Perpétuité ou acquittement ? La cour d'assises spéciale rend son verdict vendredi à l'égard de l'unique accusé de l'attentat contre la synagogue de la rue Copernic à Paris. Le Libano-Canadien Hassan Diab, absent, clame son innocence, 43 ans après les faits. 



La cour devra trancher selon son "intime conviction" en faveur de la culpabilité ou de l'innocence de Hassan Diab, le seul mis en cause pour l'attentat à la bombe qui a visé la synagogue de la rue Copernic et fait quatre morts et des dizaines de blessés le 3 octobre 1980.Sans aucune surprise, au terme de trois semaines de débats antagonistes et souvent vifs, le Parquet national antiterroriste (Pnat) a requis jeudi la réclusion criminelle à perpétuité à l'encontre du Libano-Canadien, et la défense son acquittement afin d'"éviter une erreur judiciaire".Le dossier s'appuie essentiellement sur des renseignements, qui ont attribué dès les années 1980 l'attentat - qui n'a pas été revendiqué - au Front populaire de libération de la Palestine-Opérations spéciales (FPLP-OS), un groupe dissident du FPLP.

Après une longue mise en sommeil de l'instruction, de nouveaux renseignements désignaient en 1999 les membres présumés du commando, dont Hassan Diab comme celui qui aurait confectionné la bombe avant de l'abandonner devant la synagogue.


Doutes

Défense et accusation auront surtout bataillé autour d'une autre photographie, celle de piètre qualité du passeport d'Hassan Diab, au coeur de l'accusation.

Ce passeport comportant, à des dates entourant l'attentat, des tampons d'entrée et de sortie d'Espagne, pays d'où serait parti le commando selon les renseignements, avait été saisi en 1981 à Rome sur un membre présumé du FPLP-OS. Son existence n'avait été révélée que dix-huit ans après les faits.

Pour le Parquet national antiterroriste, cet "élément extrêmement incriminant" et les "alibis qui ne tiennent pas", d'Hassan Diab au sujet de son passeport, ont "fini d'emporter la conviction de sa culpabilité".

La défense rétorque qu'"aucun élément matériel, aucune preuve" ne permet "d'affirmer" que l'ancien étudiant de sociologie était en France au moment des faits.

Hassan Diab a toujours assuré qu'il passait alors ses examens à l'université de Beyrouth et ne pouvait avoir utilisé ce passeport, qu'il disait avoir perdu.


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Après avoir auditionné d'anciens camarades de faculté et l'ex-compagne d'Hassan Diab, deux juges d'instruction avaient considéré comme "vraisemblable" sa présence au Liban lors de l'attentat et ordonné un non-lieu en janvier 2018. Remis en liberté, il était reparti au Canada.Cette décision, motivée par des "doutes" sur sa culpabilité et défendue à la barre de la cour d'assises spéciale par ces deux juges d'expérience, avait été infirmée trois ans plus tard par la cour d'appel qui avait ordonné la tenue de ce procès.L'audience aura permis de "libérer la parole" d'une poignée des 320 fidèles présents dans la synagogue quand la bombe a explosé dans la rue, nouvellement constituées parties civiles après quatre décennies d'un "mutisme contraint", avait relevé un avocat de victimes, Me David Père.

Elles "ne sont pas mues par un esprit de vengeance et ne cherchent pas particulièrement un coupable, une tête que l'on voudrait promener au bout d'une pique, (...) elles veulent que justice passe", avait-il assuré.

Si la cour condamnait Hassan Diab, elle décernerait également à son encontre un mandat d'arrêt. L'issue d'une éventuelle nouvelle procédure d'extradition est incertaine, la première, qui avait abouti au bout de six ans, ayant tendu les relations diplomatiques entre la France et le Canada.





 

 

Avec AFP
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