©Séance législative de nécessité du 19 juin 2023
Entre la séance parlementaire électorale du 14 juin et la séance législative, du 19 s’étend l’immensité insondable du non-civisme des hommes politiques uniquement préoccupés par le poids de leur pouvoir sur un territoire de l’espace public morcelé, au détriment de la recherche du bien commun. Légiférer par nécessité, crée un opportunisme malsain favorisant toutes les manœuvres politiciennes.
Certains ont cru, en ce 14 juin 2023 que l’union sacrée avait été scellée parmi les parlementaires opposés au tandem hégémonique Amal-Hezbollah. On a vu des frères ennemis voter pour le candidat non désigné par le Hezbollah. On a pensé que les querelles entre forces chrétiennes avaient été résolues.
Pour brouiller les pistes, on se dépense en spéculations sur l’état de la communauté sunnite déclarée faible et désorientée par absence de leadership. C’est oublier que les sunnites n’ont pas un sens très fort d’appartenance communautaire, au sens confessionnel du terme. Ils font plutôt preuve d’un sens de l’Etat, qu’ils expriment par des choix politiques divers. Ils demeurent marqués par la condition prérequise de l'état pour le bien-être de la communauté. Au sein d’autres communautés libanaises, l’esprit de corps (assabiya) confessionnel est plus fort. Aujourd’hui, malheureusement, les sunnites sont, eux aussi, tentés par mimétisme, à se percevoir en tant que confession, voire comme minorité en danger. Cela fait hélas partie de la tragédie de décomposition du Liban en ses ultimes composantes.
Les députés de l'opposition déclarent anticonstitutionnelle la séance législative parlementaire du 19 juin 2023
Pour comprendre le paradoxe de l’unité politique introuvable, il vaut mieux regarder du côté des forces chrétiennes rivales. Le camp des Forces Libanaises et de leurs alliés de tout bord, avaient émis le 14 juin dernier, un vote stratégique anti-Hezbollah, en faveur de Jihad Azour. Ils ont ainsi exprimé leur refus de la mainmise de l’Iran sur le pays. Par contre, le parti chrétien CPL a également voté pour le même Jihad Azour, mais son vote était purement tactique. Il fallait écarter le candidat présidentiel Sleiman Frangié, sans plus.
La séance parlementaire législative du 19 juin, en principe anticonstitutionnelle, est venue confirmer l’option tactique du CPL lors de la séance électorale éhontée du 14, durant laquelle l’option du CPL fut pudiquement surnommée «convergence» ou «croisement». Alors que les FL et alliés protestaient violemment contre l’organisation de la séance législative du 19, le CPL, par contre, y participa sans la moindre objection.
On en conclut que le CPL ne cherche pas à remettre en question l’hégémonie armée du Hezbollah sur le Liban. Ses «convergences» et ses «croisements» portent uniquement sur des intérêts ponctuels de l’exercice du pouvoir et non sur des choix stratégiques.
Ceux qui ont cru pavaner le 14 juin dernier, en se réjouissant de l’union retrouvée au sein du camp chrétien doivent, aujourd’hui, réaliser que de telles retrouvailles exigent une seule et impérative condition : renoncer au serment de vassalité à l’égard du Hezbollah, scellé par le chef du CPL de l’époque, lors du fameux accord de Mar-Mikhaïl en 2006. Le 19 juin 2023, le CPL a donné la preuve de sa loyauté indéfectible à son serment de 2006.
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