Déluge, Covid, étapes rabotées: les fléaux s'abattent sur le Tour d'Italie
©Le leader du classement général Geraint Thomas (Centre) et le peloton sous la pluie battante mardi durant la 10e étape du Giro entre Scandiano et Viareggio mardi. Luca Bettini/AFP
La dolce vita ? Quelle dolce vita ? Le Tour d'Italie multiplie les déconvenues depuis le départ avec des trombes d'eau, un maillot rose à la maison à cause du Covid, des coureurs malades par dizaines et désormais des étapes de montagne menacées par la neige.

Battus par les conditions climatiques, les organisateurs ont annoncé mardi qu'ils rayaient du parcours de vendredi le col du Grand-Saint-Bernard, qui, du haut de ses 2.469 mètres, aurait dû être la "Cima Coppi", le point culminant, de cette 106e édition.

La zone est soumise à un important risque d'avalanche, que le déblaiement des routes n'aurait pas permis d'éliminer. Les coureurs vont donc passer par le tunnel, situé 600 mètres plus bas.

L'épisode constitue un énième rebondissement dans ce Giro à qui rien ne semble épargné.

Et ce n'est peut-être pas fini. Parce qu'il a beaucoup neigé sur les Alpes ces derniers jours, la troisième semaine, très montagneuse, promet d'être acrobatique.

En attendant, il pleut. Et pas qu'un peu.

"Une journée terrible"

Depuis plusieurs jours, les coureurs rentrent trempés et frigorifiés après chaque étape.

"Je ne déteste pas la pluie mais là, ça commence à faire beaucoup. Il pleut tout le temps. Où est le soleil?", demandait mardi le sprinteur allemand Pascal Ackerman.

Quelques minutes plus tard, le peloton s'est élancé sous un déluge d'eau. Et le nouveau leader du classement général, le Britannique Geraint Thomas, regrettait qu'on ne verrait "pas beaucoup" son maillot rose, caché par l'imperméable qu'il allait porter une bonne partie de la journée.

Des discussions ont eu lieu avant le départ pour, au moins, raccourcir l'étape qui, au lendemain de la journée de repos, passait par un col à plus de 1.500 m d'altitude où des pluies diluviennes, des rafales de 80 km/h et une température de 3 degrés attendaient les valeureux. En vain.

Au final, l'étape, remportée par le Danois Magnus Cort à Viareggio, a été dantesque, une vraie odyssée marquée par de nombreuses chutes et des abandons à gogo. Un mécano a même été renversé par Alberto Bettiol alors qu'il tentait de secourir un autre coureur tombé.

"La journée a été terrible, l'une des plus dures que j'ai jamais vécues sur un vélo", a commenté le vainqueur.


De par sa position dans le calendrier, le Giro est régulièrement exposé aux aléas climatiques. Mais cette année, la météo est particulièrement pourrie.

Ces conditions climatiques fragilisent les organismes déjà mis à rude épreuve par l'exigence extrême d'une course de trois semaines.

Dans le peloton, ça tousse beaucoup. Des dizaines de coureurs sont tombés malades, que ce soit Thibaut Pinot ou Alexandr Vlasov, un des outsiders qui a jeté l'éponge mardi. Les abandons se multiplient: 28 coureurs déjà sur 176 au départ.

Et voilà aussi le Covid qui recommence à faire des ravages.

Evenepoel, un manque de respect ?

Neuf coureurs ont déjà quitté la course à la suite d'un test positif. Mardi, l'Italien Domenico Pozzovivo et le Norvégien Sven Erik Bystrom sont venus s'ajouter à une liste qui s'allonge de jour en jour.

Le virus a surtout terrassé la principale tête d'affiche, le Belge Remco Evenepoel, qui a annoncé son abandon dimanche soir alors qu'il venait de remporter le deuxième contre-la-montre et de reprendre le maillot rose.

Un gros coup dur là aussi pour les organisateurs de RCS. Mardi, La Gazetta dello Sport, qui appartient au même groupe, a reproché au Belge un manque de respect pour ne pas avoir prévenu la direction de la course en premier.

Le journal sportif s'étonne également "que la bulle du Covid ne flotte qu'au-dessus de la tête du Giro" et que les autres sports comme le football ou le tennis semblent épargnés, la plupart du temps parce qu'ils n'effectuent tout simplement plus de tests.

Avec l'abandon du protocole sanitaire, rien n'oblige les équipes cyclistes non plus à faire des tests ni même à arrêter leurs coureurs s'ils sont affectés par le virus.

Mais la plupart préfèrent faire jouer le principe de précaution. Quitte à jeter un doute sur la taille du peloton à l'arrivée à Rome le 28 mai.

"Je suis content d'être encore dans la course et en bonne santé. Mais la route est encore longue jusqu'à Rome, je croise les doigts", a commenté l'Australien Kaden Groves.
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