastructures militaires, une reprise des bombardements massifs par voie aérienne, terrestre et maritime pourrait être nécessaire.»
«À l’heure actuelle, Israël continue de bénéficier du soutien américain pour atteindre ses objectifs définis. Washington autorise la reprise de l’opération tout en exhortant à minimiser les dommages collatéraux. Israël assure qu’il fera preuve de précaution, mais cela ne garantit pas que les pertes civiles seront évitées car lorsqu’on largue des bombes de 2.000 livres détruisant des immeubles entiers, on touche forcément de nombreux civils.»
Commentant une possible reprise des hostilités à la frontière sud du Liban entre le Hezbollah et Israël, M. Kahwaji met en lumière le respect largement observé des prétendues «règles d’engagement».
«Bien que les Israéliens ripostent parfois en profondeur dans le territoire libanais, les confrontations restent généralement dans des limites acceptables, souvent circonscrites à cinq kilomètres de part et d’autre de la frontière.»
«Il est évident qu’Israël évite de causer des dommages graves dans les villages et les villes. Le choix de ne pas cibler ces zones de manière sévère montre que les deux parties cherchent à maintenir une marge acceptable et à éviter le glissement vers une confrontation totale.»
Selon des rapports, les habitants du sud du Liban exhortent le Hezbollah à ne pas reprendre les échanges de tirs transfrontaliers, qui ont déjà causé la perte d’au moins 80 membres du groupe soutenu par l’Iran, ainsi que de nombreux civils.
Les questions sur la pertinence d’ouvrir le front sud du Liban sont soulevées.
En somme, M. Kahwaji interroge légitimement:
«Dans quelle mesure le front sud a-t-il réellement aidé Gaza?» se demande-t-il, tout en soulignant que l’ouverture du front n’a pas empêché Israël de bombarder l’enclave, démontrant ainsi sa capacité à gérer les deux fronts simultanément.
M. Kahwaji conclut en prévoyant une reprise des opérations militaires à Gaza après la fin de la visite du secrétaire d’État américain Antony Blinken en Israël et en Cisjordanie dans les prochains jours.
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