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Un octogénaire a trouvé la mort dans les inondations survenues dimanche qui ont bloqué des heures durant les automobilistes coincés dans leurs véhicules sur le littoral du Metn.

 



Des pluies torrentielles se sont abattues dimanche soir à travers le pays, provoquant des inondations sur les artères principales où de nombreux automobilistes ont été pris au piège, notamment sur le littoral du Metn. Un rendez-vous annuel qui provoque paralysie du trafic routier, dommages matériels importants, ainsi que de véritables drames humains. Lundi matin, le corps d’un octogénaire à mobilité réduite a été retrouvé recouvert de terre. Porté disparu dimanche soir, il était à bord d’une voiture qui a été entraînée par les flots et versé dans un ravin entre Zouk Mikaël et Zouk Mosbeh, dans le Kesrouan.

Malgré les promesses des institutions publiques, les autorités se laissent surprendre chaque année par les pluies diluviennes et se renvoient la balle, dans un jeu grotesque et tragique auquel est habituée la population.

Lors d’une conférence de presse tenue lundi, le ministre des Travaux publics et des Transports, Ali Hamiyé, a ainsi fait assumer aux municipalités la responsabilité des inondations de la veille, les accusant de n’avoir pas effectué les travaux nécessaires et d’être restées «les bras croisés», alors que les ouvriers engagés par le ministère s’affairaient à ramasser les ordures sur l’autoroute dimanche soir. Ces ordures obstruaient les conduits d’évacuation des eaux de pluie. M. Hamiyé a de même accusé l’entreprise Ramco, chargée de la collecte des déchets, d’être restée inactive pendant la tempête, «comme si le problème ne la concernait pas».

L’entreprise n’a pas tardé à répondre. Elle a ainsi affirmé que le «nettoyage des conduits et des égouts ne fait pas partie de sa mission» et que ses équipes «remplissent pleinement leurs fonctions et effectuent même des travaux préventifs en dehors de ceux prévus dans le contrat signé avec l’État libanais». Dans un communiqué, Ramco a rejeté la faute sur les entreprises avec qui le ministère des Travaux publics a conclu des accords. Elle a également pointé du doigt le vol des plaques d’égout. De ce fait, les déchets s’amoncellent dans les canaux et provoquent des obstructions.

Du côté des municipalités, nombre d’entre elles sont montées au créneau, estimant ne pas avoir les moyens financiers de mener à bien leur mission de nettoyage et de maintenance des réseaux d’eau fluviale et d’égouts.

Des infrastructures vétustes

Tous se souviennent des inondations qui avaient ravagé Beyrouth en 2019 et qui avaient été causées par l’obstruction du réseau d’égouts par le propriétaire de l’hôtel Eden Bay, à Ramlet el-Bayda. La mise hors service de la station de traitement des eaux usées à Ouzai, le manque de coordination avec les municipalités de la banlieue sud ainsi que les violents orages qui étaient survenus cette année-là avaient engendré une véritable catastrophe.

«De telles inondations ne devraient pas se reproduire à la même échelle cette année», estime Nadim Farajallah, directeur de recherche à l’Institut Issam Farès de l’Université américaine de Beyrouth. «Depuis, la municipalité de Beyrouth s’efforce de nettoyer les réseaux d’égouts et d’eaux pluviales», explique-t-il, soulignant que de nombreux problèmes ont été résolus.

Cependant, d’autres problèmes persistent, comme le déversement partiel du réseau d’égouts dans le réseau des eaux pluviales, ce qui crée des débordements lorsque les averses sont conséquentes. Cette problématique est, selon la municipalité de Beyrouth, en voie de résolution. Un projet en cours a pour objectif de séparer complètement les deux réseaux.


«Beyrouth est la seule ville qui n’a pas été inondée dimanche soir, car nous avons travaillé dur pour nettoyer le réseau des égouts et des eaux pluviales», confie à Ici Beyrouth le président du conseil municipal de Beyrouth, Jamal Itani. «Nous avons élagué les arbres pour limiter les déchets organiques et nettoyé les canalisations», a-t-il précisé à cet égard.

Il a souligné par ailleurs qu’il avait chargé une entreprise de nettoyer les réseaux d’égouts et de s’assurer de la bonne captation des eaux. Un service qui n’est pas assuré par d’autres municipalités, pour des raisons logistiques et financières, ce qui affecte les infrastructures beyrouthines.

Selon Jamal Itani, nombre de municipalités voisines ne peuvent pas se permettre de faire la maintenance de leurs infrastructures. «Peu importe combien nous nettoyons, il faut améliorer la coordination avec les autres municipalités et le ministère des Travaux publics pour garantir une situation optimale dans la région», explique-t-il, soulignant que le ministère est responsable de la maintenance des autoroutes.

En période de disette financière, personne ne veut endosser le fardeau de la maintenance des réseaux d’eaux. Tandis que les finances des municipalités se sont effondrées, le ministère des Travaux publics a vu ses dépenses fondre de 98% l’an dernier, ce qui le rend incapable de mener à bien l’entretien, même minimal, des infrastructures existantes sur l’ensemble du territoire.

De nombreuses municipalités demandent ainsi à leurs nouveaux habitants de raccorder eux-mêmes leurs bâtiments au réseau d’égout, par manque de moyens. Ces habitants choisissent parfois de se connecter au réseau des eaux de pluie en raison de sa proximité et du coût moindre de l’opération, ce qui aggrave l’encombrement des infrastructures.

La gestion des déchets 

«À chaque pluie, nous assistons aux mêmes scènes, s’insurge un résident du quartier Geitaoui. Les ordures s’amoncellent dans notre rue et bouchent les égouts. Tout est inondé.» Pointant du doigt l’amas de déchet empilé devant son immeuble, à quelques mètres d’une bouche d’égouts, il poursuit: «Nous n’arrivons même plus à rentrer chez nous.»

«Les canalisations continueront à être bouchées, en raison des déchets qui sont jetés dans la rue», met en garde Jamal Itani, qui appelle les résidents de la capitale à ne pas jeter leurs ordures dans la rue. Même son de cloche du côté de l’association YASA pour la sécurité routière, dont le président Ziad Akl estime qu’il faut «retirer les déchets qui ne doivent pas être jetés sur la voie publique».

La gestion des déchets par les entreprises chargées de la collecte des déchets est notamment mise en cause par certains experts. «Certaines de ces entreprises ne font pas bien leur travail et jettent parfois les déchets dans les réseaux d’eaux fluviales», révèle Nadim Farajallah.

Pour couronner le tout, l’activité des chiffonniers, qui fouillent dans les ordures pour collecter des matériaux de valeur, contribue à amplifier la crise. Ces travailleurs informels vident les bennes à ordure sur la route et leur contenu finit souvent par obstruer les bouches d’égouts.

Une véritable cacophonie qui ne fait que révéler l’ampleur de l’incurie de l’État dont les conséquences sont désastreuses pour la population.
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