Malgré les appels internationaux à la désescalade, les affrontements se poursuivent mardi à la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge, où sept civils cambodgiens et trois soldats thaïlandais sont morts au total selon de nouveaux bilans.
Les deux pays voisins d'Asie du Sud-Est s'accusent mutuellement d'avoir déclenché la reprise des combats dimanche soir, moins de deux mois après un accord de cessez-le-feu cosigné par le président américain Donald Trump.
Le Cambodge affirmait jusqu'ici ne pas avoir répondu aux attaques de la Thaïlande, qui a notamment mené lundi des frappes aériennes sur les zones frontalières.
Mais l'ancien Premier ministre Hun Sen a fait savoir mardi que l'armée cambodgienne avait engagé une riposte «après avoir fait preuve de patience pendant plus de 24 heures afin de respecter le cessez-le-feu et pour avoir le temps de mettre la population à l'abri».
«Nos forces doivent se battre partout où l'ennemi a attaqué», a écrit sur Facebook l'influent ex-dirigeant, invitant ses troupes à «détruire les forces ennemies».
L'armée thaïlandaise a annoncé mardi la mort de deux nouveaux soldats, dont un dans l'explosion d'une grenade à proximité du temple disputé de Preah Vihear, un site classé à l'Unesco.
Une trentaine de soldats ont été blessés depuis la reprise des hostilités, a-t-elle précisé.
Le ministère cambodgien de la Défense a fait état de son côté de la mort de trois nouveaux civils mardi et d'une vingtaine de blessés depuis dimanche, certains grièvement.
Cela porte à sept, selon Phnom Penh, le nombre total de civils cambodgiens tués, alors que des dizaines de milliers de personnes ont été évacuées des deux côtés de la frontière.
«Tellement peur»
Poan Hay, une Cambodgienne de 55 ans, a quitté sa maison à la hâte avec ses proches, dont trois enfants en bas âge, dès qu'elle a entendu des coups de feu.
«C'est la quatrième fois que je dois fuir», a-t-elle raconté à l'AFP. «Je ne sais pas quand je pourrai rentrer. Je dors très peu depuis cinq mois, j'étais inquiète pour notre sécurité. Des avions thaïlandais ont survolé la frontière hier, j'avais tellement peur».
Dans la province thaïlandaise de Surin, Sutida Pusa, gérante d'une petite épicerie, a hésité avant d'évacuer son village, situé à une vingtaine de kilomètres seulement de la frontière avec le Cambodge.
«Je voulais d'abord constater la situation par moi-même, car les combats ne sont pas aussi bruyants qu'en juillet», a dit à l'AFP cette femme de 30 ans. «On ne fait pas toujours confiance à ce qu'on nous dit».
La reprise des combats inquiète la communauté internationale. Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres et l'Union européenne ont notamment appelé lundi les deux pays à la «désescalade» et à «la plus grande retenue».
S'opposant de longue date sur le tracé de leur frontière, la Thaïlande et le Cambodge s'étaient déjà affrontés pendant cinq jours en juillet, faisant 43 morts et contraignant quelque 300 000 personnes à évacuer.
Les deux voisins ont signé le 26 octobre, sous l'égide de Donald Trump, un accord de cessez-le-feu qui a été suspendu quelques semaines plus tard par la Thaïlande après l'explosion d'une mine terrestre ayant blessé plusieurs de ses soldats.
Les deux parties s'étaient engagées à retirer leurs armes lourdes, à déminer les zones frontalières et à poursuivre le dialogue, mais rien n'a été réglé sur le fond.
Le conflit repose sur un différend ancien concernant le tracé de certaines parties de leur frontière, longue de 800 kilomètres et datant de la colonisation française.
AFP



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