L’ABL: L'État a dilapidé l'argent des déposants
L’Association des banques du Liban a désigné la crise que traverse le secteur bancaire, comme étant "une crise systémique, selon les normes internationales, causée par des facteurs interdépendants qui se sont accumulés au fil des décennies, jusqu'à ce que l'État soit devenu presque dysfonctionnel».

Dans un communiqué publié mardi, l'Association des banques au Liban (ABL) a estimé qu'il était de son devoir d'être franc avec les déposants et de répondre aux nombreuses questions qu'ils se posent. Entre autres, que sont devenus les dépôts ? Qui en est le responsable ? Les banques étaient-elles en mesure de refuser de composer avec les politiques budgétaire et monétaire ? Pourquoi la liquidité a-t-elle tari ? Quelles sont les actions urgentes ?

La mise au point de l'ABL est intervenue alors que les braquages de banques avaient repris de plus belle dans la journée, dans ce qui a tout l'air d'être une campagne ciblée. L'association a réaffirmé que «le secteur public a gaspillé l'argent du secteur privé". "L'État et ses institutions ont dilapidé l'argent des déposants et le capital des actionnaires des banques. La chose la plus dangereuse que le secteur public ait faite est de rejeter ses problèmes sur le secteur privé et de toucher à ses épargnes. Aujourd'hui, l'État prend ses distances et s'érige en arbitre entre les déposants et les banques. Il ne fait aucun doute qu'unir les efforts pour exiger que le secteur public restitue les dépôts est ce qu'il faut. Pour atteindre cet objectif, l'ABL appelle à une discussion franche entre les déposants et les banques, » souligne le texte.

L’ABL a rappelé que «le gouverneur de la Banque du Liban (BDL) avait déclaré le 21 juin 2022 que l'État a retiré de la Banque centrale, conformément aux lois, 62 milliards et 670 millions de dollars". "Les opinions varient, mais elles s’accordent sur le fait que ces fonds ont été dépensés pour l’octroi de subventions, la stabilisation du taux de change, le versement de taux d'intérêt élevés et le pourvoi aux besoins d'importation de l'État. Ce qui reste à l'heure actuelle se limite à ce qui est annoncé par la BDL en termes de réserve en devises. De plus, les prêts restants sur le marché sont remboursés par les emprunteurs en dollars locaux, ou au moyen des liquidités restantes auprès des banques,», a-t-elle ajouté.

À la question de savoir qui est responsable de la situation actuelle, l’ABL a pointé du doigt l’État "qui a approuvé les budgets et a dépensé et gaspillé les deniers publics avant de se déclarer en cessation de paiement". "Il porte la première et la plus grande part de responsabilité dans le déficit financier et est tenu de le compenser conformément aux dispositions de la loi, en particulier, l'article 113 du Code de la monnaie et du crédit et en exécution de ses obligations contractuelles en matière d'eurobonds", a-t-elle expliqué, en reprochant également à la BDL, d'avoir "défini les politiques monétaires conformément aux politiques des gouvernements successifs". "Quant aux banques, si l'on considère qu'elles sont responsables du dépôt de leur excédent de liquidités auprès de la BDL, elles ont subi et subissent encore des conséquences qui dépassent le cadre de toute responsabilité qu'elles assument dans cette crise systémique prolongée. Les banques libanaises sont prêtes à assumer leurs responsabilités nationales en contribuant à la recherche d’une solution légale et juste qui doit être parrainée par l'État dans les meilleurs délais», selon le texte.


Par ailleurs, l’ABL a répondu par la négative à la question de savoir si elles étaient en mesure de refuser de composer avec les politiques budgétaire et monétaire des autorités compétentes. «Les banques ont considéré dans leurs investissements les circulaires de l'autorité de régulation et de contrôle en respectant les limites fixées pour les positions de change et les positions obligatoires en devises ; les restrictions à leurs placements à l'étranger; les placements ou dépôts des banques que la Banque Centrale a exigé de bloquer auprès d’elle pour effectuer les opérations de compensation au profit des déposants. Ce ne sont pas les banques qui décident.

Quant à l’assèchement des liquidités, l’ABL a relevé que les établissements de crédit n’impriment pas de livres libanaises et doivent se contenter du stock que leur fournit la BDL.

Enfin, l’ABL a répondu par l’affirmative à la question de savoir si les dépôts bancaires sont récupérables. «Les banques ont insisté pour que la loi sur le contrôle des capitaux soit votée dès le premier jour de la crise. Ici, il convient de noter que lorsque la crise a éclaté, la BDL disposait d'une réserve d'environ 33 milliards de dollars, et les prêts en devises étaient proches de 40 milliards de dollars. Quant aux banques libanaises, elles disposaient d'une bonne liquidité. Aujourd'hui, les réserves de la BDL ont diminué à approximativement 10 milliards de dollars, en raison des politiques de soutien aux importations, imposées par les gouvernements successifs, et de soutien à la livre. Si l'État avait pris les mesures nécessaires dès le premier jour, nous n'aurions pas été dans la situation que traverse le pays en ce moment', selon ses explications.

Avec Agences
Commentaires
  • Aucun commentaire