Banques: le dossier n’est pas encore clos
Lundi prochain sera un jour de travail normal pour les banques. L’Association des banques du Liban (ABL) a annoncé vendredi la suspension de la grève pour une période d'une semaine.   

Les banques reprendront lundi leurs activités. L’annonce a été faite par l’Association des banques du Liban (ABL) vendredi à midi, à l’issue d’une réunion au Sérail, présidée par le Premier ministre sortant Nagib Mikati.

C’est donc à la demande du chef du gouvernement sortant, soucieux d'assurer les besoins de la population et l'accès aux services bancaires, que les banques ont cédé. Ainsi, les fonctionnaires et les salariés du secteur privé auront accès à leurs émoluments domiciliés auprès des banques à la fin du mois. À noter que les activités à l’interne des banques ne se sont jamais arrêtées totalement. Les opérations bancaires des entreprises étaient traitées sur rendez-vous pris à l’avance avec le chargé de clientèle de l’établissement de crédit concerné.

Pas de bras de fer

La suspension de la grève ne sera que pour une durée d’une semaine, considérée comme suffisante par l’ABL pour donner suite à ses doléances. L'ABL avait décrété une grève ouverte le 6 février dernier dans l’espoir de voir régler le problème des convocations judiciaires discrétionnaires des banquiers ainsi que les jugements au cas par cas émis par les tribunaux.

Il n’est pas question de bras de fer entre les banques et le corps judiciaire, tel n’est pas du tout le cas, rappelle une source bancaire. Il est question d’un problème systémique et existentiel qui affecte l’ensemble du secteur bancaire et il ne saurait être réglé par pièce. Cette dernière option serait on ne peut plus fatidique autant pour les déposants que pour les banques.      


Jusqu’à nouvel ordre, le problème demeure entier. Et pour cause... À la fin de la semaine prochaine, le conseil d’administration de l’ABL se réunira pour prendre la décision de poursuivre les activités du secteur ou de décréter la grève à nouveau.

Dysfonctionnement  

Une source de l’ABL assure que "les banques ne sont pas au-dessus de la loi, mais elles ont informé les autorités politiques et judiciaires de l’existence d’un dysfonctionnement au niveau de l’appareil judiciaire". Ce dysfonctionnement, dont souffre le secteur bancaire depuis un an, devrait être rectifié par des mesures pratiques qui seront prises par le pouvoir politique et judiciaire. Le mémorandum adressé par le Premier ministre sortant Nagib Mikati au ministre sortant de l’Intérieur afin que soit suspendue l’exécution des instructions de la juge Ghada Aoun est «insuffisant». Sachant que M.Mikati a utilisé toutes les prérogatives que lui accorde la loi pour atténuer les effets du dysfonctionnement du pouvoir judiciaire, ajoute la même source.

Par ailleurs, l’ABL a pris contact avec le ministre sortant de la Justice, l’inspection judiciaire et le procureur général près la Cour de cassation afin de corriger le vice de fonctionnement du corps judiciaire.

La hausse du dollar

Cela dit, la fluctuation du taux de change du dollar face à la livre sur le marché parallèle n’a aucun lien avec la grève des banques. Outre le facteur de la demande constante et forte du billet vert par les importateurs, l’émission de livres par la Banque du Liban pour la couverture des salaires des fonctionnaires du secteur public pèse de tout son poids sur la hausse continue de la valeur du dollar. Si la masse monétaire en livres n’est pas résorbée par l’État, la dépréciation de la valeur de la monnaie nationale persistera. Cette résorption n’est envisageable que par l’acquittement par les contribuables de leurs impôts et taxes. Question de renflouer les caisses du Trésor afin que la machine de l’État se remette à marcher normalement.
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