Du Louvre jusqu’en montagne, l’été se fait cinéma
©Photo: Bertrand Guay/AFP


Avec une ferveur qui ne faiblit pas, le cinéma en plein air déploie ses écrans à ciel ouvert aux quatre coins de la planète. Le septième art défie les étoiles dans les somptueux écrins de la cour du Louvre à Paris ou au sommet d’une falaise norvégienne à couper le souffle. Les pépites cinématographiques n’ont jamais autant rayonné sous le clair de lune.

«La planète entière raffole des cinémas à ciel ouvert!», s’exclame Christian Kremer, l’ambitieux entrepreneur allemand à la tête d’AirScreen. Installée à Münster, sa dynamique entreprise est un acteur majeur dans la fourniture d’écrans gonflables, éléments indispensables de ces projections nocturnes à l’échelle mondiale. Avec un ton triomphant, il confie écouler «quelques centaines» de ces écrans chaque année, livrés à plus de 130 pays.
Parmi les fervents adeptes de cette nouvelle tendance, les villes en quête d’animation estivale, mais aussi un nombre grandissant d’hôtels de luxe et d’îles privées, des paradisiaques Seychelles à la Polynésie française enchanteresse. Chaque pays apporte sa petite note personnelle à l’expérience: «Au Royaume-Uni, les billets se marient souvent à un délicieux panier pique-nique. C’est une sortie chic, au coût certes un peu élevé», détaille Christian Kremer, tandis que certains pays choisissent de faire redécouvrir des classiques en plein air, confortablement installé sur un tapis de pelouse.
La capitale française, Paris, a déployé un écran monumental au cœur de la Cour carrée du Louvre, à l’occasion du festival «Cinema Paradiso » coorganisé par les cinémas MK2 et le plus grand musée du monde. L’affluence y est phénoménale: chaque soir, 2.500 privilégiés sont sélectionnés parmi les 100.000 requêtes que les organisateurs reçoivent.
«Dans un monde de plus en plus immergé dans le digital, le cinéma en plein air est une tendance forte, le reflet du désir des individus de fusionner leurs expériences», analyse Elisha Karmitz, l’un des dirigeants de MK2. Armés d’un projecteur et d’un écran, ils recréent une atmosphère de village en plein cœur de décors exceptionnels.
Photo: Bertrand Guay/AFP

La ville de Bologne, dans le nord de l’Italie, accueille chaque année le festival Il Cinema Ritrovato sur la splendide Piazza Maggiore où les classiques restaurés, tels que Thelma et Louise, électrisent la foule. A Berlin, les cinémas en plein air s’invitent désormais sur les toits-terrasses. C’est une tradition à Athènes et un phénomène bien enraciné à New York où une projection de deux épisodes de la série Good Omens est prévue dans le majestueux cimetière de Green-Wood à Brooklyn.
En Seine-Saint-Denis, dans les cités et les parcs, le cinéma en plein air attire des familles qui ne franchissent habituellement pas le seuil d’une salle de cinéma. Selon Fabrice Chambon, directeur de la Culture d’Est Ensemble, «il participe à une forme de cohésion sociale (ce qui est) la meilleure réponse que l’on puisse apporter» aux problématiques des quartiers populaires.
Quant à sa mise en place, elle est d’une simplicité étonnante: un écran peut rassembler 500 cinéphiles et être monté par deux personnes. Les plus imposants peuvent atteindre la hauteur vertigineuse d’un immeuble de sept étages.
L’innovation est de mise avec AirScreen: ses écrans ont servi à des familles saoudiennes fortunées pour projeter des films dans le désert, d’autres ont été déployés au Kenya pour sensibiliser les populations reculées aux éléphants.
Récemment, un écran a été installé en Norvège, sur une falaise vertigineuse de 1.200 mètres, pour projeter le nouveau Mission Impossible sur les lieux mêmes où Tom Cruise a accompli sa cascade la plus audacieuse.
En France, une autorisation du Centre national du cinéma (CNC) est nécessaire pour organiser une séance en plein air: 4.344 ont été accordées l’année dernière, dont 90 % étaient gratuites.
Alors que le monde des salles obscures s’inquiète pour son avenir, celui des séances en plein air semble prometteur: les constructeurs travaillent déjà sur des dispositifs autonomes en énergie, rechargeables à l’énergie solaire durant la journée, ou sur des écrans LED, suffisamment lumineux pour ne plus devoir attendre la tombée de la nuit pour lancer le film.
Avec AFP
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