En Turquie, des victimes libanaises, mais aussi des rescapés
Un Libanais et son fils, ensevelis sous les décombres dans le sud de la Turquie ravagé par un séisme de magnitude 7,8, ont pu être sauvés mardi. Quatre autres personnes ont péri et une trentaine sont toujours portées disparus près de 48 heures après la violente secousse tellurique qui s’est produite lundi à l’aube.



Mohammad Chamma et son fils, deux Libanais installés en Turquie, ont été extraits vivants des décombres de leur maison à Antioche et transportés à l’hôpital, dans la région, mardi dans l’après-midi. D’autres parmi leurs compatriotes, vivant ou en visite en Turquie, n’ont pas eu cette chance. Au moins quatre d’entre eux sont décédés et trente autres portés disparus dans les régions dévastées par la secousse tellurique qui s’est produite lundi à l’aube, dans le sud du pays et le nord de la Syrie, faisant plus de 6.000 morts et plusieurs milliers de blessés et de disparus. Une vingtaine de Libanais restent bloqués dans ce pays, où les opérations de secours se poursuivent d’arrache-pied.

Les chiffres restent toutefois non officiels. Le ministère libanais des Affaires étrangères n’a déclaré aucun décès, mais reste en contact avec les ambassades du Liban à Ankara et à Damas.

Lundi, le président du conseil municipal de Wadi Khaled, dans le Akkar, avait confirmé la mort de deux Libanais originaires du village et résidents à Gaziantep, Wissam el-Assaad et sa fille Nadwa.

D’après l’ambassade du Liban en Turquie, 18 à 20 Libanais installés à Gaziantep ont survécu au séisme et sont en bonne santé. «La Direction de gestion des catastrophes et des situations d’urgences turque (AFAD) tente de leur assurer les premiers secours et de subvenir à leurs besoins», affirme à Ici Beyrouth un responsable de l’ambassade, précisant que «plus de 30 personnes n’ont pas pu être contactées par leurs proches».

D'après une déclaration de l’ambassade à la chaîne locale al-Jadeed, trois Libanais seraient toujours sous les décombres de leur hôtel à Antioche.

Élias Haddad, originaire de Kfarmatta, dans le caza de Aley, figure au nombre de ces trois personnes. «Élias a pris l’avion dimanche soir, à 18h, confie à Ici Beyrouth, son frère Georges Haddad. Il était en compagnie d’un ami. Ils s’étaient rendus à Antioche pour des vacances. Élias nous a appelés à son arrivée. Après le séisme, nous avons perdu tout contact avec lui. Depuis, nous essayons de contacter toutes les autorités concernées au Liban et en Turquie, mais en vain. Le téléphone sonne dans le vide.»

Réfugiés dans une usine

«Peu de temps après le séisme, nous avons été évacués, dans la nuit, de notre hôtel situé au centre de Gaziantep. Nous avons réussi à trouver refuge dans une usine de tapis», raconte sous couvert d’anonymat un Libanais originaire de Marjeyoun, au Liban-Sud. Il fait partie de ceux qui ont eu la chance de survivre à ce séisme destructeur. Son soulagement transparaît dans sa voix qui trahit aussi une grosse fatigue. Avec son ami, ils étaient arrivés en Turquie depuis quelques jours pour du travail. L’hôtel dans lequel ils logeaient a résisté aux secousses, mais a subi des dégâts et ils ont dû partir. «Le propriétaire de l’usine, qui est un ami, nous aide, poursuit-il. Nous dormons sur des tapis, en attendant d’être évacués. Notre situation est meilleure que beaucoup d’autres.»


Ce couple d’amis a réussi à aider trois autres frères qui logeaient dans le même hôtel et qui avaient plus de difficultés à trouver refuge. «Une fois évacués, nous nous sommes retrouvés dans la rue, sous la neige», raconte l’un des trois frères ayant également requis l’anonymat. S’ils ne veulent pas que leurs noms soient publiés, c’est pour ne pas inquiéter leurs proches, expliquent-ils.

Originaires du Akkar, les trois frères effectuaient aussi un voyage d’affaires à Gaziantep. «Nous ne parlons pas turc et n’avions aucun endroit où aller, ajoute-t-il. Heureusement, les Libanais que nous avions rencontrés à l’hôtel nous ont appelés pour nous proposer de les rejoindre à l’usine.»

Ce groupe de Libanais espère avoir accès «le plus rapidement possible à une voiture pour pouvoir quitter la région». «L’ambassadeur du Liban nous a expliqué qu’il ne pouvait rien pour nous pour l’instant et qu’il fallait attendre que les routes soient de nouveau praticables», expliquent-ils.

Sans nouvelles de plus de trente Libanais

Mardi soir, l’ambassade du Liban en Turquie n’a toujours pas un nombre plus ou moins précis des Libanais victimes du séisme, comme les opérations de secours sont loin d’être terminées. «Officiellement, 14.000 Libanais résident en Turquie, mais le nombre exact de ceux qui se trouvaient dans la zone touchée par le séisme ne peut être défini, car de nombreux Libanais se rendent en Turquie pour des affaires ou du tourisme, selon un responsable de l’ambassade. Dans ce cas, ils n’ont pas besoin de visas d’entrée et nombre d’entre eux ne déclarent pas leur présence à l’ambassade. À ceux-là s’ajoutent les Libanais qui sont entrés illégalement en territoire turc (depuis le début de la crise dans le pays). Mais je peux vous assurer que nous avons déployé tous les moyens dont nous disposons pour venir en aide à nos ressortissants.»

De fait, l’ambassade a annoncé mardi les numéros d’urgence auxquels elle peut être jointe, ainsi que ceux des centres de l’AFAD dans les régions touchées. «Nous gardons également un contact constant avec les ministères turcs des Affaires étrangères et de l’Intérieur, ainsi qu’avec l’AFAD, pour suivre les développements, précise le diplomate. Nous relayons les informations obtenues aux Libanais encore bloqués dans des localités touchées par le séisme.»

Il affirme en outre que l’ambassade aide les Libanais qui ont perdu tout contact avec leurs proches en Turquie. «Quand les proches d’une personne disparue nous contactent, nous prenons toutes les informations nécessaires que nous transmettons à l’AFAD,» explique-t-il.

Plus tôt dans la journée, le ministère avait communiqué deux numéros à contacter en cas d’urgence en Turquie (le 00905059214848 et le 00905386076547), et un autre en Syrie (00963994386172).

 
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