Réintégration sous conditions de la Syrie à la Ligue arabe
Au cours d'une réunion extraordinaire tenue dimanche matin, les ministres arabes des Affaires étrangères ont avalisé une résolution, examinée la veille, portant sur une réintégration "sous conditions" de la Syrie à la Ligue arabe, sur base d'une politique des "petits pas". 

Au terme de plusieurs mois de débats houleux et de tergiversations portant sur une possible réintégration de la Syrie à la Ligue arabe, la décision a été annoncée dimanche matin, 7 mai: réunis en session extraordinaire, les ministres arabes des Affaires étrangères ont avalisé une résolution, examinée la veille, samedi, portant sur un retour de la Syrie à la Ligue arabe, mais sous conditions.

La Ligue, rappelle-t-on, avait exclu depuis plus d'une décennie la Syrie de ses rangs à la suite des multiples massacres perpétrés par le régime de Bachar el Assad contre la population syrienne (dont notamment des attaques à l’arme chimique), dans le sillage de la guerre civile déclenchée en 2011. Cette décision s’inscrivait également dans le cadre du conflit politique apparu entre Damas et plusieurs capitales arabes, dans le prolongement du soulèvement populaire contre le clan Assad.

La résolution avalisée dimanche prévoit une «politique des petits pas» au niveau de la réintégration de la Syrie. Les ministres arabes réclament en effet au régime Assad l’adoption de «mesures concrètes et efficaces» en vue d’une réhabilitation politique totale et intégrale, en ce sens que «chaque pas effectué par la Syrie sera suivi en contrepartie d’un pas effectué par la Ligue arabe». Le communiqué des ministres arabes des A.E. souligne ainsi explicitement que le retour de Damas dans le giron arabe se fait «sous conditions». Concrètement, des «représentants» de la Syrie sont autorisés à participer aux réunions de la Ligue à partir de dimanche, 7 mai.


La décision annoncée dimanche matin intervient après le rétablissement des ponts entre la Syrie et certains pays arabes, notamment l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, dans le sillage du tremblement de terre destructeur qui avait frappé la Syrie en février dernier. Sous le prétexte d’un élan de solidarité à caractère humanitaire, des officiels émiratis avaient alors effectué une visite à Damas, et récemment le chef de la diplomatie saoudienne s’est également rendu dans la capitale syrienne. Le réchauffement des rapports entre Ryad et Damas est intervenu en outre à la suite de la détente intervenue le 10 mars dernier entre l’Iran l’Arabie saoudite, sous l’égide de la Chine.

Cette normalisation avec le régime Assad a été stigmatisée par l’administration américaine. L’une des conditions posées par les détracteurs d’une réhabilitation du pouvoir syrien est que Damas prenne ses distances vis-à-vis de la République islamique en Iran et œuvre à mettre un terme à la présence militaire et milicienne de l’Iran en Syrie, notamment par le biais des milices inféodées aux pasdarans, dont le Hezbollah. La grande question reste de savoir si le régime Assad désire prendre ses distances à l’égard de Téhéran, ou s’il est en mesure de le faire.

Cette realpolitik ne saurait, en tout état de cause, occulter et effacer d’un revers de la main les massacres perpétrés par le régime syrien contre son propre peuple et la politique de tri démographique à laquelle il se livre depuis plusieurs années et qui a poussé des millions de Syriens à trouver refuge dans les pays limitrophes.
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