Les sénateurs en quête de réponses sur les failles sécuritaires au Louvre entendent mardi pour la première fois l'ancien président du musée, Jean‑Luc Martinez, qui avait été destinataire d'audits alarmants peu suivis d'effets.
À la tête du Louvre de 2013 à 2021, M. Martinez a été, pour l'heure, globalement épargné par la polémique qui éclabousse sa successeure Laurence des Cars depuis le cambriolage du 19 octobre, qui a mis à nu le sous‑équipement du musée parisien en matière de sécurité.
C'est pourtant pendant sa présidence qu'ont été émises deux alertes sur les risques sécuritaires encourus par le musée le plus visité au monde.
«Les failles étaient connues depuis 2017 et il ne s'est pas passé grand‑chose depuis», a affirmé à l'AFP Laurent Lafon, le président de la commission culture du Sénat qui a pris l'initiative de l'audition de M. Martinez.
En 2017, un audit de l'Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (Inhesj) a jugé que la mise en place d'«une solide politique globale de sûreté» n'était «plus optionnelle mais essentielle».
Cette demande a certes débouché sur l'élaboration d'un schéma directeur de sûreté, mais celui-ci n'a jamais dépassé «le stade des études techniques», selon la Cour des comptes.
Un audit réalisé par le joaillier Van Cleef & Arpels a par ailleurs pointé en 2019 la «vulnérabilité» du balcon emprunté six ans plus tard par les cambrioleurs pour s'introduire dans le musée et dérober huit joyaux de la Couronne, toujours introuvables.
Malgré son ton alarmant, ce document n'a pas été transmis à la nouvelle direction qui a pris les rênes du Louvre fin 2021.
«Il y a manifestement eu un problème de transmission des informations», a estimé M. Lafon, qui auditionnera de nouveau Laurence des Cars mercredi.
Sous son double mandat, Jean‑Luc Martinez, qui n'a pas répondu aux sollicitations de l'AFP, a été notamment accaparé par la création du Louvre Abou Dhabi et, déjà, par les problèmes de surfréquentation du musée.
À son départ, il est devenu ambassadeur pour la coopération internationale dans le domaine du patrimoine. Mais il a été contraint en 2022 de se déporter de ses fonctions liées à la lutte contre le trafic illicite de biens culturels après avoir été mis en examen dans une enquête sur des trafics d'antiquités provenant du Proche et du Moyen‑Orient. Accusations qu'il a, par le passé, contestées «avec la plus grande fermeté».
Le Louvre, fermé lundi en raison d'une grève de ses agents, reste portes closes mardi, son jour habituel de fermeture. Une nouvelle assemblée générale des personnels est prévue mercredi matin.



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