« Mingle » à la Galerie Chaos, un vertige coloré
«Mingle», le titre de l’exposition est lancé: méli-mélo d’artistes, mosaïque de talents divers composée de peintres, de sculpteurs et de céramistes dont les œuvres sont exposées pour notre bonheur à la galerie Chaos du 10 février au 10 mars.



«Mingle» se présente ainsi comme un mélange de styles, de techniques et de couleurs ayant pour dénominateur commun une créativité sans bornes et la passion pour l’art. À l’entrée de la galerie, disposés sur des étagères en verre, sculptures et vases en céramique happent le regard.

Les œuvres en bronze de Sabine Karam, aux formes dynamiques et stylisées, charment par leur grâce et leur poésie. En effet, l’artiste aux doigts de fée anime l’argile, lui insuffle vie et mouvement et donne des ailes à la matière. Ses oiseaux aux lignes pures et aériennes semblent prêts à prendre leur envol. Ils nous emportent dans leur élan, dans une sorte d’apesanteur. Symboles d’élévation, de rêve et de légèreté, ces créatures ailées rappellent l’étrange dualité de l’être, ce fragile équilibre entre dimension charnelle et spirituelle.

Une autre œuvre de l’artiste, disposée sur un socle, intrigue, fascine et suscite le questionnement: silhouette mystérieuse et féminine, drapée d’une lourde cape et vide de l’intérieur, évoquant la matrice chaude et accueillante prête à contenir le monde, à l’envelopper d’un amour maternel, inconditionnel et protecteur.



D’autres sculptures attirent aussi l’attention, celles de Jaqueline Ohanian.
Curieux assemblages de petites têtes en argile portées sur un piquet, à l’expression grimaçante et torturée, revendiquant chacune une individualité propre, symbole poignant de l’humanité sacrifiée sur l’autel de l’indifférenciation.

Au cri de l’individu noyé dans la foule aveugle et anonyme, fait écho la toile du peintre Jad El Khoury. Sur fond bleu nuit, de drôles de créatures aux formes indistinctes, atomes ou larves grouillantes, forment une masse enténébrée dans laquelle se perd un petit bonhomme flottant dans le vide, dont les grands yeux ronds interpellent, interrogent et réclament notre attention.

Rappel poignant de la solitude de l'être, plongée dans l’incertitude du néant, noyée dans l’océan de l’indifférence face à l'énigme de l’existence.


Obsession aussi, des yeux, miroir de l’âme, dans les œuvres en noir et blanc de Serge Oryan où les visages surdimensionnés envahissent la toile et suivent le spectateur du regard en quête d’un dialogue véritable.



Stupéfiant aussi, le potentiel créatif d’Anthony Abijaoudé, jeune peintre qui fait éclater de vie sa toile en une multitude de motifs naïfs et colorés, graffitis rappelant le street art ou des dessins d’enfants, peuplant les rêves et les fantasmes de l’artiste.

Zena Yachoui nous entraîne dans un univers marin, vibrant et tonique par ses multiples nuances chromatiques, fond bleu mer où flottent des éléments épars empruntés à la faune et à la flore, mélange de bulles légères, coquillages et fleurs, papillons et étoiles de mer.



Missak Terzian nous dynamise avec ses toiles aux couleurs primaires, vives et crues, et aux formes géométriques minimalistes et abstraites, à la verticalité assumée et imposante qui traverse la toile de part en part.

Tout aussi séduisants, les vases en céramique couronnés de végétaux de Guilène Chalhoub, aux couleurs terre savamment orchestrées suivant la technique japonaise du raku, ainsi que les œuvres colorées de Nina Salem en forme de sanglier et de poisson.

Édifiantes aussi, les céramiques en forme de crânes édentés portant couronne comme pour fustiger le culte de la guerre et son cortège de misère et de destruction. D’œuvre en œuvre, de toile en toile, cette ivresse artistique et festive nous emporte dans son vertige coloré, nous emplissant les yeux et le cœur d’un scintillement d’étoiles, et laisse dans son sillage un parfum d’allégresse.

 
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