La réforme Netanyahu adoptée, au grand dam de la démocratie
©Netanyahu et, à sa gauche, Itamar ben Gvir, principaux architectes de la nouvelle loi faite sur mesure pour le gouvernement des "ultras". (AFP)
Faisant fi des appels de la rue, le Parlement israélien, dominé par les partis "ultra" au pouvoir, a adopté lundi la réforme controversée du système judiciaire qui limite le pouvoir de la Cour suprême au profit de celui du gouvernement. L'opposition, qui dénonce cette mesure démocraticide, a promis une énième mobilisation de la rue dans les jours à venir. 

Le Parlement israélien a adopté dans la nuit de lundi à mardi en première lecture une mesure clé de la réforme judiciaire controversée voulue par le gouvernement, après une pause dans la législation sous la pression d'un des plus importants mouvements de contestation de l'histoire de l'Etat hébreu.

Des manifestants avaient comparé Netanyahu et ses ministres à Poutine, Viktor Orban ou Trump, alors qu’une photo du fondateur du sionisme, Theodor Herzl, est frappée du sigle des SS.

L'opposition a promis une journée de mobilisation nationale mardi contre le projet de loi, qui sera soumis à une deuxième et à une troisième lecture.

Annoncée peu après l'investiture du gouvernement de droite formé par M. Netanyahu en début d'année, la réforme judiciaire, vise notamment à diminuer les prérogatives de la Cour suprême, que l'exécutif juge politisée. Ses détracteurs estiment que la réforme risque d'ouvrir la voie à une dérive illibérale ou autoritaire.

Selon la coalition du Premier ministre Benjamin Netanyahu, rassemblant des partis de droite, d'extrême-droite et religieux, il s'agit d'assurer un meilleur équilibre des pouvoirs. Ses détracteurs, eux, y voient une menace pour la démocratie israélienne et ses garde-fous institutionnels.

Le texte a été adopté en première lecture par 64 voix pour, correspondant aux députés de la coalition gouvernementale, lors d'une séance agitée. Les 56 députés de l'opposition ont tous voté contre.

Pendant les débats, des appariteurs ont dû sortir de force en les traînant par terre des manifestants qui s'étaient introduits dans le bâtiment de la Knesset et avaient réussi à s'approcher de la salle des débats, alors que plusieurs autres centaines d'opposants à la réforme manifestaient à l'extérieur du bâtiment.


Même les alliés proches d'Israël fustigent le gouvernement "le plus à droite" de l'histoire de l'Etat hébreu, avec la présence de faucons comme le ministre des Finances Bezalel Smotrich, grand amateur des sorties racistes envers les Arabes.

Selon un sondage publié dimanche par la chaîne publique Kan 11, 31% des Israéliens sont en faveur de l'adoption de cette mesure contre 43% qui s'y opposent

D'autres mesures de cette réforme sont dans le collimateur de l'opposition, comme celle dite "dérogatoire", qui vise à permettre au Parlement d'annuler à la majorité simple une décision de la Cour suprême.

Elle a été "abandonnée", a assuré fin juin M. Netanyahu, dont le gouvernement a été formé fin décembre avec le soutien de partis d'extrême droite et de formations ultra-orthodoxes juives.

Une autre disposition hautement contestée de la réforme modifie le processus de nomination des juges a par contre déjà été adoptée par les députés en première lecture.

Ce projet de réforme suscite également des critiques à l'étranger.

Le président américain Joe Biden avait notamment appelé fin mars le Premier ministre israélien à trouver un compromis.

Georges Haddad, avec AFP
Ici Beyrouth
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